samedi 19 mars 2016

Ali-Yahia Abdennour : Sur le système politique (Extraits de son dernier livre 1/2)

Lettre ouverte au système et au dernier pouvoir qu'il a engendré

Ali-Yahia Abdennour, le grand militant des droits de l’Homme, vient de faire paraitre un petit livre chez les éditions Koukou. Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu’il a engendré se lit d’une traite. En 96 pages, Ali-Yahia propose non pas seulement un pamphlet contre le système politique autoritaire et incompétent qui régente l’Algérie depuis 1962, mais aussi un condensé de sa pensée. Le système politique, sa nature, le président, l’armée, le DRS, l’économie, la réforme du système éducatif, l’unité de l’Algérie, la diversité culturelle, Tamazight, la Kabylie et les droits des femmes sont les thèmes abordés. 
À 95 ans, Ali-Yahia Abdennour continue donc de stimuler le débat et la réflexion. C’est aussi l’occasion pour ceux, jeunes ou moins jeunes, qui ne connaissent pas Ali-Yahia d’apprécier ses idées. Extraits du livre (les sous-titres sont de moi).

L. B.


Militant des droits de l'Homme
Ali-Yahia Abdennour


Le prix de la liberté

Le système politique, les pouvoir qui se sont succédé, la Sécurité militaire et le département du renseignement et de la sécurité (DRS) ont fait de moi un ennemi de l’intérieur, soumis à plusieurs arrestations, à une résidence surveillée à Ouargla, au contrôle du courrier, aux écoutes téléphoniques, et à la privation de nombreux droits, même celui d’être propriétaire de mon logement que j’occupe depuis l’été 1962. Militant des droits de l’Homme qui ne sont pas protégés mais quotidiennement bafoués, j’entends garder une totale liberté d’esprit, de réflexion et d’expression.

(…)



Le système politique

Le système politique qui s’est imposé l’été 1962 par la violence a remplacé la domination coloniale par la domination de l’armée des frontières qui a été l’instrument de conquête et d’exercice du pouvoir. Il est bureaucratique et répressif. Il a trois traits fondamentaux : la concentration du pouvoir, l’irrégularité de sa dévolution et l’anomalie de son exercice. Il génère népotisme corruption et injustice.

Les trois composantes de ce système sont :

1- Les hydrocarbures

2- L’institution militaire avec la police politique

3- Le président de la république, secrétaire général du FLN, parti unique.

La vie politique est conçue avec un seul objectif : pérenniser le système politique, qui s’est substitué au peuple, pourtant proclamé souverain par la Constitution.  Ce système, qui n’a pas pris à bras le corps les problèmes de la nation, a la charge de mettre en tutelle la vie politique, d’incarner le nationalisme, de diviser la société en deux parties qui se superposent et se contredisent (les dominants et les dominés, les riches et les pauvres), de favoriser les intérêts des militaires, des dirigeants et de la bureaucratie. Le peuple, conscient du cynisme avec lequel il a été manipulé, et privé de tout moyen de défense, ne se laisse pas récupérer. 

(…)

L’Algérie n’est sortie de l’ère coloniale que pour rentrer dans celle de la dictature. Le système, conforté et consolidé par la légitimité historique et la rente des hydrocarbures, a dirigé le pays par les moyens de la dictature. Le problème de l’Algérie résulte de ses dirigeants qui veulent rester à vie ou trop longtemps au pouvoir, auquel ils ont accédé par un coup d’État armé ou par les urnes truquées. 

Le président algérien ne parle pas et ne se déplace pas mais cela ne l'a pas empêché de briguer un quatrième mandat.
Bouteflika, présent-absent


Bouteflika, l’impasse

Bouteflika a organisé sa marche vers le pouvoir absolu par le coup d’état constitutionnel du 12 novembre 2008, où il s’est donné tous les pouvoirs par la révision de la constitution qui limitait à deux les mandats du Président. En voulant perpétuer son règne, il s’est engagé dans la voie de l’aventure et a mené le pays à l’impasse.

Garder plus de deux fois le mandat présidentiel, vouloir le garder à vie est un fléau. Le président élu démocratiquement est habiter par la hantise de servir et non de dominer. Un président qui dispose d’un pouvoir démesuré confinant à la monarchie, où tout dépend de lui et de lui seul, n’est pas au service de l’Algérie, c’est l’Algérie qui est à son service.

Bouteflika a écarté les uns après les autres les décideurs de l’armée, du DRS en particulier, qui l’ont hissé au sommet de l’État et l’ont fait roi, pour être roi par lui-même. Il est à la fois le chef de l’État, le président du FLN, le commandant en chef d l’armée ; il règne et gouverne à la fois en s’appuyant sur ses conseillers  qui reçoivent plus de conseils qu’ils n’en donnent, et des ministres qui ne prennent aucune décision sans lui demander au préalable son aval.

 (...)

Depuis sa nomination comme Premier ministre, Sellal, qui n'est pas particulièrement doué pour rien, est devenu une blague.
Un homme sans envergure, à l'image du pays


Sellal et l’économie

La satisfaction des besoins du pays ne peut résulter, selon les économistes, que dans la mise en place d’un développement ‘‘globale, endogène et intégré.’’

Un développement endogène, cela signifie que l’Algérie doit fonder son développement sur une dynamique interne, c’est-à-dire l’ensemble des forces qui existent ou qui peuvent être créées à l’intérieur du pays qui doit compter avant tout sur lui-même, sur ses propres potentialités. Le développement ‘‘autocentré’’ entend jouer sur la solidarité, sur des forces et des ressources intérieures actuelles et potentielles, que l’on s’attache à mobiliser sur place pour satisfaire les besoin du pays. C’est la tâche qui attend Abdelmalek Sellal, qui a tout à apprendre en économie ; mais il ne semble pas particulièrement doué.




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