Par
Lyes Akram
Avec
les explosions fracassantes des peuples dans le monde arabe depuis janvier
dernier, l’élément féminin a pu s’imposer comme acteur social majeur.
L’importance qui lui est accordée est de plus en plus manifeste. Par exemple
par le nombre de femmes dans la Constituante Tunisienne. En Egypte, on voit que même les salafistes,
l’élément «archi-réactionnaire» (comme le veut la qualification de Samir Amin)
des sociétés arabes, ont accepté cette affirmation féminine en tentant néanmoins
de la «voiler». Et l’actuelle conjoncture, à l’évidence unique, est certes
celle où se débattent les questions les plus essentielles. Avec des peuples en
plein éveil, les grands thèmes peuvent être éclairés conduisant ainsi, par le
dialogue fécond, à l’adhésion populaire aux projets qui visent sincèrement à
libérer tant l’individu que les peuples, si et seulement si les enjeux sont bien
identifiés et la raison demeure maitresse.
Ainsi
donc, on lit ici et là sur des initiatives, parfois louables, parfois
imbéciles, de femmes voulant rappeler, chacune à sa manière, la noble cause des
droits de la femme à l’ordre du jour. Mais il se trouve, malheureusement, que
ce sont toujours celle qui n’ont aucun intérêt qui font le plus de bruit. Comme
en Occident lorsqu’on programmait des pseudo-débats sur le voile (où on voit
des questions du genre : est-il un devoir ? une obligation
secondaire, superfétatoire ? un rite ?, alors que l’habit est une
question personnelle et le voile n’est qu’un habit).
Puisque
j’ai évoqué le voile, je dois dire qu’à en juger du voile le plus répandu
aujourd’hui, je ne pense pas me tromper lorsque je qualifie sans réserve les
femmes le portant de «modernistes». Qasim Amin, auteur du célèbre Tahrir El
Maraa (La libération de la femme, paru en 1899 !) en serait ravi, lui qui
a fait de la libération des femmes Arabes une condition sine qua non de
la «renaissance». Car la seule critique objectif que peut faire des voiles est
celle qu’ils constitueraient des entraves aux femmes qui veulent prendre leur
place au sein de la société (et non pas l’imbécile et débile thèse qui tend à
réclamer de l’éradiquer puisque il serait l’étendard de «l’Islam politique»). Il
n’est point superfétatoire de dire cela aujourd’hui et maintenant parce que
c’est avec inquiétude que j’observe chez certains semi-analphabètes voulant
faire du dévoilement de la femme un critère de modernité ! Que d’aucuns
veulent le faire accroire comme étant leur «conception» de cette modernité est
une chose, mais dire qu’il s’agit là d’un quelconque élément nécessaire pour
accéder à la modernité, se dire de «gauche», constitue une toute autre chose.
La
libération des femmes devient une sorte de perversion avec certains gens,
américanisés à l’extrême, et incapables de saisir la réalité.
Le
sommet de la dégénérescence a été atteint en Egypte avec Aliaa Magda Elmahdy qui
exhibe dans son blog (Blogger «l’américain» vous avertit avant d’accéder à son
blog qu’il contient un matériel explicite) quelques photos d’elle totalement
nue, et, sous une mine presque timide, une paire de seins et en bas une fente,
en somme un charme féminin étalé comme un échantillon d’une marchandise.
Et
alors ? Son corps lui appartient, et
elle seule, et elle en fait ce qu’elle veut, diraient certains. Là n’est
pas le problème et je ne peux en convenir plus. C’est bien son droit de
célébrer le nudisme si elle le veut (j’aurais tout de même le droit de nommer
les choses par leur noms : «nudisme», il s’agit bien de cela) mais le
problème est lorsque son blog porte le titre de mudhakiratou tha’ira (mémoires
d’une révolutionnaire !), ce qui indique une profonde confusion chez la
belle femme. Personnellement, si je me permis de donner mon opinion – laissant
mon goût esthétique à coté –, je n’arrive pas à voir le coté «révolutionnaire»
dans le fait qu’une jeune femme expose ses seins et son pubis dans une photo …
Et
l’affaire n’est pas à son terme (son blog est un franc succès : près de
cinq millions de visiteurs uniques en un mois et demi !) puisque Aliaa
Magda Elmahdy l’Egyptienne a fait des émules. Une actrice tunisienne (je ne
pense pas qu’elle sera gêné si je la qualifie d’«inexplorée»), Nadia Boussetta,
s’est posée pour un magazine presque nue. Puisque c’est l’effet qui compte, les
journaux arabes ont comparé les deux femmes, assimilés toutes deux à des
porte-paroles du féminisme par certains ou à des prostituées (’ahirate) par
d’autres. Toutefois, avec l’actrice, la question est différente et ne relève
pas de la confusion d’idées (le cas précédent) mais de l’aliénation culturelle.
