Voici d'autres extraits de Lettre
ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu'il a engendré de
Ali-Yahia Abdennour, qui aborde la Kabylie, la culture amazighe et la
régionalisation. Les sous-titres sont miens. Bonne lecture.
Tamazight
La nation consolide son unité en
reconnaissant la diversité culturelle et linguistique. Le droit de vivre dans
sa propre langue doit être proclamé, ainsi que le droit de l’enseigner sur tout
le territoire national, de l’école primaire à l’université. Tamazight, langue
nationale de millions d’Algériens, doit être considérée comme langue nationale
obligatoire à l’école. C’est un droit, une obligation éthique, une nécessité
vitale.
(…)
Tamazight est une langue riche et
subtile, forgée par des millénaires d’histoire ; mais elle est galvaudé et
méprisée par le pouvoir. Il faut parler de cette langue, et du manque de
compréhension, et de sympathie à son égard par le pouvoir. Détruire Tamazight,
véhicule de la culture et la langue de millions d’Algériens, par intention ou
par omission, est un ethnocide. La dictature ne peut que vouloir détruire ce
qu’elle ne peut pas assimiler.
(...)
La Kabylie
L’environnement géographique de la
Kabylie comprend le massif montagneux du majestueux Djurdjura, avec à ses pieds
des collines, des cols, des plaines, des vallées, des chemins qui montent, des
sentiers menant vers les rivières, les jardins, les vergers, qui traversent des
champs d’oliviers et de figuiers. La Kabylie est le pays de l’huile d’olive et
de la figue. Les villages sont perchés, nichés sur le haut de la montagne, ou
au cœur de la vallée, et les hameaux blottis ou incrustés aux flancs des
coteaux ou en lisière des forêts. Le village, lieu de vie des habitants, est un
espace où s’enracine s’insère et se déploie une vie sociale qui combine
habitation, travail, loisirs, sociabilité et solidarité.
La terre est un capital précieux
qu’il ne faut pas dilapider. Antoine de Saint Exupéry disait : « Nous
n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »
Le combat de la Kabylie est
politique afin de défendre son identité culturelle et linguistique. L’être
collectif kabyle historique, ethnique et culturel existe, avec une présence et
une densité qui doivent être mesuré au sein de sa jeunesse. Nier la réalité de
cet être est une attitude irresponsable qui peut engendrer la violence.
Reconnaitre cette réalité n’est pas attenter à l’unité nationale, mais prendre
en charge le destin de la nation dans l’affirmation du pluralisme et de ses
composantes, dont l’épanouissement ne peut qu’enrichir le patrimoine commun,
garantir les droits culturels et linguistiques. Le combat pour la défense de
l’amazighité devient un combat politique fondamental avec celui de la
démocratie fondée sur les droits de l’Homme, la liberté et la justice.
L’alternance est la santé, la
respiration de la démocratie. La Kabylie a résisté à l’oppression qui donné
naissance à la liberté, et à la répression qui a donné naissance aux droits de
l’Homme. Victor Hugo a écrit : « libérer la liberté et la liberté fera le
reste.
(...)
La Kabylie souffre d’excès de
querelle et de rivalités personnelles.
(...)
La régionalisation
La décentration est un objectif
fondamental qui préserve l’unité nationale. Il est urgent de mettre en place
les structures de région, avec une assemblée élue démocratiquement ; c’est là
que l’Algérie est vraiment, c’est là qu’apparaissent les initiatives, que se
précise le sens des responsabilités, car la région, c’est la communauté
naturelle, c’est le cadre à l’intérieur duquel les femmes et les hommes
partagent les mêmes traditions, le même patrimoine culturel, le même style de
vie, parlent le même langage qui est la langue maternelle, ont les mêmes
souvenirs historiques et les mêmes intérêts économiques. L’autonomie régionale
est une des conditions nécessaires à la participation concrète et efficace des
citoyens à la vie démocratique.
FIN DES EXTRAITS
Comme je l’ai dit, le livre, qu’on
lit d’un coup, aborde plusieurs autres sujets, comme « Le statut de la femme
[qui] est une question majeure de la société », dit Ali-Yahia. Et il a une fin
magistrale. Fin que je ne citerai pas pour ne pas la gâter aux lecteurs qui
achèteront le livre (400 DA).
L. B.
Lire d'autres
extraits Sur le Système politique ici.
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