Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire algérien La Nation, l'éminent économiste Égyptien Samir
Amin revient sur les révoltes dans le monde arabe, notamment en Tunisie et en Égypte, dont il souligne à la fois
l’importance politique et la portée limitée sur les plans social et économique.
Mis en perspective avec la crise globale du capitalisme, ces bouleversements en
préfigurent d’autres. Il propose une analyse avec la rigueur qui a toujours caractérisé ses écrits. Il revient notamment sur la question de l'immixtion de l'Occident ainsi que d'autres questions comme la compradorisation du Monde arabe, etc. Entretien.
-Quels
enseignements généraux peut-on tirer des révoltes populaires qui secouent les
pays du monde arabe depuis plus d’une année ?
-La
leçon fondamentale et principale et qui est positive, même si les résultats
jusqu’à présent sont très limités et ne méritent pas que l’on parle de
révolution, c’est que les peuples n’ont plus peur. C’est une transformation
qualitative gigantesque. Pendant des décennies, les peuples en question, qu’il
s’agisse des Egyptiens et des Tunisiens – mais on pourrait dire ça de beaucoup
d’autres – ont accepté de vivre sous des régimes policiers, de terreur même, en
pensant qu’il était totalement impossible de faire quoi que ce soit.
Maintenant, ils se révoltent. Quelles que soient les forces politiques qu’il y
a derrière, les possibilités d’avancer ou pas, les résultats immédiats, ça
c’est une transformation qualitative gigantesque, parce que nous ne pourrons
pas revenir, tout au moins revenir facilement, à des régimes d’oppression comme
ils l’étaient. Les révoltes populaires continuent et continueront. C’est la
leçon générale.
-Dans
la postface de l’édition anglaise de votre dernier ouvrage1, vous
affirmez qu’il y a désormais en Tunisie une démocratie purement politique ou de
« basse intensité ». Quelles sont les caractéristiques principales de
cette démocratie et comment le mouvement populaire peut-il agir pour pousser le
processus jusqu’à l’instauration d’une démocratie sociale et une rupture avec
les politiques économiques poursuivies par le nouveau pouvoir ?
-A
l’origine de la révolte du peuple tunisien, il y a deux ensembles de causes.
Des causes politiques : le régime policier, les arrestations, la torture,
etc. Mais il y a aussi la catastrophe sociale caractérisée entre autres par le
chômage des jeunes diplômés mais pas seulement. Ces deux causes combinées ont
provoqué l’explosion. Ce qui en est sorti à travers les élections, c’est un
régime qui est dominé par les forces de droite, que ce soit sous la forme des
Frères musulmans, d’Ennahda ou des anciens Benalistes, des anciens du régime
déguisés en Bourguibistes, peu importe, et qui ne vont rien changer en ce qui
concerne les politiques économique et sociale qui sont à l’origine du désastre
social. On peut aller même un peu plus loin malheureusement. Le mouvement dans
son ensemble notamment dans les classes moyennes, mais aussi dans les classes
populaires, ne remettait pas en cause les options économiques du système Ben
Ali. J’ai entendu moi-même des intellectuels tunisiens dire que « la Tunisie allait très bien
sur le plan économique, la preuve, la Banque Mondiale le
disait. » Ils boivent comme du petit lait les balivernes de la Banque Mondiale.
Cela veut dire que ce mouvement qui était très aigu sur la question de la
démocratie est très naïf sur la question sociale, sur le rapport entre les
politiques économiques et de développement économique subalternisé fondé sur le
tourisme, et sur je ne sais trop quoi de ce genre, avec des résultats sociaux
déplorables. Aucun des problèmes n’a trouvé de solution en Tunisie. Et ce n’est
pas le gouvernement qui va être constitué ou qui est déjà constitué, ni les
gouvernements à venir sur la base du résultat des élections, qui vont apporter
une réponse quelconque au problème social. Ils apportent bien sûr une réponse
aux problèmes politiques, un retour à un régime policier comme il l’était du
temps de Ben Ali ne sera pas facile. Mais avec aussi des reculs sur le plan
social et sur le plan politico-culturel, notamment en ce qui concerne la
laïcité de l’Etat, de l’enseignement et de l’éducation, ça c’est essentiel à
long terme, et le droit des femmes.
