jeudi 14 juillet 2016

تعميم الفساد...استراتيجية مقصودة أم عجز؟

المؤرخ الجزائري  رابح لونيسي
  رابح لونيسي

تعود جذور الفساد المالي في الجزائر إلى السنوات الأولى لإسترجاع الإستقلال عندما أمم الرئيس بن بلة عدة ممتلكات لعدة تجار بسطاء، خاصة في العاصمة، ومنها على سبيل المثال لا الحصر ممتلكات حمود بوعلام للمشروبات الغازية رغم الدور الكبير الذي لعبته هذه العائلة في الثورة، حيث تعد أحد أفرادها نفيسة حمود أول امرأة طبيبة تلتحق بالثورة في الولاية التاريخية الثالثة، لكن في نفس الوقت لم يمس نظام بن بلة الكثير ممن استولو عنوة على ممتلكات المعمرين، وقد فهم آنذاك أن التأميمات وتلك الممارسات، كانت تتم حسب المواقف السياسية لأصحابها من إستيلاء تحالف بن بلة- بومدين على السلطة بالقوة.

mardi 12 juillet 2016

Noam Chomsky : Who Rules the World ?

Par Dr Mahmoud Braham


Tout d’abord, une présentation de Chomsky, quoiqu’assez fameux pour être présenté, semble un prélude incontournable. Théoricien de linguistique, socialiste libertaire et activiste, Noam Avram Chomsky est né en 1928 à Philadelphie d’une famille juive orthodoxe. Après avoir obtenu son doctorat en linguistique en 1955 de l’Université de Pennsylvanie, il devient membre du prestigieux Massachussetts Institute of Technology (MIT). Ce dernier a été accusé par Chomsky d’être lié, d’une manière ou d’une autre, au Complexe militaro-industriel américain (MIC), lorsque cet intellectuel s’est opposé à la guerre du Vietnam. Singulièrement franc et direct, Chomsky n’a pas hésité un moment à critiquer la politique étrangère et les mass-médias américains tout comme les politiques de l’Etat sioniste, allant jusqu’à défendre les opinions dites négationnistes qui mettent en doute l’existence de l’holocauste lui-même. Bien plus, il est allé dans son attitude critique jusqu’à avancer que les Etats-Unis constituent le principal Etat terroriste mondial.
Intellectuel et commentateur international de renom, Chomsky ne cesse d’étonner ! D’abord, par sa production prolifique qui reflète une capacité de travail hors pair puisqu’il ne s’épuise pas une seule année sans qu’on lui lise un volume nouveau. Ensuite, par sa qualité d’observateur persévérant, franc et engagé qui ne ménage pas les grands acteurs de l’échiquier global et à leur tête les Etats-Unis, ni n’est intimidable par ses détracteurs lorsqu’il dénonce leurs manières contestables et contestées d’exercer et de poursuivre la puissance.

mardi 5 juillet 2016

L’Algérie s’enlise silencieusement

Le contre-choc pétrolier le plus violent de ces trente dernières années, un président absent, un déficit budgétaire de trente milliards de dollars et des candidats à la succession qui ne s’accordent sur rien, sauf sur un immobilisme dangereux, rendent la fin du quatrième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika particulièrement incertaine. Malgré certains articles de la presse française qui tendent à faire croire le contraire.
Alors que la situation socio-économique se dégrade, l'immobilisme de l'Etat n'arrange pas les choses
Par Jean-Pierre Séréni
Deux ans après l’éclatement de la crise pétrolière mondiale, l’Algérie est paralysée par un triple blocage qui menace de déboucher sur le pire. L’impasse politique née de l’incapacité des ténors du régime à s’accorder sur un successeur à l’actuel président, Abdelaziz Bouteflika, bien incapable de tenir les rênes du pouvoir, interdit tout progrès sérieux dans la solution de la grave crise financière que traversent l’État et le secteur public. De plus, l’Algérie, qui vit du pétrole et du gaz qu’elle exporte est incapable, à la différence de l’Arabie saoudite, de la Russie, de l’Irak ou de l’Iran, d’augmenter ses exportations et de compenser, au moins partiellement, la baisse des prix par une augmentation des volumes vendus. Sa production se réduit depuis dix ans alors que sa consommation intérieure explose et que diminue son surplus exportable. 

