Moins
de 48 heures après son transfert vers le CHU de Constantine, le jeune Rechak
Hamza, qui s’était immolé par le feu dimanche matin, au quartier Village Moussa,
à Jijel, a rendu l’âme, a-t-on appris hier. L’enterrement aura lieu aujourd’hui
à Jijel, selon des proches de la victime. L’annonce de la mort a été accueillie
avec sérénité tant par la famille que par les habitants du quartier.
En milieu
de matinée, le père de Hamza était toujours avec le wali de Jijel, qui avait
déjà reçu des membres de la famille dimanche après-midi, au moment où la rue
déversait sa colère. Dès le premier jour, la famille, principalement le père et
un de ses fils, avaient été mis à contribution pour appeler les jeunes au calme.
Le père et la mère étaient intervenus sur les ondes de Radio Jijel dans un
esprit d’apaisement. Ce drame, qui a fortement secoué la ville de Jijel, a eu
lieu dans la matinée de dimanche au quartier Village Moussa, près de l’école
Kecha Ahcène, où Hamza avait installé une boutique de fortune, à savoir une
tente bleue.
En
fait, cette boutique appartient au frère de Hamza, membre d’une fratrie de 8
enfants. Hamza, contractuel à l’APC de Jijel, aidait son frère dans cette
boutique. Les policiers sont venus leur signifier le démantèlement de la tente
dressée sur le trottoir en exécution, a-t-on appris de source policière, d’une
réquisition municipale visant plusieurs commerces similaires. Mais cet acte a
vite dégénéré suite à un échange de propos. Des jeunes proches de la victime, avec
lesquels nous avons discuté, dénoncent la politique du deux poids, deux mesures,
puisque d’autres vendeurs n’ont pas été inquiétés, soutiennent-ils.
Pour
revenir aux faits, les émeutes, qui ont éclaté au Village Moussa avant de
s’étendre au centre-ville de Jijel, ont causé d’énormes dommages à des magasins
et des véhicules. Les plus gros dégâts ont été enregistrés à la mouhafadha FLN
et dans les locaux de Touring Voyages Algérie, où mobilier et matériel ont été
carbonisés. Pour le FLN, une aile de la mouhafadha a été épargnée par les
flammes. La foule avait même investi les locaux administratifs d’Algérie Poste
où des produits ont été volés avant
d’être récupérés par les forces de sécurité. Deux sûretés urbaines, la 3e qui
se trouve justement à Village Moussa et la 4e de la cité des 40-Hectares, ont
été la cible des émeutiers qui les ont violemment bombardées de pierres.
Fodil
S.
In
El Watan 02 mai 2012
Tentative d’immolation d’un jeune, violentes émeutes :
Jijel s’embrase
Une bonne partie de la basse ville de Jijel était, hier, une cité morte suite aux émeutes qui se sont déclenchées après la tentative d’immolation d’un jeune homme de 25 ans, au quartier dit Village Moussa, à l’est du chef-lieu de wilaya. Tout a commencé dans la matinée d’hier, quand des policiers se sont présentés devant le jeune R. Hamza pour lui ordonner de démanteler la boutique de fortune qu’il avait installée pour vendre des cigarettes et des cosmétiques. L’échange de propos avec les policiers a apparemment énervé le jeune Hamza.
Selon
des témoins que nous avons rencontrés près de la bicoque de la victime, c’est
un coup de pied d’un policier qui a mis le feu aux poudres ; il a cassé les
vitres d’un comptoir en aluminium, suscitant la colère du jeune homme, qui n’a
pas hésité à remplir une bouteille d’essence puisée d’une mobylette, de la
déverser sur son corps avant d’y mettre le feu. Il s’est ensuite jeté sur les
deux agents et a sauté à l’intérieur du fourgon de la police. Transporté dans
un premier temps à l’hôpital Mohamed-Seddik Benyahia, le jeune homme sera, après
les premiers soins, évacué au CHU de Constantine.
Les
deux policiers ont été légèrement blessés. Une source hospitalière nous a
affirmé que la victime se trouve dans un état grave et souffre de brûlures du 3e
degré.
Cet
acte de désespoir a suscité un grand émoi chez les habitants de Village Moussa,
particulièrement les jeunes qui ont instantanément investi la rue pour crier
leur colère. La situation a rapidement dégénéré en émeute. Les jeunes en furie
se sont attaqués à la sûreté urbaine de Village Moussa avec des pierres, avant
de se rendre au centre-ville. En cours de route, les panneaux d’affichage de
listes des candidats se trouvant place du Bateau ont été arrachés alors que les
vitres d’une dizaine de véhicules stationnés près de la prison de Jijel ont
volé en éclats sous les jets de pierres.
L’appel
à la rescousse des forces antiémeute n’a pas, jusqu’en fin d’après-midi, atténué
la tension ; des dizaines de jeunes émeutiers se trouvaient toujours près du
siège de la wilaya, faisant face aux policiers. La ville basse était quasi
déserte et les commerces avaient baissé rideau de peur de subir la colère des
jeunes. Aux abords du quartier Village Moussa, l’air pollué picotait fortement
les narines du fait des gaz lacrymogènes, alors que du côté de la police, au
moins une dizaine d’éléments ont été évacués vers les urgences de l’hôpital pour
des soins. Un policier que nous avons croisé au niveau de l’établissement
hospitalier avait la lèvre inférieure fendue.
Fodil
S.
In
El Watan 30 avril 2012
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