Par
Lyes Akram
«Pourquoi
la CNAS veut
étrangler El Watan», titre celui-ci dans sa Une du 23 janvier 2012. En effet,
l’article de Madjid Makedhi ne suffit guère pour résumer la situation du
journal que pour ses lecteurs assidus. Pour les autres, je m’efforcerai de
montrer, dans les lignes qui suivent, brièvement et n’usant que de la
production d’une année (2011) de ce journal bien particulier à maints égards,
pourquoi le régime, à travers sa CNAS (sinon autrement, peu importe le moyen),
veut (et, si la «société civile» se tait, va) museler et «domestiquer» en
définitive ce journal.
Après
«les émeutes» dites «de l’huile et du sucre», début janvier 2011, confirmant le
paradigme selon lequel l’Algérien est dans une large mesure réductible en tube
digestif, les réactions ont fusé. Le 05 février 2011, Lahouari Addi, éminent
sociologue et auteur de plusieurs essais sur l’Algérie, considéré par le
politologue américain William Quandt comme le plus sophistiqué analyste du régime
algérien, publie dans les colonnes d’El Watan sa « Solution pour une
sortie de crise ». Et, noir sur blanc, il écrit après avoir analysé la
situation du pays : «Les mesures à prendre
(…) sont : Destitution de Abdelaziz Bouteflika ; radiation de
l’ANP de Tewfik Médiène et de ses proches collaborateurs ; Dissolution de
tous les services du DRS, à l’exception de ceux de l’espionnage et du
contre-espionnage (…)». C’était une véritable première pour un journal
algérien. Et l’année n’était qu’à son début.
Avec la livraison du 15 mars 2011, même l’opposition radicale, aussi bien laïque qu’islamiste, n’avait pas cru ses yeux. A la Une d’El Watan, on lit : «Police politique : l’Algérie otage de ses ‘‘moukhabarates’’». Un dossier de trois pages. Dans l’article signé Hacen Ouali, on peut lire que : «le DRS issu historiquement du MALG est responsable de tous les problèmes qu’a connus le pays depuis son indépendance…». Puis deux entretiens, avec Rachid Grim, politologue connu, et Chafik Mesbah, colonel «retraité» du DRS (sur lequel mille doutes planent). Pour ce dernier, une «reconversion» des services est nécessaire ; pour le premier, «dans la pratique, la police politique existe» bel et bien. Voilà donc depuis 1962 le premier dossier dans la presse algérienne traitant de cet organisme mêlé vraisemblablement dans toutes les exactions et autres turpitudes qu’aura connu le pays.
Le 19 mars 2011, un groupe de citoyens issus de divers horizons créent le FCN, le Front du Changement National (à ne pas confondre avec le parti du lèche-babouche Madjid Menaçra qui, honteusement, a usurpé le sigle), dont l’organe d’information est le Quotidien d’Algérie. C’est, autant que je sache, la seule et unique structure politique qui regroupe des patriotes de diverses obédiences politiques (Lahouari Addi, Salah-Eddine Sidhoum, Yahya Bounouar…). Ils envoient à tous les journaux du pays, aussi bien arabophones que francophones, un communiqué de presse expliquant la démarche. El Watan s’est distingué en étant le seule journal qui a publié l’information, le 23 mars 2011, dans la même édition où il a publié l’intégralité du «Message de Hocine Ait-Ahmed aux Algériennes et aux Algériens» où le patron du FFS, fidèle à ses principes, plaide «pour une assemblée constituante».
Avec la livraison du 15 mars 2011, même l’opposition radicale, aussi bien laïque qu’islamiste, n’avait pas cru ses yeux. A la Une d’El Watan, on lit : «Police politique : l’Algérie otage de ses ‘‘moukhabarates’’». Un dossier de trois pages. Dans l’article signé Hacen Ouali, on peut lire que : «le DRS issu historiquement du MALG est responsable de tous les problèmes qu’a connus le pays depuis son indépendance…». Puis deux entretiens, avec Rachid Grim, politologue connu, et Chafik Mesbah, colonel «retraité» du DRS (sur lequel mille doutes planent). Pour ce dernier, une «reconversion» des services est nécessaire ; pour le premier, «dans la pratique, la police politique existe» bel et bien. Voilà donc depuis 1962 le premier dossier dans la presse algérienne traitant de cet organisme mêlé vraisemblablement dans toutes les exactions et autres turpitudes qu’aura connu le pays.
