Incroyable.
Le régime algérien, qui, comme chacun sait, ne recule ni devant le ridicule ni
devant le criminel : pour se perpétuer, il perpètre l’innommable et l’inavouable,
a commis un nouveau crime. Nouveau parce que récent mais aussi parce que
novateur. De l’inédit en ce qui le concerne. Avant de lire la nouvelle, nous
croyions que cette méthode criminelle et antihumaine est morte avec la mort d’Hassan II, roi du Maroc, qui
en a usé une fois. Donc, après l’odieux pogrom anti-kabyle de 2001, le viol
collectif de Batna en 2004 (laissant de coté la gestion du terrorisme dont il
continue de générer les conditions de l’existence), le régime algérien pourri,
incroyable mais vrai, a interné un citoyen algérien, Cherif Ouchen, père de
cinq enfants, dans l’hôpital psychiatrique de Blida. Et pour cause ! L’homme
a osé le sacrilège de critiquer, dans une lettre, Abdelaziz Bouteflika ! Chef d'Etat pour le moins illégitime et incompétent...
Contacté
par El Watan, le citoyen et sa famille accuse, en le nommant, le DRS, ce Département
du Renseignement et de la Sécurité, la police politique du régime, dirigé par le général Mohamed Médiène, dit
Tewfik, et qui est mêlé assurément dans toutes les exactions endurées par l’Algérie
et les Algériens depuis 1962.
Voici
l’article d’El Watan d'aujourd'hui :
« Soumis
en octobre 2009 à un traitement dans un hôpital psychiatrique pour avoir diffamé
le président de la République,
le citoyen Cherif Ouchen fait de nouveau l’objet d’un internement, cette fois à
l’hôpital psychiatrique de Blida et pour la même raison. La seule différence
est que cette fois il n’y a pas eu de jugement. Ouchen, 53 ans et père de 5
enfants, a été interpellé chez lui par des gendarmes le 6 novembre 2011. Il a
été transféré à Aïn M’lila, ensuite à Constantine avant d’atterrir à Blida. Sa famille
n’a eu de ses nouvelles qu’au bout de quelques jours. Il ne sait pas pourquoi
il est gardé dans cet établissement, son fils, Massinissa, affirme qu’il ne
souffre d’aucune maladie psychiatrique. «C’est depuis le 9 novembre que je
suis interné en cure libre. On refuse de me libérer prétendant attendre
les ordres du DRS. Je suis interné et torturé moralement pour avoir juste
revendiqué le droit à une vie humaine, mon épouse, mes 5 enfants et moi.
Nous vivons comme des SDF», a-t-il confi é à El Watan par
téléphone. Son fi ls, qui lui a rendu visite voilà quelques jours, s’est heurté
à une fi n de non-recevoir de la part du médecin-chef qui a refusé de le rencontrer
toujours sous prétexte qu’«il lui faut une autorisation de la part du
DRS !».
Il
est fort probable que les deux puissent se tromper sur l’identité de l’autorité
qui se charge de ce cas, mais quoi qu’il en soit, Ouchen est retenu contre son
gré, alors qu’il n’existe aucune raison pour que son internement se prolonge,
affi rme maître Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits
de l’homme (LADH). L’avocat, qui s’est entretenu avec Ouchen, a déclaré à El
Watan qu’il compte engager une procédure pour que ce citoyen retrouve sa
liberté.
Retour
sur la genèse de l’affaire.
Fin
de l’été 2009, Cherif Ouchen, et après avoir épuisé tous les recours, y compris
les tribunaux, a écrit au président de la République lui expliquant qu’il a été privé de
son emploi suite à la dissolution de l’entreprise communale où il était
employé, et qu’il a été exclu du paiement des indemnités de départ. Ses
sollicitations demeureront lettre morte. En désespoir de cause, il adresse une
deuxième lettre où il livre le fond de sa pensée sans prendre de gants avec le
système politique et tous ses symboles. Cela lui coûtera un premier procès,
mais le pouvoir, gêné sans doute par la médiatisation de l’affaire, fini pas
rengainer et limite la sanction à un internement de deux semaines pour
dérèglement psychologique que Cherif récuse. Réduit au chômage, Cherif gagnait
sa vie comme écrivain public dans son village de Aïn Kercha dans la wilaya d’Oum
El Bouaghi. Instruit mais marginal, il fi nit par sombrer dans un profond désespoir.
En novembre 2011, il récidive et adresse un nouveau courrier au président de la République, le SG du
FLN, ceux du RND et de l’ONM, le ministre des Moudjahidine et enfin «aux
traîtres de la nation algérienne». «Cessez de vous comporter en béton»,
«l’heure de la vérité a sonné», écrit-il entre autres, en développant
une critique irrévérencieuse. C’est cette lettre qui est à l’origine de son internement
actuel. La seule forme de violence dont fait preuve Cherif, ce sont ces écrits
provocateurs dont il ne peut être tenu responsable, soutien Me Ghechir. S’agit-il
de la nouvelle méthode du pouvoir pour faire taire les critiques ?
Nouri
Nesrouche »
In El Watan, samedi 18
février 2011
Notant,
pour éclaircir un propos dans l’article qui tente obséquieusement d’innocenter le DRS, que le
journaliste a interviewé le président de la LADH (la Ligue Algérienne des Droits de
l’Homme) et non de la LADDH
(la Ligue
algérienne pour la Défense
des Droits de l’Homme). La distinction est capitale, car la LADH dont la création, soutenue
par le régime, est survenu après celle de la LADDH et pour la discréditer, est quasiment
satellisée par le régime et ne fait que des pseudo-critiques ou des critiques
qui vont dans le sens du poil.
Une prise de position s'impose. Nous dénonçons vigoureusement cet inique internement, et réclamons la libération inconditionnelle de monsieur Cherif Ouchen, et aussi réparation à lui et à sa famille à cause du calvaire qu'ils ont vécu et de la torture morale subie par ce citoyen dont les droits sont manifestement bafoués.
Lyes Akram, 18 février 2011
Lyes Akram, 18 février 2011
c'est bizarre que vous ne soyez pas interné dans un tel pays pour avoir publié une chose qui touche autant au gouvernement! ne trouvez vous pas?
RépondreSupprimerce monsieur n'a fait qu'exprimer franchement ce que beaucoup d'algériens pensent vraiment.
RépondreSupprimerI like reading a post that will make people think.
RépondreSupprimerAlso, thanks for allowing me to comment!
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