samedi 18 février 2012

Urgent : Un citoyen interné pour avoir critiqué Bouteflika


Incroyable. Le régime algérien, qui, comme chacun sait, ne recule ni devant le ridicule ni devant le criminel : pour se perpétuer, il perpètre l’innommable et l’inavouable, a commis un nouveau crime. Nouveau parce que récent mais aussi parce que novateur. De l’inédit en ce qui le concerne. Avant de lire la nouvelle, nous croyions que cette méthode criminelle et antihumaine est morte avec la mort d’Hassan II, roi du Maroc, qui en a usé une fois. Donc, après l’odieux pogrom anti-kabyle de 2001, le viol collectif de Batna en 2004 (laissant de coté la gestion du terrorisme dont il continue de générer les conditions de l’existence), le régime algérien pourri, incroyable mais vrai, a interné un citoyen algérien, Cherif Ouchen, père de cinq enfants, dans l’hôpital psychiatrique de Blida. Et pour cause ! L’homme a osé le sacrilège de critiquer, dans une lettre, Abdelaziz Bouteflika ! Chef d'Etat pour le moins illégitime et incompétent...
Contacté par El Watan, le citoyen et sa famille accuse, en le nommant, le DRS, ce Département du Renseignement et de la Sécurité, la police politique du régime, dirigé par le général Mohamed Médiène, dit Tewfik, et qui est mêlé assurément dans toutes les exactions endurées par l’Algérie et les Algériens depuis 1962.

Voici l’article d’El Watan d'aujourd'hui :
« Soumis en octobre 2009 à un traitement dans un hôpital psychiatrique pour avoir diffamé le président de la République, le citoyen Cherif Ouchen fait de nouveau l’objet d’un internement, cette fois à l’hôpital psychiatrique de Blida et pour la même raison. La seule différence est que cette fois il n’y a pas eu de jugement. Ouchen, 53 ans et père de 5 enfants, a été interpellé chez lui par des gendarmes le 6 novembre 2011. Il a été transféré à Aïn M’lila, ensuite à Constantine avant d’atterrir à Blida. Sa famille n’a eu de ses nouvelles qu’au bout de quelques jours. Il ne sait pas pourquoi il est gardé dans cet établissement, son fils, Massinissa, affirme qu’il ne souffre d’aucune maladie psychiatrique. «C’est depuis le 9 novembre que je suis interné en cure libre. On refuse de me libérer prétendant attendre les ordres du DRS. Je suis interné et torturé moralement pour avoir juste revendiqué le droit à une vie humaine, mon épouse, mes 5 enfants et moi. Nous vivons comme des SDF», a-t-il confi é à El Watan par téléphone. Son fi ls, qui lui a rendu visite voilà quelques jours, s’est heurté à une fi n de non-recevoir de la part du médecin-chef qui a refusé de le rencontrer toujours sous prétexte qu’«il lui faut une autorisation de la part du DRS !».
Il est fort probable que les deux puissent se tromper sur l’identité de l’autorité qui se charge de ce cas, mais quoi qu’il en soit, Ouchen est retenu contre son gré, alors qu’il n’existe aucune raison pour que son internement se prolonge, affi rme maître Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH). L’avocat, qui s’est entretenu avec Ouchen, a déclaré à El Watan qu’il compte engager une procédure pour que ce citoyen retrouve sa liberté.
Retour sur la genèse de l’affaire.
Fin de l’été 2009, Cherif Ouchen, et après avoir épuisé tous les recours, y compris les tribunaux, a écrit au président de la République lui expliquant qu’il a été privé de son emploi suite à la dissolution de l’entreprise communale où il était employé, et qu’il a été exclu du paiement des indemnités de départ. Ses sollicitations demeureront lettre morte. En désespoir de cause, il adresse une deuxième lettre où il livre le fond de sa pensée sans prendre de gants avec le système politique et tous ses symboles. Cela lui coûtera un premier procès, mais le pouvoir, gêné sans doute par la médiatisation de l’affaire, fini pas rengainer et limite la sanction à un internement de deux semaines pour dérèglement psychologique que Cherif récuse. Réduit au chômage, Cherif gagnait sa vie comme écrivain public dans son village de Aïn Kercha dans la wilaya d’Oum El Bouaghi. Instruit mais marginal, il fi nit par sombrer dans un profond désespoir. En novembre 2011, il récidive et adresse un nouveau courrier au président de la République, le SG du FLN, ceux du RND et de l’ONM, le ministre des Moudjahidine et enfin «aux traîtres de la nation algérienne». «Cessez de vous comporter en béton», «l’heure de la vérité a sonné», écrit-il entre autres, en développant une critique irrévérencieuse. C’est cette lettre qui est à l’origine de son internement actuel. La seule forme de violence dont fait preuve Cherif, ce sont ces écrits provocateurs dont il ne peut être tenu responsable, soutien Me Ghechir. S’agit-il de la nouvelle méthode du pouvoir pour faire taire les critiques ? 
Nouri Nesrouche »
In El Watan, samedi 18 février 2011

Notant, pour éclaircir un propos dans l’article qui tente obséquieusement d’innocenter le DRS, que le journaliste a interviewé le président de la LADH (la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme) et non de la LADDH (la Ligue algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme). La distinction est capitale, car la LADH dont la création, soutenue par le régime, est survenu après celle de la LADDH et pour la discréditer, est quasiment satellisée par le régime et ne fait que des pseudo-critiques ou des critiques qui vont dans le sens du poil.
Une prise de position s'impose. Nous dénonçons vigoureusement cet inique internement, et réclamons la libération inconditionnelle de monsieur Cherif Ouchen, et aussi réparation à lui et à sa famille à cause du calvaire qu'ils ont vécu et de la torture morale subie par ce citoyen dont les droits sont manifestement bafoués.

Lyes Akram, 18 février 2011

3 commentaires :

  1. c'est bizarre que vous ne soyez pas interné dans un tel pays pour avoir publié une chose qui touche autant au gouvernement! ne trouvez vous pas?

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  2. ce monsieur n'a fait qu'exprimer franchement ce que beaucoup d'algériens pensent vraiment.

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