Le
FFS est confronté depuis quelques temps à une grave crise politique. Les
risques d’implosion sont bien réels et interpellent non seulement les militants
et sympathisants, mais l’ensemble des citoyens. Qui a intérêt à vouloir se
débarrasser d’un parti qui représente l’espoir du changement démocratique et
pacifique dans notre pays ? Les tentatives de normalisation et de domestication
du FFS, menées de l’intérieur et de l’extérieur, visent à neutraliser toute
forme d’opposition radicale et pacifique et parachever la restructuration
autoritaire du pouvoir.
C’est
dans ce contexte que nous, anciens premiers secrétaires nationaux du FFS, chacun
à sa manière et dans le cadre qu’il a estimé adéquat pour s’exprimer, avons
alerté les instances dirigeantes du parti sur les risques qui pèseraient sur la
cohésion et la pérennité du parti en participant au scrutin du 10 mai dans les
conditions et les circonstances imposées par le pouvoir. Nous avons, entre
autres, mis en garde contre le piège grossier qui consiste à emballer ces
élections dans un projet de sanctification de la nation algérienne et
d’édification de remparts contre l’OTAN et autres ennemis de l’étranger. Nos
appels, associés à de nombreuses autres voix, n’ont pas trouvé d’écho auprès
des détenteurs du pouvoir réel au sein du parti. Ces mêmes personnes qui
assurent la tutelle sur les organes de l’appareil du parti. Nous avons
également mis en garde contre toute forme de velléités de compromission. Et le
coup de force politique du 10 mai est venu rappeler que les décideurs ont
choisi la pérennité du système au détriment de l’Algérie et de la stabilité
politique. Le «deal» soupçonné avec une partie du pouvoir constitue une grave
dérive politique et une atteinte à l’éthique démocratique.
Ces
élections ont mis à nu un appareil autiste, coupé de sa base militante, embourbé
dans de flagrantes insuffisances et incohérences organisationnelles et marqué
par une communication d’une indigence insondable et d’une confusion indicible.
Ce
scrutin, sans choix, a révélé des dirigeants du plus vieux parti de
l’opposition, curieusement très accommodants avec les maîtres du jeu électoral,
et bien reconnaissants envers un généreux conseil constitutionnel habituellement
actionné uniquement pour valider les équilibres claniques et les violations
récurrentes de la souveraineté populaire. La direction nationale n’est sortie
de sa léthargie et n’a retrouvé sa véhémence que pour imputer ses piètres
résultats – faible mobilisation d’électeurs, faible recueil de voix et de
sièges gagnés – «au travail de sape des saboteurs de l’intérieur».
En
éludant les questionnements des militants et de l’opinion publique sur les
motivations réelles ou inavouées de la participation, la direction s’est
exposée aux soupçons de révision des fondements et de remise en cause des
repères du parti. Il est de la responsabilité de la direction actuelle de
répondre à l’interpellation de cadres, de militants et de sympathisants qui
refusent le sabordage politique du FFS et les entreprises aventurières visant à
l’affaiblir davantage.
Conscients
des implications désastreuses pour la démocratie et l’Algérie d’un abandon par
l’actuelle direction, des valeurs et idéaux du FFS, nous soutenons toute initiative
allant dans le sens du rassemblement et appelons tous les cadres, militants et
sympathisants qui ont porté (et continuent à le faire) les principes du FFS à
dépasser tous les clivages et les différences d’appréciation que le parti a
connu depuis sa création. Ce rassemblement des énergies militantes du FFS est
une absolue nécessité pour mettre en échec les velléités d’inscrire le parti
dans des stratégies claniques dans la perspective de la prochaine élection
présidentielle.
Ce
rassemblement sera l’occasion pour débattre librement de la stratégie du FFS et
de son organisation.
Les
seules lignes de démarcation qui ne sauraient faire l’objet de concessions sont
:
-
porter profondément les valeurs et idéaux du FFS ;
-
respecter le demi-siècle de combat pour la démocratie et les libertés et
honorer les quelques 400 martyrs et les «anciens de 1963» ;
-
être autonome dans sa décision et sa liberté de penser et rejeter toute forme
d’autoritarisme.
Le
FFS se doit de rester un instrument de cohésion et de rassemblement.
Alger,
le 20 juin 2012
Mustapha
Bouhadef, ancien premier secrétaire national du FFS
Ali
Kerboua, ancien premier secrétaire national du FFS ;
Djoudi
Mammeri, ancien premier secrétaire national du FFS
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