Pour une algérie démocratique
A l’instar des autres pays du Maghreb et du Machrek, l’Algérie voit se
développer un mouvement récurrent de révoltes populaires qui attestent
la dégradation de la situation économique et sociale et la défiance à
l’égard d’un système politique qui domine le pays depuis son
indépendance en 1962. Nous y retrouvons les mêmes causes que dans les autres pays de la
région : chômage endémique, faiblesse du pouvoir d’achat, aggravation
des inégalités sociales, crise identitaire, absence de repères,
notamment pour les jeunes générations.
Cependant, l’Algérie a ceci de singulier : elle a vécu ces dernières
années les épreuves douloureuses d’une guerre civile qui continue à
hanter les esprits et à marquer les comportements. Au-delà de la
situation de blocage caractéristique du système politique, les
mécanismes de sa reproduction sont encore loin d’être compris. Pour
juguler toutes les formes de résistance populaire et en finir avec ses
adversaires et ses contradicteurs, ses représentants ont recours, grâce
aux revenus de la rente qu’ils dilapident, à la corruption et à la clientélisation de pans entiers de la société afin de perdurer.
C’est dans ces conditions qu’ils s’offrent le luxe de parler tous les
langages, de définir les problèmes, les conditions du débat et de
prétendre leur imprimer un sens. L’art du détournement et de la
manipulation, le clonage d’organisations et l’exploitation éhontée de
l’histoire du mouvement de libération nationale sont leurs armes
favorites. Le Cercle Nedjma se propose de contribuer à l’analyse des
mouvements sociaux qui se déroulent en Algérie dans leur environnement
régional et international, comme à la clarification des idées et des
situations que les différents acteurs de la société rencontrent dans
leurs luttes et la réalisation de leur idéal de construction d’une
société démocratique et d’un Etat de droit.
A l’initiative d’intellectuels convaincus que le statut de la
connaissance ne dépend ni de la nationalité ni du lieu de sa production,
le Cercle Nedjma récuse tout chauvinisme et s’attelle à contribuer à
sortir l’Algérie de son enfermement.
Pour le cercle Nedjma
Mohammed Harbi (professeur d’histoire) ; Madjid Benchikh
(professeur de droit) ; Aïssa Kadri (professeur de sociologie) ; Ahmed
Dahmani (maître de conférences en économie)
Au moment où dans plusieurs pays voisins de larges parties de la population réclament des changements démocratiques, nombreux sont ceux qui se demandent si la Constitution algérienne et le système politique dans lequel elle prend un sens répondent à ces revendications populaires. Cette question mérite d’être clarifiée pour permettre aux citoyens de s’engager dans le combat pour la démocratie en connaissance de cause.
Elle le mérite d’autant plus qu’en Algérie, comme dans d’autres pays, les gouvernants définissent leur Constitution et leur système politique comme des institutions favorables à la protection des droits du citoyen et des intérêts du pays. Ainsi, on peut observer que dès les premiers jours des contestations populaires pour la démocratie en Tunisie puis en Egypte, plusieurs responsables politiques algériens ont considéré que la situation en Algérie est très différente de la situation tunisienne ou égyptienne au motif que ce qui se passe actuellement dans ces pays s’est déjà passé en Algérie en octobre 1988.
D’après eux, les révoltes populaires de 1988 en Algérie ont abouti à la mise en place d’une transition démocratique articulée sur la Constitution de 1989, modifiée en 1996, qui ouvre la scène politique en autorisant le pluralisme.
De nombreux partis politiques, des associations et des syndicats ont été créés.
Les droits de l’homme et les libertés individuelles et collectives sont
garantis par la Constitution qui organise la séparation des pouvoirs
législatif, exécutif et judiciaire.
Les citoyens participent à la gestion des affaires publiques grâce à des élections périodiques libres et honnêtes.
D’après le gouvernement, les Algériens ont compris que ces transformations démocratiques que réclament les autres peuples ont été déjà réalisées en Algérie. C’est pourquoi, d’après lui, le peuple algérien sera épargné par les troubles qui secouent plusieurs de ses voisins.
Pour vérifier la véracité de cette argumentation, il est nécessaire d’examiner ce qui s’est passé en octobre 1988 pour savoir s’il s’agit d’un mouvement identique ou comparable aux mouvements qui ont secoué la Tunisie et l’Egypte. Il faudra ensuite se demander si les réponses apportées depuis 1988 aux problèmes politiques en Algérie vont dans le sens d’une transition démocratique ou si, au contraire, il s’agit de réponses qui visent à éviter la transition démocratique.
Les citoyens participent à la gestion des affaires publiques grâce à des élections périodiques libres et honnêtes.
D’après le gouvernement, les Algériens ont compris que ces transformations démocratiques que réclament les autres peuples ont été déjà réalisées en Algérie. C’est pourquoi, d’après lui, le peuple algérien sera épargné par les troubles qui secouent plusieurs de ses voisins.