Le 19 mars 2011, un groupe de citoyens issus de divers horizons créent le FCN, le Front du Changement National (à ne pas confondre avec le parti du lèche-babouche Madjid Menaçra qui, honteusement, a usurpé le sigle), dont l’organe d’information est le Quotidien d’Algérie. C’est, autant que je sache, la seule et unique structure politique qui regroupe des patriotes de diverses obédiences politiques (Lahouari Addi, Salah-Eddine Sidhoum, Yahya Bounouar…). Ils envoient à tous les journaux du pays, aussi bien arabophones que francophones, un communiqué de presse expliquant la démarche. El Watan s’est distingué en étant le seule journal qui a publié l’information, le 23 mars 2011, dans la même édition où il a publié l’intégralité du «Message de Hocine Ait-Ahmed aux Algériennes et aux Algériens» où le patron du FFS, fidèle à ses principes, plaide «pour une assemblée constituante».
Toujours
le 19 mars, trois intellectuels et opposants radicaux, Salah-Eddine Sidhoum,
Lahouari Addi et Djamel Zenati lancent un «appel pour un sursaut national».
Devinez quel était le seul journal à en avoir parlé ? El Watan,
effectivement, dans son édition du 21 mars 2011.
Suite
au déclaration de Ali-Yahia Abdennour, qui a noté que l’état de santé de
Bouteflika ne lui permet pas d’exercer pleinement ses fonctions, en suggérant
ainsi à l’armée de prendre les mesures nécessaires, Lahouari Addi, le 05 mai
2011 à travers les colonnes d’El Watan toujours, dans un article à l’intitulé
fort dénotant «Le dernier coup d’Etat», réaffirme que, après avoir expliqué que
l’Algérie vit un situation complexe de «coup d’Etat permanent», le seul chemin
pour que l’Algérie sorte de l’impasse suicidaire actuelle est : «La
destitution de Bouteflika pour maladie et incompétence, et la dissolution du
DRS pour activités illégales…»
Notant
aussi qu’El Watan ne pourrait pas avoir été choisi au hasard par Ali-Yahia
Abdennour pour publier toutes ses contributions, lui qui connait la presse si
bien, ayant été dénigré par des pseudo-journalistes obséquieux et animés par
des pulsions morbides pendant près de vingt ans ! Pareil pour le cercle
Nedjma avec le grand historien Mohammed Harbi et autres…
La
liste n’est que longue. Mais la presse algérienne a érigé l’autocensure en
règle, avec des journaux tels des prostituées habituées à des clients
prédéfinis. Comment est-ce que des journalistes qu’on sait connectés dans les
réseaux sociaux ne rapportent pas un kidnapping d’un citoyen algérien qui n’a
jamais commis de crimes. Untel a été kidnappé et point. Il parait que c’est
demander trop ! Il s’agit, en effet, de Noureddine Belmouhoub,
porte-parole des anciens déportés dans les camps de concentrations du sud. C’était
le 23 octobre 2011. Encore une fois le seul journal à avoir rapporté
l’enlèvement dès le lendemain, le 24, était El Watan, sous la plume de Mehdi
Bsikri. Cela a coïncidé avec le jugement du général Khaled Nezzar en suisse.
Sur ce sujet, et pour constater la différence, je suggère la lecture des
articles d’El Watan daté 23, 24 et 25 octobre, et, les comparer au Soir
d’Algérie qui nous a fait une présentation romanesque du général. Hani
Mostagnanemi, toute honte bue, écrit le 16 novembre 2011 à propos de Khaled
Nezzar : c’est un «décideur qui a été immense par les services qu’il a
rendus à l’institution militaire et à la patrie. Son désintérêt pour le pouvoir
donne à ses paroles un incontestable accent de sincérité (…). C’est cela
Nezzar, un hussard au grand cœur venu à la politique par défaut quand, au
moment de la grande épreuve, ceux qui s’en prévalaient ‘‘légitimement’’
avaient, tous, déclaré forfait.» Ces propos se passent de tout commentaire…
Le
10 novembre, Hocine Malti, expert pétrolier et auteur d’un livre, L’histoire
secrète du pétrole algérien, publie dans la page 2 d’El Watan une contribution,
Heurs et malheurs du pétrole algérien. Il a fait plus qu’égratigner l’égo de
nos décideurs criminels. Nul besoin d’évoquer les colloques organisés par El Watan
qui, selon les thèmes traités, comme par exemple le «printemps arabe», ont
exposé les tares du régime méthodologiquement.
Rappelant
enfin le dossier de ce journal, le 11 janvier 2011, à l’occasion du 20e
anniversaire du coup d’Etat militaire de Nezzar et ses acolytes et ses séides…
En
outre, et cela a laissé les internautes algériens pantois, El Watan a publié
une pétition signée par plusieurs Algériens demandant à la justice suisse de
poursuivre la procédure judiciaire enclenché à l’encontre du même Nezzar !
Le régime a, sans nul doute, vacillé !
