Par
Yahia Bounouar
La
réunion autour de l’initiative de changement démocratique qui s’est tenue
le 4 mai 2012, à Alger et à Genève par vidéoconférence a lancé un processus
politique que le régime aura bien du mal à stopper. Porté par la volonté
de la très grande majorité des citoyens qui aspire à un changement radical du
système politique en place depuis l’indépendance du pays, cette dynamique
cherche avant tout à rassembler au-delà des contingences idéologiques.
Contrairement à ce qu’affirme un site d’information très proche des services de
renseignements, dirigé par le fils du général à la retraite Khaled Nezzar, il
n’y avait pas de « cadres du FIS » et ce parti n’a été associé, ni de
près, ni de loin, à cette réunion.
Un rapide aperçu, du reste, des signataires
présents et des soutiens déclarés, lève toute équivoque. Il y avait bien, par
contre, des représentants de la société civile qui activent sur le terrain, des
représentants de différents courants politiques y compris le courant islamiste,
des militants des droits de l’homme, des chômeurs qui se battent chaque jour
pour leur dignité, des anciens de l’ANP, rejetés avec mépris après avoir servi
leur pays, des anciens responsables politiques qui avec courage ont reconnu
avoir fait fausse route, des familles de disparus qui réclament courageusement
vérité et justice. Cette première réunion organisée à Alger et à Genève, qui a
regroupé de nombreux acteurs politiques, des universitaires et des
scientifiques, a jeté les bases d’une conférence nationale pour un changement
démocratique radical et pacifique.
Le
projet de plateforme qui a été discuté, comporte les conditions et les méthodes
de ce changement. Autour de quatre grands principes ( la radicalité du
changement, l’attachement à la non-violence, la préservation de l’unité
nationale et territoriale et l’instauration d’un état de droit), cette
initiative a vocation à rassembler tous ceux qui s’y reconnaissent, sans
aucune exclusion. Elle propose également une feuille de route pour une période
de transition indispensable, avec comme socle, l’élection d’une assemblée
constituante pour refonder une Algérie, démocratique, plurielle, apaisée et
mettre en place une autorité politique légitime et forte du soutien du peuple
pour affronter les défis internationaux. Cette plateforme, proposée comme
projet, reste ouverte à toutes les discussions, remarques et amendements. Elle
devrait être adoptée lors de la conférence nationale qui se tiendra
prochainement et elle constituera un texte de base pour une dynamique populaire
vers un changement démocratique.
Porteuse
d’une inévitable explosion, la situation du pays, impose aujourd’hui, plus que
jamais, de se rencontrer, d’échanger, de débattre, chacun avec sa sensibilité
et ses convictions pour trouver ensemble une solution pacifique à l’impasse
dans laquelle le régime bloque l’Algérie. C’est ensemble que nous contourneront
l’affreux dilemme dans lequel le régime cherche à nous enfermer et qui
consiste à dire avec cynisme : le régime ou le chaos.
Le
régime actuellement en place, chacun le sait, chacun en convient, publiquement
ou à demi-mots, y compris en son sein, est devenu, non plus seulement un
facteur de blocage, un élément de non développement, mais une menace pour le
pays. Son illégitimité, son incompétence, sa logique prédatrice dans la gestion
des richesses du pays, son isolement sur la scène internationale et régionale
en font le régime le plus faible depuis l’indépendance.
Cela
met l’Algérie, tout entière, dans une situation très inconfortable. Face à
cette situation, il nous appartient, de proposer à nos concitoyens une autre
voie, un autre avenir, dans la démocratie et la souveraineté du peuple, dans le
travail et le mérite, la compétence et la transparence, la justice et l’égalité
devant la loi.
Le
changement pacifique est possible. Il est même à portée de main, à condition de
commencer par s’écouter, se parler, se comprendre, comprendre les craintes des
uns et des autres, sortir des procès d’intention, se parler en partenaires et
non plus en adversaires, unis, au bout du compte, par l’Algérie et son devenir.
Yahia
Bounouar
In KalimaDZ 07 mai 2012
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