Pour vérifier la véracité de cette argumentation, il est nécessaire d’examiner ce qui s’est passé en octobre 1988 pour savoir s’il s’agit d’un mouvement identique ou comparable aux mouvements qui ont secoué la Tunisie et l’Egypte. Il faudra ensuite se demander si les réponses apportées depuis 1988 aux problèmes politiques en Algérie vont dans le sens d’une transition démocratique ou si, au contraire, il s’agit de réponses qui visent à éviter la transition démocratique.
1) La transformation constitutionnelle de la scène politique algérienne après les explosions populaires d’octobre 1988
Les manifestations populaires d’octobre 1988 ont commencé à Alger et
dans sa banlieue industrielle, pour ensuite se propager dans de
nombreuses villes du pays. Elles étaient le fait de jeunes, souvent
chômeurs ou sans logement, sans qu’apparaisse un encadrement politique
particulier. Partout les manifestants s’en prennent violemment aux biens
publics, ministères, Souk El Fellah ou grandes surfaces de distribution
commerciales contrôlées par l’Etat. Le chef de l’Etat, Chadli
Bendjedid, est conspué. A Alger, la manifestation populaire est
violemment réprimée à balles réelles faisant près de 500 morts, selon un
bilan non officiel. Le gouvernement décide alors, par la voix du chef
de l’Etat, d’opérer des changements politiques. Il envisage d’abord de
transformer le parti unique en front unique incluant plusieurs
tendances, puis quelques semaines après, décide d’autoriser le
multipartisme sous l’appellation d’«associations politiques».
La Constitution de février 1989 est ensuite adoptée par référendum
populaire. La succession de ces faits ne dit pas par elle-même qu’il
s’agit d’un mouvement populaire réclamant un changement démocratique.
Plusieurs analyses ou points de vue ont été formulés sur les
manifestations d’octobre 1988. Pour certains, les jeunes ont manifesté
contre le système politique organisé autour du parti unique. Ils
réclament la démocratie, pour d’autres, il s’agit d’émeutes de la faim.
Pour d’autres, il s’agit à l’origine d’une manipulation née au sein du
système politique lui-même par suite d’une de ses crises sur un fond de
multiples mécontentements populaires auxquels les blocages du régime ne
permettaient pas d’apporter des réponses appropriées. Mais le
mécontentement populaire était tel que les services de sécurité ont été
débordés et que les principaux responsables du régime se sont sentis
menacés et ont recouru à l’armée qui tire à balles réelles sur les
manifestants. En fait, les circonstances dans lesquelles se sont
déroulées les manifestations de 1988 permettent de constater qu’à aucun
moment ni la démocratie ni même la chute du système politique n’ont été
réclamées. Aucune force d’opposition, telles que celles qui existaient à
cette époque, n’avait participé ni au début ni à la fin aux journées de
manifestation.
En Tunisie, les manifestations ont été immédiatement appuyées et
rejointes par le mouvement des droits de l’homme, les partis
d’opposition et surtout par l’Union générale des travailleurs tunisiens
(UGTT). En Egypte, les partis politiques d’opposition et de larges
forces sociales ont appuyé et parfois encadré et conseillé le mouvement
initié par des associations de jeunes qui étaient déjà sur le terrain
depuis plusieurs années. En Algérie, en octobre 1988, aucune
coordination de jeunes manifestants n’est née sur le terrain comme en
Tunisie ou en Egypte, en Libye ou ailleurs. Aucune force n’a d’ailleurs
jamais revendiqué une quelconque participation. Les manifestations de
1988 ne peuvent donc pas, de ce point de vue, être assimilées aux
mouvements tunisiens, égyptiens ou libyens. Quelles que soient leurs
insuffisances en matière notamment d’organisation et de programmation
politique, les opposants tunisiens, égyptiens et libyens se sont très
vite organisés pour continuer leurs manifestations et les transformer en
insurrection contre le pouvoir politique. Ils ont rapidement demandé la
chute du chef de l’Etat et la fin du système politique. En Tunisie et
en Egypte, les insurgés ont maintenu la pression et la maintiennent
toujours sur les gouvernants pour obtenir les transformations pour
lesquelles ils se sont mobilisés. Rien de tout cela, qui est pourtant
essentiel, n’a caractérisé les manifestations algériennes de 1988.