jeudi 12 mai 2016

Les Algériens dans la première guerre mondiale: une étape dans la prise de conscience nationale

Pendant toute la première guerre mondiale, l’Algérie a fourni au pouvoir colonial français non seulement un soutien matériel substantiel, mais surtout des milliers de soldats « indigènes » soumis au service militaire obligatoire et le plus souvent affectés aux sections d’assaut. Zouaves et tirailleurs, encensés pour leur bravoure, n’ont pourtant jamais eu droit à la citoyenneté pleine et entière. Conscients d’avoir aidé la France à l’heure du danger et frustrés par les promesses non tenues, ils ont ouvert le chemin à une revendication de libération nationale que la seconde guerre mondiale confirmera vingt ans plus tard.

L'historien Gilbert Meynier analyse la formation d'une conscience nationale algérienne durant la première guerre mondiale


Par Gilbert Meynier
De toutes les colonies françaises, l’Algérie représenta pour la France, avec l’Afrique-Occidentale française (AOF), la plus grande pourvoyeuse en ressources matérielles et en hommes. Dans ce que l’on dénommait alors l’«  Afrique française du Nord  », c’est à l’Algérie que fut demandé l’effort le plus important. L’Algérie y répondit de fait, à la mesure de ce qui était attendu par le pouvoir colonial, en fournissant le plus clair des capitaux, des produits, ainsi que des hommes pour le front et pour le travail d’usine.

الجزائريّون في الحربِ العالمِيَّة الأولى: مرحلةٌ في صيرورَةِ الوَعيِ الوطَنِي

طوالَ فترةِ الحرب العالميّة الأولى، لم تقدِّم الجزائر لسلطةِ الاستِعمار الدعمَ الماديَّ الكبيرَ وحسب، لا بل وقدَّمت أيضاً آلافَ الجنود الـ“إينديجان”* الخاضعين للخدمة العسكريّة الإلزاميّة والذين غالباً ما تمَّ وَضعُهم في فِرَق الهجوم. لم تَصل الإشادةُ بشجاعةِ هؤلاء الزواويّين والقنّاصة إلى حدِّ إعطائهم حقَّ المواطنةِ الكاملة. فكان أن فتحَ أحساسُ الجزائريين بالغُبنِ إَذ لم تَفِ فرنسا بوعودِها تجاهَهم في حين أنَّهم وقوفوا بجانبِها حين كانت في خَطَر، الطريقَ أمام مطلبِ تحريرٍ وطنيٍّ أتت الحربُ العالمِيَّةُ الثانيةُ لتؤكِّدَه بعد عشرين سنة من ذلك.
المؤرخ الفرنسي جيلبار مينيي
جيلبار مينيي OrienXXI
من كلِّ مستعمرات فرنسا، كانت الجزائرُ، جنباً إلى جنبِ مع أفريقيا الغربية “الفرنسية”، أكثرَ من أمدّها بالمواردِ الماديّة والبشريّة، فهي - في ما كان يعرف آنذاك بـ“إفريقيا الشمالية الفرنسية” - البلدُ الذي طُلب منه بذلُ أكبرَ جهد في هذا المجال. وقد استجابت لهذا الطلب بمقدار ما كانت تتوقعه منها السلطة الاستعمارية، فكانت بلا منازع هي من زوَّد فرنسا بأَوفى جزءٍ من الرساميل والمنتَجات وبرجالٍ للقتال على جبهاتِ الحرب والعملِ في المصانع .

mercredi 4 mai 2016

Hamid Grine selon un journaliste algérien



« Le monde te prend tel que tu te donnes »
Nietzsche, premiers écrits.

