Par Fayçal Métaoui
L’opinion nationale a été choquée d’apprendre que la famille de Mouammar El Gueddafi était entrée en Algérie avec l’accord des autorités d’Alger. Le ministère algérien des Affaires étrangères a été obligé d’annoncer la nouvelle après avoir informé ses partenaires étrangers.
Ce même ministère, qui peut être cité comme modèle en matière de communication nulle, a multiplié les démentis au point de susciter des doutes. Des démentis relatifs aux informations se rapportant aux relations entre le pouvoir algérien et le régime finissant d’El Gueddafi. Le département de Mourad Medelci n’a-t-il pas nié l’entrée d’un convoi de voitures blindées par les frontières terrestres algéro-libyennes, tel que rapporté par l’agence de presse égyptienne, avant de le reconnaître implicitement ? Ce convoi était bel et bien celui de la famille du dictateur libyen.
Les Algériens, qui suivent de près l’actualité libyenne grâce aux chaînes de télévision arabes et occidentales, ont été les derniers à être au courant. Comme d’habitude. Certains ont pu être sensibles à l’argument officiel des autorités mettant en avant «les raisons humanitaires». Il est vrai que la famille d’El Gueddafi ne peut pas être tenue pour responsable des agissements criminels du tyran, même si Aïcha et Hannibal ont les mains sales. Aïcha a même qualifié ceux qui s’opposent à son père de «rats» qu’il faut exterminer. Le Conseil national de transition (CNT) libyen a tout à fait le droit de vouloir juger certains des membres du clan El Gueddafi. Mais au-delà des aspects «humanitaires» invoqués à Alger, des interrogations s’imposent d’elles-mêmes : l’Algérie a-t-elle élevé, une seule fois, la voix pour dénoncer les viols collectifs, les accouchements prématurés, les disparitions forcées imputables aux milices du dictateur libyen de Tripoli ?
L’Algérie, qui a critiqué l’action de l’OTAN en Libye, a-t-elle demandé au régime d’El Gueddafi de ne pas envoyer des missiles Scud sur les villes telles que Brega, Misrata et Ras Nalout ? Contrairement à la Tunisie, l’Algérie n’a pas montré la même générosité avec les réfugiés libyens qui fuyaient les combats au début du conflit, et qui se présentaient aux frontières sud ? A un moment donné, on a même tenté de fermer ces frontières terrestres. A décharge de l’Algérie, des aides alimentaires et médicales ont été expédiées en Libye. Mais dans quel cadre ? Pas d’indications. Comme pour Aïcha El Gueddafi, les autorités algériennes permettront-elles aux centaines de femmes libyennes, aujourd’hui dépourvues de toit et de moyens de subsistance, d’accoucher en Algérie ? Soutiendra-t-elle les milliers d’enfants sans famille qui errent dans les rues dévastées des villes libyennes ?
Au-delà du discours exagéré, amplifié par les milieux officiels à Alger, sur la supposée présence d’Al Qaîda parmi les rebelles libyens, la diplomatie algérienne, dont l’indolence est devenue historique, doit aujourd’hui, et pas demain, clarifier la position politique et stratégique de l’Algérie en tant qu’Etat. C’est probablement le seul moyen pour éviter de répondre crûment demain à la question de savoir si Alger est contre ou pour la nouvelle Libye ? L’histoire n’attend pas les retardataires.
Fayçal Métaoui
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