-Le
pouvoir égyptien a jusqu’ici réussi à survivre au départ de son chef Hosni
Moubarak. Mais d’importants événements se sont produits en une année. Le
mouvement des jeunes révolutionnaires rejette plus que jamais le Conseil
supérieur des forces armées (CSFA), le mouvement social est en ébullition même
si les grands médias internationaux n’en parlent pas, les islamistes ont
remporté une victoire écrasante aux législatives et El Azhar semble prendre ses
distances. Le régime peut-il subsister longtemps ? Comment pourrait-il se recomposer
?
-Ce
que l’on peut dire de certain, c’est que jusqu’à ce jour, le régime n’a pas
changé. Quelle était la nature du régime de Sadate et de Moubarak ? Une
alliance sur une base compradore, c’est-à-dire sur une base d’un développement
économique subalterne soumis aux exigences du capital mondialisé. Ce régime dit
économiquement libéral, avec privatisations, etc était fondé sur deux piliers.
Le premier est le haut-commandement de l’armée (l’armée égyptienne n’est plus
une armée, c’est-à-dire qu’elle n’est plus en mesure d’assurer la défense du
pays, ce n’est plus sa vocation. Elle a été transformée en un conglomérat
d’intervention économique sur le marché capitaliste, comme capitaliste associé.
Elle n’est rien d’autre que cela). L’autre pilier c’était le mouvement
islamiste, les Frères musulmans. Ils n’ont jamais été dans l’opposition depuis
Sadate. Ils l’ont été à l’époque de Nasser mais depuis Sadate et avec Moubarak,
ils ont été participants au pouvoir. Le compromis de l’époque reposait sur le
fait que le pouvoir leur avait donné trois institutions fondamentales de la
société : l’éducation, la justice et la télévision. Le mouvement de
révolte a donné, avec ces élections, la victoire écrasante aux islamistes, et
ce n’est pas étonnant. Cette victoire ne change rien de fondamental. Rien n’a
changé. Le régime repose toujours sur ces deux piliers qui sont maintenant en
conflit latent parce que le compromis que les Frères musulmans avaient accepté
avant le mouvement, qui était non pas d’avoir un strapontin parce que l’école,
la justice et la télévision ne sont pas des strapontins, mais de laisser le
pouvoir politique intégralement aux mains du haut-commandement de l’armée est
remis en question. Ils veulent davantage. Est-ce que cela sera possible ou non,
c’est très difficile à dire. Les deux manœuvrent. Le haut-commandement de
l’armée pour légitimer son insistance à conserver les rennes du pouvoir entre
ses mains se livre à quelques provocations, on l’a vu très probablement à
l’occasion du match de football de Port Saïd, mais les Frères musulmans
également tout en réclamant le départ de l’armée le réclament avec beaucoup de
douceur. Il y a le mouvement populaire qui, lui, reste. Les foules qui y
participent et qui sont composées par ceux qui ont voté pour les Frères
musulmans et par ceux qui n’ont pas voté pour eux, contre l’Islam politique,
eux réclament beaucoup plus. Ils réclament, d’une part, le départ de l’armée,
mais d’autre part une politique économique et sociale différente.
C’est
là la différence entre l’Egypte et la Tunisie. Il y a sur ce plan, la nécessité de
remettre en question la politique économique et sociale, une contestation
diffuse. Elle est mal organisée, elle n’est pas toujours exprimée de façon
cohérente et efficace mais elle existe à un point très fort. Certains veulent
croire en Egypte aux balivernes de la Banque Mondiale.
-Les
trois composantes du mouvement démocratique égyptien dont vous parlez dans
votre dernier livre2 – les jeunes, la gauche radicale et les classes
moyennes démocrates – ont-elles avancé en termes de rassemblement de leurs
forces, d’élaboration d’un programme alternatif à ceux des autres blocs et de
liaison avec les classes populaires (ouvriers, employés, chômeurs,
paysans…) ?
