lundi 19 mars 2012

Le destin de l’Algérie : de la guerre au totalitarisme, partie 1 (dossier)

À l’occasion du cinquantenaire des Accords d’Evian signé le 18 mars 1962, en vertu desquels un cessez-le-feu est observé par l’ALN et le FLN d’un coté, et l’armée française, de l’autre, à partir du lendemain, 19 mars à midi, après plus de sept ans de guerre atroce, «Informations et Réflexion» invite ses lecteurs à lire la première partie (6 articles) d’un dossier spécial, «Le Destin de l’Algérie : de la Guerre au Totalitarisme», comprenant au total 16 articles sur la guerre d’indépendance algérienne et, surtout, l’Algérie indépendante. La seconde partie (10 articles) dudit dossier sera publiée à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, début juillet prochain. Quant à la première partie, elle contient, donc, six articles. Les auteurs de ces articles sont : Mohammed Harbi (historien), Djoudi Attoumi (officier de l’ALN), Abdelmadjid Merdaci (sociologue), Ahmed Rouadjia (sociologue), Saïd Sadi (homme politique).

La fin d'un long calvaire dans les maquis

Par Djoudi Attoumi
La guerre de Libération a été effroyable. Elle a entraîné des centaines de milliers de morts. 1 500 000 civils tués ainsi que 40.000 combattants en armes (*). Du sang, des larmes, des souffrances indescriptibles et la mort furent le lot quotidien des 7 années et demie de guerre de tout un peuple. Des milliers de villages rasés, des milliers de douars vidés de leurs habitants et déclarés zones interdites. Deux millions d'Algériens, soit 30% de la population rurale déplacés et regroupés dans des centres où ils subissent la promiscuité, la précarité, l'insalubrité, et tous les maux sociaux à l'intérieur de fils barbelés, tel un no man's land...

Les accords d’Evian à l’aune des désaccords algériens

Par Abdelmadjid Merdaci
Le 18 mars 1962 étaient scellés, entre la délégation du gouvernement français et celle du GPRA, ce qui allait devenir pour l’histoire «Les accords d’Evian» et dont l’aspect le plus emblématique était l’application du cessez-le-feu à compter du 19 mars à midi. Dans la soirée du 18, le général de Gaulle s’adresse aux Français auxquels il annonce la fin des combats soulignant notamment que «le cessez-le-feu en Algérie, les dispositions adoptées pour que les populations y choisissent leur destin, la perspective qui s’ouvre avec l’avènement d’une Algérie indépendante ».

La guerre d’Algérie a commencé à Sétif

 Par Mohammed Harbi
 Désignés par euphémisme sous l’appellation d’« événements » ou de « troubles du Nord constantinois », les massacres du 8 mai 1945 dans les régions de Sétif et de Guelma sont considérés rétrospectivement comme le début de la guerre algérienne d’indépendance. Cet épisode appartient aux lignes de clivage liées à la conquête coloniale.

L’obsession de la mémoire de part et d’autre de la Méditerranée

Par Ahmed Rouadjia
Comme je l’ai déjà écrit, la mémoire est un enjeu plus symbolique et politique que scientifique. Aussi bien en France qu’en Algérie, les commémorations sont la réaffirmation de la spécificité et de l’identité nationale, en opposition à celle de l’Autre. En même temps qu’elles traduisent la «fidélité» aux origines communes, les commémorations des dates fondatrices de la nation visent, consciemment ou non, à renforcer chez tous le sentiment de ce qu’il y a de spécifique et de «supérieur» chez celle-ci par rapport à d’autres nations ou groupes humains considérés comme «inférieurs» ou ayant un passé moins «glorieux».
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