Le visage d'un système abominable |
Par Lyes Benyoussef
Lire La première partie.
4. La hiérarchie militaire
Même dans
l'armée, ce qu'on appelle les « jeunes officiers » sont fascinés par des
supérieurs richissimes et omnipotents, dont certains devenus mythiques à leurs yeux. Chacun des généraux (au risque d’ennuyer
le lecteur, je vais réutiliser le mot) analphabètes fonde une dynastie. Les «
jeunes officiers » ne rêvent que de les remplacer avec toujours les privilèges
auto-octroyés, l'inculture et l'anti-démocratie. C'est pourquoi l'exemple
portugais (c’est-à-dire les capitaines démocrates révolutionnaires) ne sera pas
réédité en Algérie. Ahmed Rouadjia écrit
: « La jeune génération d’officiers plus instruits et mieux formés que leurs
aînés dans les grandes écoles soviétiques, occidentales et nationales, après
l’indépendance, s’est trouvée complètement inféodée, bridée puis maintenue en
laisse par la gérontocratie de militaires hauts gradés, comme le général de
corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, et d’autres généraux du même acabit. Usés
jusqu’à la corde par le pouvoir, gangrenés par la corruption, contaminés par le
goût de la licence et de la luxure, certains officiers hauts gradés ont une
conception d’autant plus étroite et étriquée du monde qu’ils n’ont pas d’autres
projets grandioses que ceux de dépouiller l’État de ses prérogatives
régaliennes en vidant le trésor public à la faveur de l’économie rentière. »
Loin de répugner les jeunes, ils les fascinent. Il n'y aura jamais de militaire sauveur en Algérie.
5. Le soutien de l'Occident
Le soutien
effectif et officiel de l’Occident, tout particulièrement les États-Unis et la
France, au système politique algérien est un élément fondamental. S’agissant de la France, elle n’a plus
le choix, l’État français étant le complice d’abord volontaire du système
politique algérien. Rappelant l'impunité de l'assassinat de l'opposant algérien Ali André Mécili à Paris début avril 1987.
La droite française comme la gauche, mais surtout la
gauche, sont totalement corrompues depuis 1962 (voir Nicolas Beau, Paris, capitale
arabe, éd. du Seuil) à tel point que seule l’extrême-droite française est hostile au système politique algérien
— mais cette hostilité de l’extrême-droite est celle envers toute l’Algérie,
peuple et histoire.
Par son acceptation de la division internationale du
travail, par la dévastation des forces productives intérieure, le régime
algérien arrange les Américains qui ne demanderaient pas mieux, sauf peut-être Chakib Khelil comme président...
6. Les crimes de la décennie 1990
Les décideurs
coupables d'effroyables crimes (et leurs clientèles) durant la décennie 1990
feront absolument tout pour dissuader leurs « camarades » moins impliqués, si tant est que
l'idée démocratique effleure l'esprit de ceux-ci. En effet, pour les coupables,
même fuir à l'étranger est impensable depuis le Printemps arabe. L'Algérie — et
l'Algérie dans le statuquo — est leur otage. On ne connait pas dans l'histoire
de l'humanité un groupe social qui s'est sacrifié pour les autres et les
décideurs algériens (aussi criminels, corrompus, incultes et soutenus par
l'Occident), ainsi que les groupes cités ci-dessus qui gravitent autour d’eux,
ne seront pas les premiers à le faire.
7. La rente pétrolière
In fine,
la rente des hydrocarbures qui permet de financier tout ce merdier. Rappelons
que le facteur travail en Algérie n'est pas vraiment productif et qu'une
économie digne de ce nom n'existe pas en Algérie. Il ne faut pas s'en réjouir
de la baisse du prix du baril. Cela a déjà eu lieu et le régime de Chadli ne
s'était pas transformé en démocratie, mais il a essayé de faire une réforme conduisant à la mode
chinoise (libéralisme économique, autoritarisme politique). L'échec de cette tentative, au demeurant prévisible, avait conduit à la guerre civile.
Si la rente des
hydrocarbures venait à s'amenuiser complètement, il est à craindre que les
décideurs cherchent une autre rente de situation, en monnayant leurs services
aux puissances occidentales pour leur garantir la « stabilité » à la rive sud
de la méditerranée.
Mais si tel est le cas, pourquoi n'y a-t-il pas de révolution endogène en Algérie pour changer les choses ?
Une réponse sera esquissé dans un prochain article.
L. B.
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