mercredi 4 mai 2016

Hamid Grine selon un journaliste algérien



« Le monde te prend tel que tu te donnes »
Nietzsche, premiers écrits.

Par Lyes Benyoussef
Comment devenir ministrable en Algérie ? L’approche biographique est la plus indiquée, en sociologie, pour y répondre. Examinons un cas. Ministre de la communication depuis 2014, Hamid Grine se présentait comme écrivain et journaliste et le peu d’Algériens qui le connaissaient auparavant ne savaient pas grand-chose sur l’homme. Pourtant, il est intéressant de le connaitre : cela donnerait une idée sur la nature des hommes que le régime algérien autoritaire privilégie de « recruter ». Et avec un système scolaire massifié, le temps où l’on se moquerait des responsables analphabètes ou non-diplômés arrivera bientôt à terme. Il faut se préparer désormais à des docteurs — des docteurs non moins illégitimes, ni moins incompétents que les analphabètes auxquels ils succèdent. Le cas Tliba est intéressant à cet égard. Cependant Grine n’est pas docteur ! 

Auteur médiocre et ministre algérien

Un auteur médiocre

Mais il est écrivain, et ce n’est quand même pas rien…
Les écrivains ne sont pas égaux toutefois. Parmi les écrivains algériens, francophones et arabophones, qui est Grine ? Écrivain médiocre, il aimait user et abuser des noms des grands écrivains (Gide, Camus) dans les titres de ses livres : comme si citer Gide indiquait être de la même trempe que lui ! Pourquoi donc les journalistes présentaient ses livres et avec éloge ? Comme si « le monde te prend tel que tu te donnes », selon l'heureuse phrase de Nietzsche adolescent. Mais suffit-il de se présenter comme grand pour être considéré comme tel ? Non, et c'est ce qu'on va voir.
Grine commence sa « carrière » en écrivant des livres très légers, comme Lakhdar Belloumi, sur l’ancien joueur de football. En 2005, il publie un livre sur les élections présidentielles de 2004 qui furent semblables à toutes celles organisées en Algérie depuis 1946. Il intitule ce livre Chronique d'une élection pas comme les autres !

dimanche 1 mai 2016

Pourquoi le régime algérien tolère ou produit le salafisme



Abdelfattah Hamadache avait émis une fatwa condamnant l'écrivain Kamel Daoud à mort. Il a été condamné à trois mois de prison.
Par Lyes Benyoussef
Rendons hommage, pour commencer, à Sidi Mohamed El Hadi El Hamlaoui, le Cheikh de la zaouïa El Hamlaouïa à Mila, pour son courage et son honnêteté. Il a été le seul à avoir refusé sa zaouïa au sieur Chakib Khelil qui, par une tournée obscène dans les zaouïas du pays, entreprend sa propre promotion politique. Le Cheikh, approché par l’entourage de Khelil, a répondu selon El Watan : « Notre zaouïa a une vocation religieuse et ne se mêle jamais de politique ni de manœuvres politiciennes. » Admirez la précision : « … ni de manœuvres politiciennes. » Ce propos contient en outre une franche acceptation de la sécularité. On comprend aisément qu’il s’agit d’une opinion minoritaire. Cela dit, cet article aborde autre chose : un exemple de l’islam salafiste.

L’islam, une réalité profonde en Algérie

En Algérie, le poids de la religion n’échappe à aucun observateur. L’historien Mohammed Harbi écrit dans un article paru en 1994 : « l'islam est inscrit dans les profondeurs de la réalité algérienne. Il n'est pas une structure religieuse autonome et circonscrite dans une société aux pratiques sécularisées. Il a façonné l'espace symbolique où s'est inscrit le politique. Et l'action de l'État en place depuis 1962 n'a en rien modifié cela parce que jamais n'a été entreprise l'institution d'un nouvel espace national qui aurait opposé sa ferveur civique au poids du religieux. »
Si tel est le cas de l’Algérie, il faut aussi parler avec Edward Said des islams. Par rigueur. Car, on le sait, il y a à peu près autant d’islams que de musulmans, autant de corans que de lectures de coran et autant de lectures que de lecteurs, etc.

Le salafisme quiétiste, un discours somnifère

Un islam en particulier, le salafisme, pose un sérieux problème aux sociétés modernes. Et dans toutes ses variantes : quiétiste, politique et, bien évidemment, djihadiste. C’est que ses adeptes croient que tout ce qui est nécessaire et utile à la vie a été découvert ou inventé il y a 14 siècles. Par les compagnons du Prophète et leurs compagnons, les fameux Salafs (prédécesseurs, ancêtres). Point n’y manque.  Rien à y ajouter.  Il suffit d’appliquer. Et ceux qui s’y refusent sont naturellement considérés comme hérétiques. Le simplisme et la rigidité de ce dogme expliquent que certains salafistes excommunient ouvertement d’autres musulmans. Aussi cet islam salafiste est-il pleinement résumé par la célèbre phrase de Marx, « l’opium du peuple. »
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