Enfin, les décisions prises et les transformations effectuées dans le
système politique algérien l’ont été à la seule initiative des
responsables du système lui-même, sans aucune consultation politique ou
débat public avec d’autres forces politiques pour fixer le contenu de
ces réformes. Les débats, qui ont été initiés par des médias contrôlés
par l’Etat, n’ont été organisés qu’une fois que les décisions et les
textes ont été publiés par les «décideurs». Tout s’est donc passé, en
1988 et par la suite, comme si tout se déroulait au sein même du système
entre les groupes d’intérêts qui le composent. On ne peut donc pas
comparer les événements d’octobre 1988 en Algérie à ce qui s’est passé
très récemment en Tunisie, en Egypte, au Yémen et en Libye. Il convient
aussi de s’interroger sur le contenu des réformes adoptées en 1989 en
Algérie par rapport à ce qui est en train de se passer en Tunisie et en
Egypte. Les gouvernants algériens font valoir que les réformes
revendiquées par les peuples tunisien et égyptien ont déjà été réalisées
en Algérie à partir de la Constitution de février 1989 qui établit les
principales règles et caractéristiques d’un système politique
démocratique.
La Constitution de 1989, modifiée en 1996, est évidemment insuffisante
et perfectible sur de nombreux points pour assurer une transition
démocratique. Mais la reconnaissance du pluralisme politique, associatif
et syndical, la garantie des droits de l’homme, la séparation des
pouvoirs sont, comme on l’a dit, les bases indispensables à toute
transition démocratique. C’est ce que réclament actuellement les peuples
tout autour de la Méditerranée, et c’est ce que reconnaît la
Constitution algérienne. Les gouvernants algériens ont-ils dès lors
raison de considérer que la «révolution» ou les transformations
revendiquées ailleurs ont été déjà réalisées en Algérie ? Plusieurs
éléments décisifs montrent que le système démocratique que décrivent les
dispositions constitutionnelles et les discours gouvernementaux
algériens n’existent pas dans la pratique et la scène politique
algérienne.
2) La pratique politique algérienne depuis la réforme constitutionnelle
L’adoption d’une Constitution et de textes juridiques constitue l’un
des points d’appui importants dans le processus de construction d’une
transition démocratique parce que la forme juridique permet souvent de
rendre opératoires les décisions prises par les gouvernants et d’avancer
vers l’Etat de droit indispensable pour contrôler les détenteurs du
pouvoir pour rendre justice et pour éviter toute sorte d’arbitraire.
Mais, encore faut-il que les réformes portées par la Constitution et par
les lois soient appliquées effectivement et en cohérence avec tout se
qui se passe sur les différentes scènes politiques, économiques et
sociales. Or, l’existence d’une Constitution qui énonce les principales
caractéristiques d’un régime démocratique ne suffit pas à définir une
transition démocratique. D’autres conditions doivent absolument être
remplies pour parler sérieusement de transition démocratique.
Sont-elles, elles, remplies en Algérie pour que les dirigeants de ce
pays puissent considérer que la situation est différente par rapport aux
autres pays ?
La première condition consiste évidemment à prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles démocratiques conformément à l’esprit et à la lettre de la Constitution. On se contentera ici des points les plus essentiels :
La première condition consiste évidemment à prendre les mesures nécessaires à la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles démocratiques conformément à l’esprit et à la lettre de la Constitution. On se contentera ici des points les plus essentiels :
-A)- En Algérie, aucune mesure n’a jamais été prise pour rendre
effective la séparation des pouvoirs. Les pouvoirs exécutif, législatif
et judiciaire sont restés dominés par les mêmes forces politiques sous
l’emprise du commandement militaire, animées par la direction de la
sécurité militaire ou DRS. Ce pouvoir politique a veillé à garder la
justice sous son contrôle strict. Les réformes du Conseil supérieur de
la magistrature de 1990, qui auraient pu constituer quelque progrès, ont
été rapidement modifiées pour soumettre au pouvoir politique les juges
durant la période de la guerre civile et après cette période. Le
Parlement n’a jamais tenté de remettre en cause les politiques
gouvernementales et encore moins de procéder à des enquêtes crédibles
sur la liberté de vote et sur l’honnêteté des consultations électorales,
sur l’arbitraire ou sur la corruption dans les cercles dirigeants
civils et militaires. La non-représentativité du Parlement par suite
d’élections manipulées et d’une très forte abstention fausse la vie
politique et décrédibilise la scène politique. La représentation
syndicale est monopolisée par l’Union générale des travailleurs
algériens (UGTA), transformée en «syndicat maison» et en relais des
politiques gouvernementales. Les syndicats autonomes ne sont pas
reconnus comme interlocuteurs. Les agréments nécessaires aux partis, aux
syndicats et aux associations sont refusés lorsqu’il s’agit
d’organisations autonomes. Des partis, des associations et des
syndicats, reliés à différents centres du pouvoir sont créés pour
relayer les politiques des gouvernants, ce qui pervertit gravement tout
processus démocratique.
-B)- Les droits et libertés reconnus par la Constitution sont
systématiquement violés, non seulement au cours la guerre civile, mais
aujourd’hui encore.
