Le profane et le sacré : comment BHL tente de gâcher les Révolutions arabes

Par Lyes Akram

« (...)  Il faut réfléchir mûrement sur les raisons qui incitent un homme comme Bernard-Henri Lévy, que tous les Hommes justes de la terre, sans exception aucune, exècrent, au-delà de leurs positions politiques et idéologiques, le drame palestinien étant, comme nous le savons, une injustice criarde, à soutenir le printemps arabe. Toute personne ayant lu quelques uns de ses textes sait qu’il justifie toute honte bue les pogroms israéliens contre les Palestiniens par le fait qu’Israël serait « la seule démocratie dans cette région », pourquoi veut-il alors voir d’autres démocraties dans cette région ? Cela parait paradoxal. Car, en effet, Israël est certes le plus grand perdant de la démocratisation du monde arabe. 

À mon sens, deux scénarii sont envisageables.

Le premier, c’est une stratégie diabolique qui prône d’envelopper le sacré par un profane qui le corrompra, et ainsi le premier ne sera que trop répugnant. C'est une manière de démobiliser les peuples arabes. Ici, le sacré est bien entendu la démocratie. Le profane est Bernard-Henri Lévy et compagnie, ainsi que tout ce qui peut transformer l’effet de revendiquer la démocratie aux yeux des peuples arabes. En effet, lorsque Lévy s’est ingéré en Libye, beaucoup d’Arabes qui soutenaient les révoltés ont changé de position rien qu’en voyant un sioniste embrasser la cause juste qui est la leur. Cela est effectivement très probable : faire en sorte que Bernard-Henri Lévy enlaidisse un bien si beau, la démocratie, rien qu’en soutenant ceux qui la revendiquent d’entre les Arabes. 

Ainsi, lorsque BHL vous dit qu’il vous soutient, vous commencez instinctivement à vous interroger sur ce que vous êtes en train de faire, sur sa justesse, et sur les desseins du sioniste, raciste et criminel qu'est BHL. Vous seriez inquiets, vous pourriez hésiter, et peut-être vous renonceriez à votre entreprise, si honorable soit-elle. Les Libyens qui se sont vus soutenus malgré eux par cet individu, ont du coup perdu le soutien d’une partie des peuples arabes. 

BHL et ceux qu’il représente le savent bien. Ils le savaient d’avance, rien n’est ici question de hasard. Tout se joue comme dans un plan démoniaque pour dissuader les peuples de réclamer la démocratie. 

Le deuxième scénario, qui est d’après moi moins probable que le premier, est que chez BHL et les gens comme lui, pour sauvegarder leurs intérêts économiques coûte que coûte, la raison, ou plutôt le pragmatisme, aurait triomphé : ils auraient dû comprendre que les peuples arabes déposeront les tyrans, que l’Occident aident ces derniers ou pas. Ainsi, BHL et compagnies se seraient dit qu’il faudrait bien soutenir les gagnants, car, et j’avais consacré un article sur cette question, l’éveil arabe actuel n’était pas tout à fait imprévisible. Selon, par exemple, la thèse développée par Emmanuel Todd et Youssef Courbage dans leur livre, Le Rendez-vous des Civilisations, publié en 2007, les indices historiques et démographiques profonds affirment que le monde arabe et musulman est en train de vivre une période semblable à celle qui avait permis autrefois l’émergence de la démocratie en Occident. Penser que cela aurait échappé au sionisme et à ses innombrables think tanks est aberrant. 

On peut ajouter un troisième scénario, qui serait la combinaison de ces deux premiers. Cela n’est pas à exclure. En tout état de cause, on observe bien que les changements en cours dans le monde arabe ne laissent pas les sionistes indifférents. Leurs intérêts sont connus. Les raisons exactes importent peu en effet, les conséquences de leur ingérence étant identiques, et sont tout sauf bénéfiques aux peuples arabes. 

Il parait ainsi clairement que la revendication du départ du régime tyrannique, l’instauration de la démocratie et la construction d’un Etat moderne sont une grande responsabilité et une tâche lourde, que seuls les vrais Hommes puissent accepter d’assumer, d’où la grandeur et l’honneur inhérents... »

Extrait de l'article :

"Algérie : Seule une Révolution peut remédier au ratage d’Etat"