mercredi 3 avril 2019

Sur la fin des oligarques et la nécessité de la démocratie


« Lé pauvreté recule progressivement dans un pays démocratique », écrit Amartya Sen, lauréat du prix Nobel d’économie en 1988. Pas seulement antidote de la pauvreté, les vertus de la démocratie sont en effet innombrables. Ainsi a-t-on relevé par exemple que les pays démocratiques ne se font pas la guerre — c’est là un simple constat historique : pas une seule démocratie n’a agressé militairement une autre démocratie. La démocratie améliore donc l’économie, pérennise les États et protège les peuples. Car la démocratie ne peut fonctionner sans État de droit, ce qui protège les citoyens de potentiels abus. Mais aussi les dirigeants — ce que les oligarques et autres potentats arabes n’ont pas compris. 
La fin de(s) Bouteflika, de Ali Haddad et même celle du général Toufik appelle ce commentaire.

jeudi 14 juillet 2016

تعميم الفساد...استراتيجية مقصودة أم عجز؟

المؤرخ الجزائري  رابح لونيسي
  رابح لونيسي

تعود جذور الفساد المالي في الجزائر إلى السنوات الأولى لإسترجاع الإستقلال عندما أمم الرئيس بن بلة عدة ممتلكات لعدة تجار بسطاء، خاصة في العاصمة، ومنها على سبيل المثال لا الحصر ممتلكات حمود بوعلام للمشروبات الغازية رغم الدور الكبير الذي لعبته هذه العائلة في الثورة، حيث تعد أحد أفرادها نفيسة حمود أول امرأة طبيبة تلتحق بالثورة في الولاية التاريخية الثالثة، لكن في نفس الوقت لم يمس نظام بن بلة الكثير ممن استولو عنوة على ممتلكات المعمرين، وقد فهم آنذاك أن التأميمات وتلك الممارسات، كانت تتم حسب المواقف السياسية لأصحابها من إستيلاء تحالف بن بلة- بومدين على السلطة بالقوة.

mardi 12 juillet 2016

Noam Chomsky : Who Rules the World ?

Par Dr Mahmoud Braham


Tout d’abord, une présentation de Chomsky, quoiqu’assez fameux pour être présenté, semble un prélude incontournable. Théoricien de linguistique, socialiste libertaire et activiste, Noam Avram Chomsky est né en 1928 à Philadelphie d’une famille juive orthodoxe. Après avoir obtenu son doctorat en linguistique en 1955 de l’Université de Pennsylvanie, il devient membre du prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT). Ce dernier a été accusé par Chomsky d’être lié, d’une manière ou d’une autre, au Complexe militaro-industriel américain (MIC), lorsque cet intellectuel s’est opposé à la guerre du Vietnam. Singulièrement franc et direct, Chomsky n’a pas hésité un moment à critiquer la politique étrangère et les mass-médias américains tout comme les politiques de l’Etat sioniste, allant jusqu’à défendre les opinions dites négationnistes qui mettent en doute l’existence de l’holocauste lui-même. Bien plus, il est allé dans son attitude critique jusqu’à avancer que les Etats-Unis constituent le principal Etat terroriste mondial.
Intellectuel et commentateur international de renom, Chomsky ne cesse d’étonner ! D’abord, par sa production prolifique qui reflète une capacité de travail hors pair puisqu’il ne s’épuise pas une seule année sans qu’on lui lise un volume nouveau. Ensuite, par sa qualité d’observateur persévérant, franc et engagé qui ne ménage pas les grands acteurs de l’échiquier global et à leur tête les Etats-Unis, ni n’est intimidable par ses détracteurs lorsqu’il dénonce leurs manières contestables et contestées d’exercer et de poursuivre la puissance.

mardi 5 juillet 2016

L’Algérie s’enlise silencieusement

Le contre-choc pétrolier le plus violent de ces trente dernières années, un président absent, un déficit budgétaire de trente milliards de dollars et des candidats à la succession qui ne s’accordent sur rien, sauf sur un immobilisme dangereux, rendent la fin du quatrième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika particulièrement incertaine. Malgré certains articles de la presse française qui tendent à faire croire le contraire.
Alors que la situation socio-économique se dégrade, l'immobilisme de l'Etat n'arrange pas les choses
Par Jean-Pierre Séréni
Deux ans après l’éclatement de la crise pétrolière mondiale, l’Algérie est paralysée par un triple blocage qui menace de déboucher sur le pire. L’impasse politique née de l’incapacité des ténors du régime à s’accorder sur un successeur à l’actuel président, Abdelaziz Bouteflika, bien incapable de tenir les rênes du pouvoir, interdit tout progrès sérieux dans la solution de la grave crise financière que traversent l’État et le secteur public. De plus, l’Algérie, qui vit du pétrole et du gaz qu’elle exporte est incapable, à la différence de l’Arabie saoudite, de la Russie, de l’Irak ou de l’Iran, d’augmenter ses exportations et de compenser, au moins partiellement, la baisse des prix par une augmentation des volumes vendus. Sa production se réduit depuis dix ans alors que sa consommation intérieure explose et que diminue son surplus exportable. 