Les arrestations arbitraires, les procès inéquitables, l’impunité des grands dirigeants politiques et militaires, le contrôle des médias, notamment les radios et télévisions, et le harcèlement d’associations de familles de disparus ou de victimes du terrorisme illustrent une pratique politique qui assigne à la Constitution une fonction décorative et fait du système politique une démocratie de façade.
Les arrestations arbitraires, les procès inéquitables, l’impunité des grands dirigeants politiques et militaires, le contrôle des médias, notamment les radios et télévisions, et le harcèlement d’associations de familles de disparus ou de victimes du terrorisme illustrent une pratique politique qui assigne à la Constitution une fonction décorative et fait du système politique une démocratie de façade.
-C)- Cette démocratie de façade peut, dans certains cas, faire illusion
en permettant à des partis politiques, des syndicats et des
associations autonomes quelques activités qui font croire à l’existence
d’une ouverture du système politique. Cette façade démocratique
contrôlée, destinée à couvrir l’absence d’alternance au pouvoir, permet
d’éviter la remise en cause du système autoritaire et du monopole du
pouvoir. L’analyse précise et circonstanciée des manifestations
d’octobre 1988 et des réformes politiques intervenues à cette occasion
ne permettent donc ni de comparer ce qui s’est passé en Algérie avec les
mouvements tunisiens égyptiens et autres actuellement en cours, ni
encore moins de considérer, comme le fait le gouvernement algérien, que
l’Algérie a entamé ou réalisé une transition démocratique après octobre
1988.
Les réformes algériennes, sans toucher au contrôle de la société et à
sa clientélisation, ont par contre permis de mettre en place une
décompression autoritaire qui autorise des espaces de liberté
surveillée, comme autant de soupapes de sécurité destinées finalement à
éviter l’alternance et la mise en route d’un processus authentique de
changement démocratique du système politique. En Algérie, il reste donc à
envisager sérieusement les étapes, les priorités et les efforts qui
doivent être accomplis pour engager une transition démocratique. L’un
des arguments d’un processus de démocratisation est qu’il convient
d’élire une Assemblée constituante qui aurait la représentativité et la
légitimité nécessaires à l’élaboration d’une Constitution, loi
fondamentale qui déterminera la nature du système politique, les règles
qui régiront la vie politique, notamment les pouvoirs des principales
institutions et les droits des citoyens.
Mais d’autres courants politiques opposés au pouvoir actuel ou
favorables à son maintien soulignent au contraire le danger que peut
représenter l’élection d’une assemblée constituante si la majorité de
l’assemblée constituante décide d’élaborer une Constitution qui écarte
ou réduit les libertés démocratiques, la séparation des pouvoirs et les
principes universels des droits humains. Cet argument vise
principalement l’éventualité d’une victoire islamiste à l’assemblée
constituante dont on craint qu’elle n’ouvre la voie au remplacement du
système autoritaire actuel par un système autoritaire islamiste.
Au-delà des appréciations que l’on peut avoir sur les positions en présence, le problème est que l’on aboutit ainsi à un blocage qui risque d’empêcher toute recherche d’un compromis entre les forces politiques et sociales pour trouver des issues à la crise politique en engageant une transition démocratique.
Au-delà des appréciations que l’on peut avoir sur les positions en présence, le problème est que l’on aboutit ainsi à un blocage qui risque d’empêcher toute recherche d’un compromis entre les forces politiques et sociales pour trouver des issues à la crise politique en engageant une transition démocratique.
L’une des voies pour dépasser les peurs, les méfiances et les blocages
serait que les forces politiques et sociales s’engagent d’abord dans la
voie du dialogue et de la négociation pour définir les termes d’un pacte
par lequel chacune des parties s’engage envers les autres et devant le
peuple, à respecter au cours de la vie politique, des campagnes
électorales et lors des délibérations de l’Assemblée constituante,
toutes les libertés démocratiques, la séparation effective des pouvoirs,
l’indépendance de la justice, les droits humains inscrits dans la
Déclaration universelle des droits de l’homme et développés dans les
conventions internationales et notamment ceux des minorités politiques,
sociales et culturelles.
Cette préparation de la transition démocratique par des négociations, menées de bonne foi et dans la transparence, dont les résultats seraient transcrits dans un pacte entre les différents acteurs politiques et sociaux, n’est pas destinée à brider le suffrage universel, mais doit servir à en assurer une expression durable, la plus à même de garantir un avenir à la consolidation d’une transition démocratique.
In El Watan
Cette préparation de la transition démocratique par des négociations, menées de bonne foi et dans la transparence, dont les résultats seraient transcrits dans un pacte entre les différents acteurs politiques et sociaux, n’est pas destinée à brider le suffrage universel, mais doit servir à en assurer une expression durable, la plus à même de garantir un avenir à la consolidation d’une transition démocratique.
In El Watan
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