La demoiselle nous dit que son entreprise est «naturelle» (tabi’i) et ce n’est qu’une
«publicité» pour son prochain film. Il devient ainsi évident que les deux cas
sont différents et n’ont presque rien en commun, à part que c’est «l’audace» de
la première qui a inspirée la seconde.
On
voit donc que la confusion décelée chez la nudiste égyptienne est répandu parmi
les médias et le public en général, car ils présentent ces deux femmes comme
féministes en avant-garde du combat pour les droits des femmes.
Fort
heureusement, beaucoup de femmes courageuses, certainement non moins belles que
la nudiste, et totalement dévouées au combat pour la libération de la femme et
contre l’archaïsme, la misogynie, le machisme, l’obscurantisme, l’arriération,
etc., ne sont pas victimes de cette fausse perception de la réalité, de
l’auto-illusion (je n’en doute pas un instant : Aliaa Magda Elmahdy est
sincère et se croit héroïne). Je cite ici le cas très intéressant de la
journaliste Rowaida Mroue, Libanaise (ses articles sur le Sahara Occidental
laisse pantois, est-elle pro-Makhzen ?), et si cela vous tient elle est
non-voilée, que je qualifie de rationaliste pour sa position de la manière de
militer pour arracher les droits de la femme.
A
en juger de son article d’hier sur El-Quds Al-Arabi (page 12), elle semble
partager mon avis. Mais elle, puisque femme directement concernée, est plus
ferme : «Je n’accepte pas comme beaucoup de militantes dans le monde arabe
que vous réduisez notre militantisme des années durant afin d’améliorer le
statu de la femme dans la société et dans les médias à cet outrageant ‘‘corps
nue de femmes’’. ‘‘Nous’’, femmes Arabes, avons milité pour faire tomber des
régimes et emmener des visages nouveaux dans les gouvernements et les
parlements, pour changer des politiques économiques désastreuses, pour garantir
la scolarité à tous et à toutes, pour une médecine de qualité pour nos
sociétés… Donc, je vous prie de ne pas réduire nos combats dans la libération
de la chaire et ce langage charnel, nous le refusons catégoriquement»,
affirme-t-elle. Quelques lignes après avoir soutenu qu’«il n’y a rien de plus
sacré dans l’univers que les droits de la femme», Rowaida Mroue
s’interroge : «Est-ce vraiment les hommes qui ont vu les paires de seins
nues de ces femmes changeront leur vision archaïque de la femme Arabe,
profondément stéréotypée ?… Est-ce que les appels au nudisme et à faire le
sexe en public vont changer la réalité des jeunes filles Arabes, victimes
d’harcèlements sexuels à cause de l’absence de valeurs morales dans l’esprit
des hommes Arabes ? Changeront-ils la position des législateurs pour
criminaliser la violence familiale, l’harcèlement sexuel, le viol des mineurs
et autres aspects de la violence dont sont victimes les femmes ?…».
En
conclusion, elle dénonce les médias qui se concentrent sur des futilités et ou
sous-estiment ou surestiment les évènements dans le monde arabe sans aucun
critère puis elle dit que : «la révolution avant de pulvériser des régimes
politiques doit contenir toute femme au buste nu voulant se faire le modèle de
la femme arabe en délivrant leur message à l’opinion publique, et afin que les
déclarations des nudistes ne deviennent pas l’unique message (féminin) à la
jeunesse arabe…».
L’article
argumenté de Rowaida Mroue, et son militantisme, sont dignes d’intérêt.
Les
lecteurs arabes ayant lu l’article (disponible dans mon blog) le savent, mais
combien sont-ils ? Car le corps sybarite et la paire de seins nus de Aliaa
Magda Elmahdy ont déjà trouvé près de cinq millions de contemplateurs.
Il
est vrai que l’effet de l’image est plus puissant que celui des mots !
L.
A.
on ne peut pas laisser faire n'importe quoi ace genre de femmes "modernes" et comme tu le dis cela s'emplifient ,donc moi aussi je condamne le sexisme et la provocation de ces courtisanes
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