jeudi 12 mai 2016

Les Algériens dans la première guerre mondiale: une étape dans la prise de conscience nationale

Pendant toute la première guerre mondiale, l’Algérie a fourni au pouvoir colonial français non seulement un soutien matériel substantiel, mais surtout des milliers de soldats « indigènes » soumis au service militaire obligatoire et le plus souvent affectés aux sections d’assaut. Zouaves et tirailleurs, encensés pour leur bravoure, n’ont pourtant jamais eu droit à la citoyenneté pleine et entière. Conscients d’avoir aidé la France à l’heure du danger et frustrés par les promesses non tenues, ils ont ouvert le chemin à une revendication de libération nationale que la seconde guerre mondiale confirmera vingt ans plus tard.

L'historien Gilbert Meynier analyse la formation d'une conscience nationale algérienne durant la première guerre mondiale


Par Gilbert Meynier
De toutes les colonies françaises, l’Algérie représenta pour la France, avec l’Afrique-Occidentale française (AOF), la plus grande pourvoyeuse en ressources matérielles et en hommes. Dans ce que l’on dénommait alors l’«  Afrique française du Nord  », c’est à l’Algérie que fut demandé l’effort le plus important. L’Algérie y répondit de fait, à la mesure de ce qui était attendu par le pouvoir colonial, en fournissant le plus clair des capitaux, des produits, ainsi que des hommes pour le front et pour le travail d’usine.

الجزائريّون في الحربِ العالمِيَّة الأولى: مرحلةٌ في صيرورَةِ الوَعيِ الوطَنِي

طوالَ فترةِ الحرب العالميّة الأولى، لم تقدِّم الجزائر لسلطةِ الاستِعمار الدعمَ الماديَّ الكبيرَ وحسب، لا بل وقدَّمت أيضاً آلافَ الجنود الـ“إينديجان”* الخاضعين للخدمة العسكريّة الإلزاميّة والذين غالباً ما تمَّ وَضعُهم في فِرَق الهجوم. لم تَصل الإشادةُ بشجاعةِ هؤلاء الزواويّين والقنّاصة إلى حدِّ إعطائهم حقَّ المواطنةِ الكاملة. فكان أن فتحَ أحساسُ الجزائريين بالغُبنِ إَذ لم تَفِ فرنسا بوعودِها تجاهَهم في حين أنَّهم وقوفوا بجانبِها حين كانت في خَطَر، الطريقَ أمام مطلبِ تحريرٍ وطنيٍّ أتت الحربُ العالمِيَّةُ الثانيةُ لتؤكِّدَه بعد عشرين سنة من ذلك.
المؤرخ الفرنسي جيلبار مينيي
جيلبار مينيي OrienXXI
من كلِّ مستعمرات فرنسا، كانت الجزائرُ، جنباً إلى جنبِ مع أفريقيا الغربية “الفرنسية”، أكثرَ من أمدّها بالمواردِ الماديّة والبشريّة، فهي - في ما كان يعرف آنذاك بـ“إفريقيا الشمالية الفرنسية” - البلدُ الذي طُلب منه بذلُ أكبرَ جهد في هذا المجال. وقد استجابت لهذا الطلب بمقدار ما كانت تتوقعه منها السلطة الاستعمارية، فكانت بلا منازع هي من زوَّد فرنسا بأَوفى جزءٍ من الرساميل والمنتَجات وبرجالٍ للقتال على جبهاتِ الحرب والعملِ في المصانع .

mercredi 4 mai 2016

Hamid Grine selon un journaliste algérien



« Le monde te prend tel que tu te donnes »
Nietzsche, premiers écrits.

Par Lyes Benyoussef
Comment devenir ministrable en Algérie ? L’approche biographique est la plus indiquée, en sociologie, pour y répondre. Examinons un cas. Ministre de la communication depuis 2014, Hamid Grine se présentait comme écrivain et journaliste et le peu d’Algériens qui le connaissaient auparavant ne savaient pas grand-chose sur l’homme. Pourtant, il est intéressant de le connaitre : cela donnerait une idée sur la nature des hommes que le régime algérien autoritaire privilégie de « recruter ». Et avec un système scolaire massifié, le temps où l’on se moquerait des responsables analphabètes ou non-diplômés arrivera bientôt à terme. Il faut se préparer désormais à des docteurs — des docteurs non moins illégitimes, ni moins incompétents que les analphabètes auxquels ils succèdent. Le cas Tliba est intéressant à cet égard. Cependant Grine n’est pas docteur ! 