Par Lyes Benyoussef
Comment devenir ministrable en Algérie ? L’approche biographique est la plus indiquée, en sociologie, pour y répondre. Examinons un cas. Ministre de la communication depuis 2014, Hamid Grine se présentait comme écrivain et journaliste et le peu d’Algériens qui le connaissaient auparavant ne savaient pas grand-chose sur l’homme. Pourtant, il est intéressant de le connaitre : cela donnerait une idée sur la nature des hommes que le régime algérien autoritaire privilégie de « recruter ». Et avec un système scolaire massifié, le temps où l’on se moquerait des responsables analphabètes ou non-diplômés arrivera bientôt à terme. Il faut se préparer désormais à des docteurs — des docteurs non moins illégitimes, ni moins incompétents que les analphabètes auxquels ils succèdent. Le cas Tliba est intéressant à cet égard. Cependant Grine n’est pas docteur ! 

Auteur médiocre et ministre algérien

Un auteur médiocre

Mais il est écrivain, et ce n’est quand même pas rien…
Les écrivains ne sont pas égaux toutefois. Parmi les écrivains algériens, francophones et arabophones, qui est Grine ? Écrivain médiocre, il aimait user et abuser des noms des grands écrivains (Gide, Camus) dans les titres de ses livres : comme si citer Gide indiquait être de la même trempe que lui ! Pourquoi donc les journalistes présentaient ses livres et avec éloge ? Comme si « le monde te prend tel que tu te donnes », selon l'heureuse phrase de Nietzsche adolescent. Mais suffit-il de se présenter comme grand pour être considéré comme tel ? Non, et c'est ce qu'on va voir.
Grine commence sa « carrière » en écrivant des livres très légers, comme Lakhdar Belloumi, sur l’ancien joueur de football. En 2005, il publie un livre sur les élections présidentielles de 2004 qui furent semblables à toutes celles organisées en Algérie depuis 1946. Il intitule ce livre Chronique d'une élection pas comme les autres !

dimanche 1 mai 2016

Pourquoi le régime algérien tolère ou produit le salafisme



Abdelfattah Hamadache avait émis une fatwa condamnant l'écrivain Kamel Daoud à mort. Il a été condamné à trois mois de prison.
Par Lyes Benyoussef
Rendons hommage, pour commencer, à Sidi Mohamed El Hadi El Hamlaoui, le Cheikh de la zaouïa El Hamlaouïa à Mila, pour son courage et son honnêteté. Il a été le seul à avoir refusé sa zaouïa au sieur Chakib Khelil qui, par une tournée obscène dans les zaouïas du pays, entreprend sa propre promotion politique. Le Cheikh, approché par l’entourage de Khelil, a répondu selon El Watan : « Notre zaouïa a une vocation religieuse et ne se mêle jamais de politique ni de manœuvres politiciennes. » Admirez la précision : « … ni de manœuvres politiciennes. » Ce propos contient en outre une franche acceptation de la sécularité. On comprend aisément qu’il s’agit d’une opinion minoritaire. Cela dit, cet article aborde autre chose : un exemple de l’islam salafiste.

L’islam, une réalité profonde en Algérie

En Algérie, le poids de la religion n’échappe à aucun observateur. L’historien Mohammed Harbi écrit dans un article paru en 1994 : « l'islam est inscrit dans les profondeurs de la réalité algérienne. Il n'est pas une structure religieuse autonome et circonscrite dans une société aux pratiques sécularisées. Il a façonné l'espace symbolique où s'est inscrit le politique. Et l'action de l'État en place depuis 1962 n'a en rien modifié cela parce que jamais n'a été entreprise l'institution d'un nouvel espace national qui aurait opposé sa ferveur civique au poids du religieux. »
Si tel est le cas de l’Algérie, il faut aussi parler avec Edward Said des islams. Par rigueur. Car, on le sait, il y a à peu près autant d’islams que de musulmans, autant de corans que de lectures de coran et autant de lectures que de lecteurs, etc.