Journalistes jeunes et compétents
Ces
contributions et prises de positions d’opposants radicaux sont loin de
constituer le seul atout de ce journal. En fait, et en toute objectivité, cela
est même bien moins important que la qualité du journal, y compris dans les
rubriques régionales, et, surtout, les thèmes de reportages dont une équipe de
jeunes journalistes, a pu redonner son vrai sens. Car, si la presse arabophone
a pulvérisé tous les records connus jusqu’ici en matière d’obséquiosité et de
pusillanimité, la presse francophone, elle, se trouve otage de quelques
cohortes de vieillards à la vie longue, semi-alphabètes au demeurant, mais
autoproclamés dans cette Algérie des paradoxes, «spécialistes», «experts», «intellectuels»,
puisque actionnaires, et dont la pensée, qui relève, il est vrai, de la
pathologie infantile, se résume en cette allégation qui subjugue uniquement les
imbéciles : «nous, nous avons fait l’école primaire des années 1960, nous
sommes donc des génies pluridisciplinaires de nos jours». S’ils avaient un
quelconque ersatz de dignité ils auraient déjà pris leur retraite… Bref,
El Watan semble particulier aussi sur ce point. Même si les vieux ne sont pas
éclipsés totalement, une équipe de jeunes journalistes, femmes et hommes, dont
le niveau, l’objectivité et le professionnalisme fait paraître leurs
prédécesseurs comme souffrants d’un état avancée de décrépitude, prédomine
actuellement en publiant presque quotidiennement des reportages ou dossiers
tous intéressants et dont le traitement ne
souffre presque d’aucun manquement et, parfois, en brisant quelques tabous dans
notre société qui en cultive à foison. Mehdi Bsikri, Fella Bouredji, Fayçal
Métaoui, Nassima Oulebsir, Zaouheir Ait-Mouhoub, et la liste n’est pas courte…
Le
seul défaut, immense à mon sens, de ce journal est qu’il n’est pas en langue
arabe. Cela serait inimaginable, n’est-ce pas ? Celle-ci est aujourd’hui,
après la fermeture d’El-Khabar Hebdo et la semi-domestication d’El Khabar, comme
un apanage des journaux inféodés au régime tel Echorouk, ou directement créés
par ce régime, comme Ennahar, et qui participent tous à une entreprise d’abrutissement d’un peuple déjà largement abîmé par l’école et les très durs
conditions de vie qui l’ont acculant à vivre en désert culturel…
Pourquoi
le régime veut détruire El Watan si, en langue française, son public est
objectivement limité ? Sur ce point, le RCD relève judicieusement qu’en «vérité,
ce coup de semonce est vraisemblablement motivé par le dossier fait par El Watan
sur une miraculeuse fécondité qui a permis au Ministre de l’intérieur
d’annoncer 4 millions de nouveaux électeurs en l’espace de moins de 3 ans ! Basée
sur la manipulation du fichier électoral, la stratégie de répartition des quotas
est disqualifiée par l’étude d’El Watan devant l’opinion nationale et
internationale.» En effet, dans l’édition du 12 janvier, Mehdi Bsikri nous dit que
«le démographe Nasreddine Hamouda, indique que ‘‘le nombre d’Algériens nés
entre 1991 et 1994 dépasse seulement, en 2012, les deux millions,
à raison d’une moyenne de 700 000 naissances au cours de ces années’’.
D’où vient donc le chiffre de 4 millions avancé par le ministre de l’Intérieur,
d’autant plus que l’inscription au fichier électoral relève d’un engagement
personnel ?»
Voilà
donc, et le 22 janvier, la CNAS
réclame à El Watan 22 milliards ! Notant que le journal a consacré un
dossier, deux jours plutôt, sur la relation entre cette même CNAS et son
homologue français.
En
tout état de cause, dans tout totalitarisme, le premier ennemi du régime est le
journalisme d’investigation. Le totalitarisme algérien ne déroge pas à la
règle. Le journalisme d’investigation a été assassiné en Algérie et, dès qu’il
tente de renaître de ses cendres, il est clair que le régime criminel qui nous
est imposé depuis un demi-siècle sous différents avatars lui assénera coup sur
coup, jusqu’à son enterrement !
Ayant
conduit le pays à pas surs vers l’impasse actuelle, étant devenu un danger sur
la continuité même de l’Algérie, le régime et les hommes qui l’incarnent
n’aiment pas lorsqu’un journaliste, et à fortiori algérien, pointe leurs
défauts. Si la société civile se tait, El Watan ou disparaîtra, comme El Khabar
Hebdo, ou rejoindra le troupeau domestiqué : il y aura toujours une place,
le régime disposant d’une rente qu’il dilapidera aussi longtemps que le peuple
souffre en silence…
L. A.
L. A.
P.S.
Aussi convient-il de noter que Chawki Amari publie dans ce journal son Point zéro quotidiennement. Ceux qui le lisent savent...
Thank you for the auspicious writeup. It in fact was a amusement account it.
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