-Encore
une fois, difficile de répondre à cette question. Ca avance. Mais est-ce que ça
avance vite et à la hauteur du défi, c’est très difficile à dire. Mais ça
avance, notamment le poids des syndicats ouvriers. En Egypte, comme en Algérie
et dans quelques autres pays, la classe ouvrière compte et est très
active. Mais elle est, il est vrai, relativement sous-représentée politiquement.
Dans le sens que les partis de la gauche politique historique, en l’occurrence
en Egypte comme en Algérie c’est la tradition communiste qui prévaut, ne sont pas
à la hauteur du renforcement des luttes sociales menées par la classe ouvrière,
mais elle existe.
-Les
différences politiques entre Frères musulmans et Salafistes sont-elles réelles
ou relèvent-elles d’une répartition de rôles purement tactique ?
-Je
n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a une entente, que c’est planifié, que c’est un
complot. Mais elles se complètent objectivement d’une façon parfaite.
Parce
que les Salafistes ne font que dire ouvertement ce que les Frères musulmans ont
renoncé à dire pour avoir un diplôme de démocratie mais n’ont pas renoncé à
penser. C’est-à-dire qu’ils ne sont pas des démocrates. Ils n’attachent aucune
importance, aucune valeur à la liberté et pas seulement la liberté religieuse,
parce qu’ils estiment que l’être humain n’est pas né pour être libre, mais pour
servir Allah. Il est Abd Allah, l’esclave de Dieu. Ce n’est pas quelque chose
de récent, c’est depuis Rachid Rédha, dans les années 1920, dont
l’obscurantisme a été repris intégralement et dès le départ par les Frères
musulmans en 1927. Et ils s’en sont toujours tenus là. Maintenant, le dire,
c’est dire « nous ne sommes pas des démocrates », ce qui rendrait
difficile de leur attribuer un diplôme en démocratie. Alors, pour des raisons
de tactique, parce qu’ils ont besoin d’un diplôme de démocratie donné par les
occidentaux, ils se sont déclarés démocrates alors ils sont un peu ennuyés, et
je suis très heureux qu’il y ait les Salafistes qui osent continuer à
dire : « Non, nous ne sommes pas pour la démocratie ». Les
Salafistes le disent ouvertement.
-En
Tunisie et surtout en Egypte, les islamistes peuvent-ils sans dommages majeurs
sur l’hégémonie qu’ils exercent sur leurs peuples respectifs poursuivre la
politique étrangère pro-occidentale des dictateurs déchus ?
-Oui.
En Tunisie certainement, je crois que cela ne fait pas de problème. En Egypte
également, mais ça fait problème parce que les Frères musulmans, la majorité
islamiste au Parlement, ne peut pas dire ouvertement : « Nous
continuons à obéir à l’ordre régional et international mis en place sous la
houlette de Washington et de Tel-Aviv». Ils ne peuvent pas le dire, mais
ils acceptent de le faire. Alors ils sont dans une position difficile.
-Il
y a donc une contradiction sur laquelle il est possible de mettre le doigt ?
Absolument.
-Y
a-t-il des contradictions entre les armées égyptiennes et tunisiennes, d’une
part, et les islamistes de chacun de ces pays, d’autre part ?
-Je
n’en sais rien pour la Tunisie,
même si tout le monde pense que l’armée ne compte pas beaucoup. Ce n’est pas le
cas en Egypte où il y a complémentarité parce qu’ils sont les uns et les autres
compradores. C’est la même bourgeoisie compradore, la même bourgeoisie
d’affaires. Ils sont même associés très souvent à titre personnel dans les mêmes
affaires financées par l’argent du pétrole, l’Arabie Saoudite, le Qatar…
Totalement compradores. A la différence de l’Algérie, la classe dominante
Egyptienne est ouvertement et totalement compradore, elle n’a pas de problème,
de vestige ou de velléité de nationalisme.
Mais
face au mouvement populaire, qui n’est pas seulement un mouvement de
revendication politique, démocratique et sociale, mais qui est aussi
« Alkarama », au sens « la dignité de l’Egypte comme
Nation », ayant son indépendance et son rôle à jouer su r l’échiquier
mondial et régional – c’est un sentiment très fort chez le peuple égyptien – ça
gène le pouvoir en place à l’heure actuelle, et particulièrement, l’aile
islamiste du pouvoir qui accepte de jouer le jeu américain mais qui ne peut pas
le reconnaitre ouvertement.