Auteur médiocre et ministre algérien

Un auteur médiocre

Mais il est écrivain, et ce n’est quand même pas rien…
Les écrivains ne sont pas égaux toutefois. Parmi les écrivains algériens, francophones et arabophones, qui est Grine ? Écrivain médiocre, il aimait user et abuser des noms des grands écrivains (Gide, Camus) dans les titres de ses livres : comme si citer Gide indiquait être de la même trempe que lui ! Pourquoi donc les journalistes présentaient ses livres et avec éloge ? Comme si « le monde te prend tel que tu te donnes », selon l'heureuse phrase de Nietzsche adolescent. Mais suffit-il de se présenter comme grand pour être considéré comme tel ? Non, et c'est ce qu'on va voir.
Grine commence sa « carrière » en écrivant des livres très légers, comme Lakhdar Belloumi, sur l’ancien joueur de football. En 2005, il publie un livre sur les élections présidentielles de 2004 qui furent semblables à toutes celles organisées en Algérie depuis 1946. Il intitule ce livre Chronique d'une élection pas comme les autres !

dimanche 1 mai 2016

Pourquoi le régime algérien tolère ou produit le salafisme



Abdelfattah Hamadache avait émis une fatwa condamnant l'écrivain Kamel Daoud à mort. Il a été condamné à trois mois de prison.
Par Lyes Benyoussef
Rendons hommage, pour commencer, à Sidi Mohamed El Hadi El Hamlaoui, le Cheikh de la zaouïa El Hamlaouïa à Mila, pour son courage et son honnêteté. Il a été le seul à avoir refusé sa zaouïa au sieur Chakib Khelil qui, par une tournée obscène dans les zaouïas du pays, entreprend sa propre promotion politique. Le Cheikh, approché par l’entourage de Khelil, a répondu selon El Watan : « Notre zaouïa a une vocation religieuse et ne se mêle jamais de politique ni de manœuvres politiciennes. » Admirez la précision : « … ni de manœuvres politiciennes. » Ce propos contient en outre une franche acceptation de la sécularité. On comprend aisément qu’il s’agit d’une opinion minoritaire. Cela dit, cet article aborde autre chose : un exemple de l’islam salafiste.

L’islam, une réalité profonde en Algérie

En Algérie, le poids de la religion n’échappe à aucun observateur. L’historien Mohammed Harbi écrit dans un article paru en 1994 : « l'islam est inscrit dans les profondeurs de la réalité algérienne. Il n'est pas une structure religieuse autonome et circonscrite dans une société aux pratiques sécularisées. Il a façonné l'espace symbolique où s'est inscrit le politique. Et l'action de l'État en place depuis 1962 n'a en rien modifié cela parce que jamais n'a été entreprise l'institution d'un nouvel espace national qui aurait opposé sa ferveur civique au poids du religieux. »
Si tel est le cas de l’Algérie, il faut aussi parler avec Edward Said des islams. Par rigueur. Car, on le sait, il y a à peu près autant d’islams que de musulmans, autant de corans que de lectures de coran et autant de lectures que de lecteurs, etc.

Le salafisme quiétiste, un discours somnifère

Un islam en particulier, le salafisme, pose un sérieux problème aux sociétés modernes. Et dans toutes ses variantes : quiétiste, politique et, bien évidemment, djihadiste. C’est que ses adeptes croient que tout ce qui est nécessaire et utile à la vie a été découvert ou inventé il y a 14 siècles. Par les compagnons du Prophète et leurs compagnons, les fameux Salafs (prédécesseurs, ancêtres). Point n’y manque.  Rien à y ajouter.  Il suffit d’appliquer. Et ceux qui s’y refusent sont naturellement considérés comme hérétiques. Le simplisme et la rigidité de ce dogme expliquent que certains salafistes excommunient ouvertement d’autres musulmans. Aussi cet islam salafiste est-il pleinement résumé par la célèbre phrase de Marx, « l’opium du peuple. »

mardi 26 avril 2016

Les causes de l’échec d’Occupy Wall Street, des leçons pour les autres



Après avoir suscité un immense espoir partout dans le monde et non seulement aux États-Unis, le mouvement Occupy Wall Street s’est essoufflé peu à peu pour s’éteindre définitivement — au moins comme mouvement populaire d'envergure. Cet échec, si décevant, appelle l’analyse. D’autant plus qu’actuellement, en France, Nuit Debout semble reproduire certaines de ses erreurs fatales.