Le salafisme quiétiste, un discours somnifère

Un islam en particulier, le salafisme, pose un sérieux problème aux sociétés modernes. Et dans toutes ses variantes : quiétiste, politique et, bien évidemment, djihadiste. C’est que ses adeptes croient que tout ce qui est nécessaire et utile à la vie a été découvert ou inventé il y a 14 siècles. Par les compagnons du Prophète et leurs compagnons, les fameux Salafs (prédécesseurs, ancêtres). Point n’y manque.  Rien à y ajouter.  Il suffit d’appliquer. Et ceux qui s’y refusent sont naturellement considérés comme hérétiques. Le simplisme et la rigidité de ce dogme expliquent que certains salafistes excommunient ouvertement d’autres musulmans. Aussi cet islam salafiste est-il pleinement résumé par la célèbre phrase de Marx, « l’opium du peuple. »

mardi 26 avril 2016

Les causes de l’échec d’Occupy Wall Street, des leçons pour les autres



Après avoir suscité un immense espoir partout dans le monde et non seulement aux États-Unis, le mouvement Occupy Wall Street s’est essoufflé peu à peu pour s’éteindre définitivement — au moins comme mouvement populaire d'envergure. Cet échec, si décevant, appelle l’analyse. D’autant plus qu’actuellement, en France, Nuit Debout semble reproduire certaines de ses erreurs fatales.

Occupy et Nuit Debout

Si la protestation en France commence contre la loi El Khomri, elle ne tarde pas à voir cette revendication diluer, pour ne pas dire disparaître. Et puis se pose la question des porte-paroles sérieusement. Frédéric Lordon, fin analyse du capitalisme contemporain certes, est-il pour autant pertinent dans ses interventions à Nuit Debout et, par ailleurs, le représente-t-il ?  
«Pas de leader, pas de revendication, pas de thématique affichée dans le mouvement Nuit Debout : est-ce une force ou une faiblesse ? », s'interroge Le Monde. Une faiblesse sans doute. Et elle avait déjà caractérisé Occupy. D’où, à mon avis, l’intérêt particulier de l’analyse que propose le journaliste américain Thomas Frank sur cette « contestation amoureuse d’elle-même », publié en janvier 2013 par Le Monde diplomatique. En effet, il n'a jamais suffi d'avoir raison et d'être animé par de bonnes intentions pour réussir, notamment pour un mouvement social.
L. B.
Pourquoi Occupy Wall Street a échoué ?

Par Thomas Frank

Une scène me revient en mémoire à chaque fois que je tente de retrouver l’effet grisant que le mouvement Occuper Wall Street (OWS) a produit sur moi au temps où il semblait promis à un grand avenir. Je me trouvais dans le métro de Washington, en train de lire un article sur les protestataires rassemblés à Zuccotti Park, au cœur de Manhattan. C’était trois ans après la remise à flot de Wall Street ; deux ans après que toutes mes fréquentations eurent abandonné l’espoir de voir le président Barack Obama faire preuve d’audace ; deux mois après que les amis républicains des banquiers eurent conduit le pays au bord du défaut de paiement en engageant un bras de fer budgétaire avec la Maison-Blanche. Comme tout le monde, j’en avais assez.
Près de moi se tenait un voyageur parfaitement habillé, certainement un cadre supérieur revenant de quelque salon commercial, à en juger par le slogan folâtre imprimé sur le sac qu’il portait en bandoulière. Ce slogan indiquait comment optimiser ses placements boursiers, ou peut-être pourquoi le luxe est un bienfait, ou à quel point c’est magnifique d’être un gagnant. L’homme paraissait extrêmement mal à l’aise. Je savourais la situation : récemment encore, j’aurais rougi d’exhiber la couverture de mon journal dans une rame de métro surpeuplée ; aujourd’hui, c’étaient les gens comme lui qui rasaient les murs.
Quelques jours plus tard, je visionnais une vidéo sur Internet montrant un groupe de militants d’OWS en train de débattre dans une librairie. À un moment du film, un intervenant s’interroge sur l’insistance de ses camarades à prétendre qu’ils ne s’expriment que « pour eux-mêmes », au lieu d’assumer leur appartenance à un collectif. Un autre lui réplique alors : « Chacun ne peut parler que pour soi-même, en même temps le “soi-même” pourrait bien se dissoudre dans sa propre remise en question, comme nous y invite toute pensée poststructuraliste menant à l’anarchisme. (…) “Je ne peux seulement parler que pour moi-même” : c’est le “seulement” qui compte ici, et bien sûr ce sont là autant d’espaces qui s’ouvrent. »
En entendant ce charabia pseudo-intellectuel, j’ai compris que les carottes étaient cuites. Le philosophe Slavoj Žižek avait mis en garde les campeurs de Zuccotti Park en octobre 2011 : « Ne tombez pas amoureux de vous-mêmes. Nous passons un moment agréable ici. Mais, rappelez-vous, les carnavals ne coûtent pas cher. Ce qui compte, c’est le jour d’après, quand nous devrons reprendre nos vies ordinaires. Est-ce que quelque chose aura changé ? »