-Comment
les forces politiques démocratiques et progressistes syriennes peuvent-elles
combattre la dictature d’El Assad sans tomber pour autant sous la coupe des
grandes puissances impérialistes et de leurs relais régionaux, l’Arabie, le
Qatar, la Turquie
et l’opposition libanaise ?
-C’est
une question très difficile. Jusqu’à présent, les forces démocratiques en Syrie
ne sont pas tombées dans le panneau. Elles n’ont pas accepté de constituer avec
les forces réactionnaires dont les directions sont manipulées par l’occident à
travers les Frères musulmans, l’Arabie Saoudite et le Qatar, un front commun
pour la démocratie. A juste titre, les forces démocratiques en Syrie savent
que, même si elle a un écho populaire, l’opposition dirigée par les politiciens
islamistes n’est pas démocratique. Ils vont même jusqu’à dire d’une façon
cynique et violente : « Les Chrétiens à Beyrouth, les Alaouites en
conserve et les Druzes en morceaux ». Ils disent clairement qu’ils
établiront une dictature sunnite qui ne tolère pas les minorités qui sont
finalement la majorité quand on les additionne toutes. C’est un régime odieux
qu’ils mettraient en place. Ce qui ferait parfaitement l’affaire des islamistes
qui diront « voyez ce que donne ce pays » et le pays éclaterait,
c’est une des possibilités ou bien sombrerait dans une violence extrême qui
ferait apparaitre les massacres auxquels les Israéliens se livrent en Palestine
comme des broutilles comparativement aux massacres qui seraient en cours
ailleurs.
Ca
fait l’affaire de l’Arabie Saoudite parce qu’elle veut mettre un terme à cette
alliance entre le pouvoir Syrien et l’Iran.
Les
forces démocratiques syriennes ont donc refusé jusqu’à présent de faire front
commun. J’espère qu’elles ne sont pas dans une impasse, mais sont dans un
moment très difficile parce que si on ne comprend pas, du côté de certains dans
le régime, qu’il n’y a pas d’autre alternative qu’une négociation réelle avec
les forces démocratiques alors le pire peut arriver.
-Depuis
une année, les grandes puissances impérialistes ont fait preuve d’une grande
capacité d’adaptation dans le monde arabe. Elles ont accompagné le mouvement de
révolte là où, précédemment, elles soutenaient les dictatures, comme en Tunisie
et en Egypte. Elles ont stimulé les contestations là où elles entendaient faire
tomber le régime en place comme en Libye et en Syrie. Enfin, elles soutiennent
fermement les dictatures amies en Arabie saoudite, au Bahreïn et au Yémen.
Finalement, ces grandes puissances n’ont-elles aucun souci à se faire pour leur
domination ou de nouvelles contradictions sont-elles apparues dans leur système
de domination ?
-Vous
avez raison. Jusqu’à présent, les stratégies mises en œuvre par les grandes
puissances n’ont pas été mises en échec par les mouvements. Ce sont les
mouvements qui ont été contraints de s’ajuster ou de rester dans le cadre, de
ne pas dépasser les frontières commandées par les stratégies de l’impérialisme.
Mais les positions de l’impérialisme dans la région sont très fragiles, elles
sont très fragilisées. Avec la chute des dictatures ouvertes qui étaient à leur
service, et comme nous le disions à la première question du fait que la peur
avait changé de camp et que les peuples n’avaient plus peur, l’impérialisme a
perdu quand même son allié le plus puissant c’est-à-dire des régimes de terreur
acceptés. Le front va être très fragile.
-La
tension entre l’Iran, d’une part, et les puissances occidentales et Israël, d’autre
part, s’accroit dangereusement ces derniers temps. Les risques de conflit
sont-ils réels et quel est l’état des forces en présence sur le plan politique
et géostratégique ?
-Les
risques de conflit sont une menace réelle, les gesticulations d’Israël le
démontrent. On veut nous faire croire que Washington ne veut pas jeter d’huile
sur le feu et au contraire essaie de calmer un petit peu les ardeurs des
sionistes. Je ne suis pas persuadé que ce soit là le calcul de tous dans
l’establishment des Etats Unis. Je pense donc que le danger existe réellement.