Occupy et Nuit Debout

Si la protestation en France commence contre la loi El Khomri, elle ne tarde pas à voir cette revendication diluer, pour ne pas dire disparaître. Et puis se pose la question des porte-paroles sérieusement. Frédéric Lordon, fin analyse du capitalisme contemporain certes, est-il pour autant pertinent dans ses interventions à Nuit Debout et, par ailleurs, le représente-t-il ?  
«Pas de leader, pas de revendication, pas de thématique affichée dans le mouvement Nuit Debout : est-ce une force ou une faiblesse ? », s'interroge Le Monde. Une faiblesse sans doute. Et elle avait déjà caractérisé Occupy. D’où, à mon avis, l’intérêt particulier de l’analyse que propose le journaliste américain Thomas Frank sur cette « contestation amoureuse d’elle-même », publié en janvier 2013 par Le Monde diplomatique. En effet, il n'a jamais suffi d'avoir raison et d'être animé par de bonnes intentions pour réussir, notamment pour un mouvement social.
L. B.
Pourquoi Occupy Wall Street a échoué ?

Par Thomas Frank

Une scène me revient en mémoire à chaque fois que je tente de retrouver l’effet grisant que le mouvement Occuper Wall Street (OWS) a produit sur moi au temps où il semblait promis à un grand avenir. Je me trouvais dans le métro de Washington, en train de lire un article sur les protestataires rassemblés à Zuccotti Park, au cœur de Manhattan. C’était trois ans après la remise à flot de Wall Street ; deux ans après que toutes mes fréquentations eurent abandonné l’espoir de voir le président Barack Obama faire preuve d’audace ; deux mois après que les amis républicains des banquiers eurent conduit le pays au bord du défaut de paiement en engageant un bras de fer budgétaire avec la Maison-Blanche. Comme tout le monde, j’en avais assez.
Près de moi se tenait un voyageur parfaitement habillé, certainement un cadre supérieur revenant de quelque salon commercial, à en juger par le slogan folâtre imprimé sur le sac qu’il portait en bandoulière. Ce slogan indiquait comment optimiser ses placements boursiers, ou peut-être pourquoi le luxe est un bienfait, ou à quel point c’est magnifique d’être un gagnant. L’homme paraissait extrêmement mal à l’aise. Je savourais la situation : récemment encore, j’aurais rougi d’exhiber la couverture de mon journal dans une rame de métro surpeuplée ; aujourd’hui, c’étaient les gens comme lui qui rasaient les murs.
Quelques jours plus tard, je visionnais une vidéo sur Internet montrant un groupe de militants d’OWS en train de débattre dans une librairie. À un moment du film, un intervenant s’interroge sur l’insistance de ses camarades à prétendre qu’ils ne s’expriment que « pour eux-mêmes », au lieu d’assumer leur appartenance à un collectif. Un autre lui réplique alors : « Chacun ne peut parler que pour soi-même, en même temps le “soi-même” pourrait bien se dissoudre dans sa propre remise en question, comme nous y invite toute pensée poststructuraliste menant à l’anarchisme. (…) “Je ne peux seulement parler que pour moi-même” : c’est le “seulement” qui compte ici, et bien sûr ce sont là autant d’espaces qui s’ouvrent. »
En entendant ce charabia pseudo-intellectuel, j’ai compris que les carottes étaient cuites. Le philosophe Slavoj Žižek avait mis en garde les campeurs de Zuccotti Park en octobre 2011 : « Ne tombez pas amoureux de vous-mêmes. Nous passons un moment agréable ici. Mais, rappelez-vous, les carnavals ne coûtent pas cher. Ce qui compte, c’est le jour d’après, quand nous devrons reprendre nos vies ordinaires. Est-ce que quelque chose aura changé ? »

jeudi 14 avril 2016

À propos des nouveaux philosophes et d’un problème plus général



Parmi les nouveaux philosophes, Glucksman et Lévy sont hypermédiatisés alors qu'ils n'ont pas de véritables pensées
Glucksman et BHL, l'absence de pensée comme projet

Cet entretien de Gilles Deleuze a été publié comme Supplément au n°24, mai 1977, de la revue bimestrielle Minuit et distribué gratuitement. Janvier 2004, il est mis en ligne dans le site de la revue Multitudes. Étant depuis supprimé on ne sait pourquoi, je le republie ici tel quel. Le grand philosophe français y aborde « les nouveaux philosophes » comme épiphénomène. Leur réussite médiatique, malgré la nullité totale de leurs ouvrages (ce que tous les intellectuels sérieux admettent) révèle d’après Deleuze une tendance de notre époque qui les dépasse.
 
Gilles Deleuze (1925-1995), un grand philosophe français du 20e siécle
Gilles Deleuze
- Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?
- Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis…, moi, en tant que soldat du Christ…, moi, de la génération perdue…, nous, en tant que nous avons fait mai 68…, en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants… »). Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. Et on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). Ce retour massif à un auteur ou à un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. C’est conforme à la réforme Haby : un sérieux allègement du « programme » de la philosophie.

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