jeudi 14 avril 2016

À propos des nouveaux philosophes et d’un problème plus général



Parmi les nouveaux philosophes, Glucksman et Lévy sont hypermédiatisés alors qu'ils n'ont pas de véritables pensées
Glucksman et BHL, l'absence de pensée comme projet

Cet entretien de Gilles Deleuze a été publié comme Supplément au n°24, mai 1977, de la revue bimestrielle Minuit et distribué gratuitement. Janvier 2004, il est mis en ligne dans le site de la revue Multitudes. Étant depuis supprimé on ne sait pourquoi, je le republie ici tel quel. Le grand philosophe français y aborde « les nouveaux philosophes » comme épiphénomène. Leur réussite médiatique, malgré la nullité totale de leurs ouvrages (ce que tous les intellectuels sérieux admettent) révèle d’après Deleuze une tendance de notre époque qui les dépasse.
 
Gilles Deleuze (1925-1995), un grand philosophe français du 20e siécle
Gilles Deleuze
- Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?
- Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis…, moi, en tant que soldat du Christ…, moi, de la génération perdue…, nous, en tant que nous avons fait mai 68…, en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants… »). Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là. On essaie de former des concepts à articulation fine, ou très différenciée, pour échapper aux grosses notions dualistes. Et on essaie de dégager des fonctions créatrices qui ne passeraient plus par la fonction-auteur (en musique, en peinture, en audio-visuel, en cinéma, même en philosophie). Ce retour massif à un auteur ou à un sujet vide très vaniteux, et à des concepts sommaires stéréotypés, représente une force de réaction fâcheuse. C’est conforme à la réforme Haby : un sérieux allègement du « programme » de la philosophie.

mercredi 13 avril 2016

La principale différence entre l'Occident et l'Orient selon Gaston Bouthoul



 
Le grand sociologue français Gaston Bouthoul explique la différence entre Orient et Occident
Gaston Bouthoul (1896-1980)
« La principale différence entre la civilisation occidentale, telle qu’elle est née dans la Grèce antique, et les civilisations orientales traditionnelles est que chez ces dernières la science et la philosophie étaient ésotériques, réservées à des collèges sacerdotaux ou à une aristocratie recrutée par cooptation comme les mandarins chinois. Ce fut le scandale du ''Miracle grec'', que de voir les arcanes de la science et de la philosophie exprimées en langage vulgaire et discutées sur la place publique. Depuis, suivant que prédomine dans l’histoire l’influence de l’Orient ou celle de l’Occident, on a vu s’affirmer cette tendance à la vulgarisation ou monopoliser la pensée par des collèges restreints. »
Gaston Bouthoul, Biologie sociale, PUF, 3e éd., 1976, p. 117

mardi 12 avril 2016

Pourquoi le système politique algérien est irréformable 2/2


Abdelaziz Bouteflika le 10 avril 2016. Il est malade depuis 2005, gravement depuis 2013.
Le visage d'un système abominable


Par Lyes Benyoussef



4. La hiérarchie militaire

Même dans l'armée, ce qu'on appelle les « jeunes officiers » sont fascinés par des supérieurs richissimes et omnipotents, dont certains devenus mythiques à leurs yeux. Chacun des généraux (au risque d’ennuyer le lecteur, je vais réutiliser le mot) analphabètes fonde une dynastie. Les « jeunes officiers » ne rêvent que de les remplacer avec toujours les privilèges auto-octroyés, l'inculture et l'anti-démocratie. C'est pourquoi l'exemple portugais (c’est-à-dire les capitaines démocrates révolutionnaires) ne sera pas réédité en Algérie.  Ahmed Rouadjia écrit : « La jeune génération d’officiers plus instruits et mieux formés que leurs aînés dans les grandes écoles soviétiques, occidentales et nationales, après l’indépendance, s’est trouvée complètement inféodée, bridée puis maintenue en laisse par la gérontocratie de militaires hauts gradés, comme le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, et d’autres généraux du même acabit. Usés jusqu’à la corde par le pouvoir, gangrenés par la corruption, contaminés par le goût de la licence et de la luxure, certains officiers hauts gradés ont une conception d’autant plus étroite et étriquée du monde qu’ils n’ont pas d’autres projets grandioses que ceux de dépouiller l’État de ses prérogatives régaliennes en vidant le trésor public à la faveur de l’économie rentière. » Loin de répugner les jeunes, ils les fascinent. Il n'y aura jamais de militaire sauveur en Algérie.