Mais l’Iran ce n’est pas l’Irak et ce n’est pas l’Afghanistan. Une aventure
militaire en Iran, nul ne sait où cela conduirait. Comme les Etats Unis sont
capables de tirer les leçons de leur double échec, l’échec total en Afghanistan
et l’échec total également en Irak, s’aventurer davantage, s’embourber
davantage… Mais vous savez, devant des échecs, il y a toujours deux
stratégies : la stratégie réaliste de réajustement et de repli, et la
stratégie jusqu’au-boutiste de fuite en avant.
-Dans
un texte récent3, vous affirmez qu’il n’y a plus d’autre capitalisme
possible que l’actuel système « des monopoles généralisés, ‘’mondialisés’’
(impérialistes) et financiarisés ». Pourquoi, selon vous, les politiques
de régulation de type Keynésiens ne sont-elles plus possibles ?
-Précisément
pour cela. Parce que nous sommes arrivés à un degré de centralisation du
capital qui a fait disparaitre toute marge d’autonomie hors du pouvoir des
monopoles. Et on ne peut pas retourner en arrière, on ne peut pas déconcentrer
le capital. Le mouvement naturel du capital vers toujours plus de
centralisation a conduit là où nous en sommes. Et dans ces conditions les
solutions qui pouvaient parfaitement fonctionner à une étape antérieure de la
centralisation du capital – lorsque l’Etat intervenait et qu’il y avait des
secteurs importants de l’économie qui pouvaient répondre aux incitations et aux
politiques d’Etat – n’existent plus. C’est la raison pour laquelle nous avons
ces agences de notations, qui sont les porte-parole directs du capital
financier et sont devenues maintenant le pouvoir en dernier ressort qui décide
de la politique économique.
-Dans
le même texte, vous proposez un programme de sortie du capitalisme en crise
opposé à une démarche consistant à sortir le capitalisme de sa crise. Basé sur
la nationalisation socialisation des monopoles, la dé-financiarisation de la
gestion de l’économie et la déconnexion, ce programme s’inscrit dans une
perspective d’instauration du socialisme. Pourquoi selon vous le socialisme
constitue-t-il toujours la seule alternative possible à la barbarie capitaliste
?
-Justement
maintenant plus que jamais. Au stade où nous sommes parvenus de centralisation
du capital, la nationalisation dans une perspective de socialisation du
monopole, c’est-à-dire de pratiquement toute l’économie n’a pratiquement pas
d’alternative. Il y a maintenant les bases objectives politiques pour
constituer un bloc historique alternatif anti-monopole. Non seulement avec les
classes populaires, les classes travailleuses qui sont directement
surexploitées, même au Centre4, mais avec les classes
moyennes qui sont laminées par la dictature des monopoles et même avec ce qui
reste du capitalisme des moyennes entreprises qui sont également laminées par
les monopoles.
-C’est
donc la constitution d’un bloc anti-compradore au Sud et anti-monopoles au Nord ?
-Voilà.
Entretien réalisé par Hocine
Belalloufi
Samir
Amin enseigne l’économie politique du développement dans plusieurs universités
du monde. Auteur prolifique depuis plusieurs décennies, il est en même temps
président du Forum du Tiers-monde et du Forum mondial des alternatives. C’est
donc un intellectuel militant, un « intellectuel organique au service de
l’émancipation du Sud »5.
Notes :
1.
Postface à l'édition anglaise du dernier livre de Samir Amin : Le monde
arabe dans la longue durée. Un printemps des peuples ?
2.
Samir Amin : Le monde arabe dans la longue durée. Un printemps des
peuples ? APIC éditions. Alger, 2011.
3.
Samir Amin : De l’audace, encore de l’audace ! 9 novembre
2011.
4.
Pays du Centre capitaliste constitué des pays du G7 (Etats-Unis, Canada,
France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Japon) qui dominent l’économie
mondiale.
5.
Demba Moussa Dembelé : Samir Amin, Intellectuel au service de
l’émancipation du Sud. Codesria, Dakar, 2011.
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