Pourquoi le système politique algérien est irréformable 1/2



Le destin de l'Algérie semble tragique
Par Lyes Benyoussef
La dernière apparition de Bouteflika, outre son pathétisme (voulu ?), devrait rappeler à ceux qui l’ont oublié la déliquescence avancée de l’État algérien. Tout le monde est aujourd’hui conscient de l’extrême vulnérabilité de cet État qui pourrait, dans sa chute, provoquer un désastre dont la société ne se relèvera jamais. Comme l’écrit Ali-Yahia Abdennour dans son dernier livre, « le risque de retour à la violence est réel. » (Lire des extraits sur le système politique et sur la Kabylie et la régionalisation.) Il est probable que l’épuisement du FRR (Fond de Régulation des Recettes) — que les plus optimistes des experts donnent pour 2 à 3 ans — entraîne une recrudescence de la violence, terrorisme et répression. À la fin des années 80, on parlait, dans un contexte à certains égards préférable à l’actuel, d’une Algérie se dirigeant vers l’inconnu. Sauf pour ceux parmi nous qui se sont volontairement aveuglés, l’inconnu est désormais connu : il s’agit de la guerre civile.
Bien que l’absence de projet économique et social sérieux soit manifeste, le système politique refuse toutes les leçons de l’histoire, algérienne et mondiale, en consolidant son autoritarisme comme s’il n’était pas illégitime, comme si les dirigeants étaient compétents et comme si cette attitude irrationnelle serait productive. Pourquoi donc le système politique algérien refuse-t-il de se réformer ? Esquisse d’une réponse :

De l’État-DRS à l’État-oligarchies, l'Algérie n’aurait pas de «happy end»



Le Politologue Rachid Tlemçani analyse la conjoncture actuelle en Algérie

Par Rachid Tlemçani
L’ancien ministre de l’Energie et des Mines, ami personnel du chef de l’Etat, est revenu au pays après avoir quitté le territoire national alors qu’un mandat d’arrêt était toujours lancé contre lui.
Le 17 mars 2016, il est reçu à l’aéroport d’Oran avec les honneurs, comme s’il était en visite officielle aux Etats-Unis. «Un dispositif d’accueil digne du personnage» a été mis en place, a tenu à préciser la chaîne de télévision Ennahar, très proche du cercle présidentiel, qui a eu la primeur de l’information.
«Les anciens responsables doivent être respectés», a défendu le ministre de l’Intérieur. Ce retour sous la bénédiction des néo-conservateurs américains a été préparé et organisé de longue date. Auparavant, Chakib Khelil a été l’invité d’honneur aux festivités du 1er Novembre 2015 à l’ambassade d’Algérie à Washington. Comme première sortie publique, la légitimité historique est perçue comme un préalable à la prise de pouvoir.

mardi 29 mars 2016

Main basse des oligarques algériens sur les médias audiovisuels



Les chaînes privées sont nées en Algérie après le printemps arabe. Pendant un demi-siècle, il n'y en avait pas.

Par Lyes Benyoussef
Le contrôle des médias, de ce qui s’écrit et de ce qui se dit, est une caractéristique de tout autoritarisme à travers l’histoire — y compris l'algérien. Toutefois, des journaux en Algérie, à la suite des évènements d’Octobre 1988 et de l’ouverture « sous surveillance » consentie par le régime de Chadli Benjdid, ont pu maintenir un minimum de liberté et constituer un espace critique à l’égard du pouvoir. Après tout, celui-ci, avec une police politique redoutable car omnipotente, pouvait censurer quand il le jugeait nécessaire. Et ce fut le cas de nombreuses fois. Pour avoir été censuré par la police politique, nombre de journalistes algériens en tirent fierté. Cependant, les journaux, dont le lectorat est limité, notamment les plus critiques — tous francophones malheureusement —, ne jouent pas le même rôle avec les masses populaires que la télévision.

dimanche 27 mars 2016

Une laïcité agressive comme cause de radicalisme djihadiste



Les combattants étrangers de Daech montrent leurs visages.

Par Lyes Benyoussef

Dans un article publié jeudi dernier dans la revue Foreign Affairs, The French Connection, deux chercheurs américains, William McCants et Christopher Meserole établissent un lien entre djihadisme sunnite et culture politique française. En effet, ces deux auteurs, tout en reconnaissant l’existence de facteurs différents qu'ils relèvent par ailleurs, affirment que leur « recherche révèle qu’un autre facteur peut jouer un rôle : la culture politique française. »

dimanche 20 mars 2016

Témoignage de Mostefa Lacheraf sur une réforme de l'école algérienne

Dans les circonstances actuelles, le lecteur algérien appréciera assurément ce témoignage de feu Mostefa Lacheraf (intellectuel et politique qui n'est pas à présenter, décédé en 2007) sur l’école algérienne et une tentative de réforme qui s’est déroulé à la période de Boumediene, tiré de ses mémoires. Bonne lecture. 
L. B.

Intellectuel et politique, Mostefa Lacheraf fut ministre de l'éducatiion en 1977. Il est mort en 2007.

Par Mostefa Lacheraf
«En avril 1977, ayant été nommé ministre de l’Éducation nationale dans le dernier gouvernement de Boumediene et, cela, malgré mes refus répétés, je me vis aussitôt en butte aux attaques et sabotages du clan des conservateurs activistes qui, dans la chasse gardée de l’enseignement à ses différents degrés, avait réalisé depuis 1962 l’union sacrée entre les débris déphasés de certains vieux Oulémas et la nouvelle vague d’arabisants frénétiques et médiocres dominés par le Baath.

L'entourage de Houari Boumediene vu par Rachid Boudjedra

En 1992, le romancier algérien Rachid Bouedjedra publie un pamphlet très virulent contre le FIS, Front islamique du salut. Néanmoins, le livre ne se réduit pas aux propos dégradants qu'il tient contre les islamistes (comparés à des « rats pestiférés et enragés », etc.) Boudjedra reste en effet un témoin précieux de l'Algérie indépendante. Ainsi, FIS de la haine évoque, par exemple, l'entourage de Houari Boumediene. Extraits (les notes sont miennes). 
L. B.

Anti-islamiste virulent, Rachid Boudjedra est l'auteur de FIS de la haine

Par Rachid Boudjedra
«[Boumediene] était aveuglé par la passion du pouvoir dont il fut un ascète rigoureux pendant les cinq premières années de son règne ; et pour ce faire, il s’était entouré — paradoxalement — d’officiers algériens qui avait servis dans l’armée française pour leur compétence d’abord et pour les avoir et sa merci, vu leur passé louche et trouble. En bons militaires disciplinés, ceux-ci furent à la botte de leur chef, certains à sa dévotion, exécutant ses ordres, le récupérant très vite, le séduisant en un tour de main.

Ali-Yahia Abdennour : Tamazight, la Kabylie, la régionalisation (Extraits de son dernier livre 2/2)


Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu'il a engendré

Lire d'autres extraits Sur le Système politique ici.

Voici d'autres extraits de Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu'il a engendré de Ali-Yahia Abdennour, qui aborde la Kabylie, la culture amazighe et la régionalisation. Les sous-titres sont miens. Bonne lecture.



Tamazight


La nation consolide son unité en reconnaissant la diversité culturelle et linguistique. Le droit de vivre dans sa propre langue doit être proclamé, ainsi que le droit de l’enseigner sur tout le territoire national, de l’école primaire à l’université. Tamazight, langue nationale de millions d’Algériens, doit être considérée comme langue nationale obligatoire à l’école. C’est un droit, une obligation éthique, une nécessité vitale.
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