«Méditer Bouteflika est vital pour les ultimes diagnostics de nos illusions. Au bout, nous ne saurons pas forcément ce qu’il faudra faire pour nos enfants. Nous saurons, en revanche, un peu plus de ce qu’il ne faudra plus jamais faire contre eux.»
Mohamed Benchicou.
«…Les généraux ont confié le pays à un fou, un malade, un psychopathe.»
Sid-Ahmed Ghozali.
Par Lyes Akram
Aujourd’hui,
et avec le degré de l’implosion en Algérie, inégalé dans son Histoire récente,
Abdelaziz Bouteflika, le «Chef de l’Etat», maintient son régime avec, bien
entendu, ses caractéristiques antidémocratiques en dépit des maintes alertes, y
compris de par des proches du système, comme celui qui se définit lui-même
comme un «intellectuel organique», l’ancien officier supérieur du DRS Mohamed
Chafik Mesbah en l’occurrence.
Pourtant,
on l'a bien vu, les initiatives de changement pacifique et démocratique ne
manquent pas. De Hocine Aït-Ahmed, patron du FFS, avec son «Message aux
Algériennes et aux Algériens»(1), et jusqu’à Abdelhamid Mehri, qui
n’a pas hésité a donné à ce même Bouteflika une place dans le processus de
démocratisation tel qu'il le propose ; une démocratisation tant souhaitée par
l'ensemble des Algériens inquiets pour le devenir de leur patrie.
Mais
le sieur Abdelaziz Bouteflika ne daigne pas, sinon accepter l'évidence, pour le
moins saluer ces initiatives qui restent citoyennes et bien intentionnées
nonobstant toute critique que l’on puisse émettre.
Décidément,
cet homme n’est pas né pour la gloire.
Toutefois,
l’examen de la trajectoire peu glorieuse du sieur en question, Abdelaziz
Bouteflika, aurait laissé prévoir aisément ses réactions décevantes, comme l'est,
par ailleurs, toute sa carrière. Par-delà sa psychopathologie criarde, l'homme
mène une politique catastrophique pour le pays. A 74 ans, cet homme, très
affaibli par la maladie par surcroit, n’a jamais été à la hauteur des
aspirations populaires, lui qui a participé dans tout ce qui a ruiné le pays,
entre putschs et rapines. Cela, alors que le sort était si clément à son égard,
en lui réunissant les conditions de la réussite, surtout dans son «retour»,
loué par certaines sphères, en 1999. Mais rien de bien ne fut fait pour ce cher
pays. Ainsi, le nom de Bouteflika restera pour l’avenir et l’Histoire, collé à
ceux de tous les mauvais et écœurants souvenirs de ce qu’aura vécu l’Algérie.
L’injustice sociale
La
part de la corruption, en Algérie, dépasse largement celle du peuple dans les
centaines de milliards dépensés par l’Etat de Bouteflika. Où va notre argent ?
Une chose est certaine : il n’est pas investi. Sinon, où sont donc ses
investissements ? Les investissements réels et perceptibles, ceux qui
produisent le développement, et non les projets «d'affichage», inachevés et
inachevables, comme c’est le cas de presque tous les programmes de l’équipe
gouvernementale de Bouteflika !
Mais
même le partage équitable des richesses du pays, chose normalement évidente ne nécessitant
guère un labeur dur par le régime, n’est pas à l’ordre du jour dans cette
Algérie dont la dette extérieur n’est plus significative. Et le prix du baril a
considérablement augmenté comme pour donner une meilleure chance au
gouvernement en place…
Cependant,
chaque jour que l’on se réveille en Algérie, c'est malheureusement pour
assister au spectacle hideux des mendiants psalmodiant des prières
insoutenables pour quelques pièces avec lesquelles ils parviennent à végéter,
tant bien que mal. Ou en vérité mal.
Si,
naguère, des Algériens, fort peu nombreux, y compris durant les années noires
ou rouges, peu importe, du terrorisme, cherchaient dans les poubelles des
restes pour survivre, ils le faisaient dans la nuit et en cachette. La honte
obligeait. Aujourd’hui, il n’y a plus une poubelle dans le pays qui n’a pas son
lot de laissés-pour-compte du régime militaro-civile en place, qui gravitent
autour d’elle nuit et jour. Chaque venelle, chaque coin, chaque arrêt de bus,
chaque sortie de mosquée, chaque souk dans le pays, dès le bon matin, sont
infestés par nos concitoyens implorant le reste de leur donner de quoi manger pour
subsister encore une journée dans la république de Bouteflika. Pis encore !
Aujourd’hui, des Algériens naissent mendiants. On les voit tous les jours dans
nos rues, à peine savent-ils parler, ils commencent à supplier les passants.
Les
infirmités ne manquent pas dans cette Algérie, compte tenu de l’injustice
sociale.
L’usage
de la drogue a fait son entrée dans les lycées algériens durant le règne de
Bouteflika. Jamais l’on aurait pu imaginer des adolescents Algériens «éduqués» s’adonner
à ces produits – qui est-ce que facilite leur entrée et cheminement vers de tels
endroits ? – si ce n’est la misère, la mal-vie, voire l’écœurement de vivre
dans notre pays, là où Abdelaziz Bouteflika est le chef d’Etat.
En
Algérie, il n’est pas si rare de trouver face à un primaire des prostituées.
Une ruelle bordant un primaire où des mômes – encore innocents – débutent un
processus d’intellectualisation censé faire d’eux des citoyens positifs, mais
jouxtant aussi à un coin où règne un minus dealer : c’est devenu normal. Telle
est l'Algérie de Bouteflika. Sauf là où sont scolarisés «leurs» enfants bien
sûr !
Ainsi,
avant de manier le verbe et de maitriser l’arithmétique élémentaire, les
gausses Algériens pourraient maitriser la pègre. Mais n’est-ce pas de la pègre,
ces gangs qui nous gouvernent ? Qui nous ont toujours gouvernés ?
La
prostitution est, en Algérie, normalisée. Jadis, elle fut impensable ! Non pas
parce qu'interdite en religion, mais une sorte d'honneur païen interdit même
les femmes d'y penser à se vendre, à louer leur charme en échange de quoi
subvenir à leurs besoins. Nos vieux assurent que durant leur jeunesse, il y a
bien longtemps, la prostitution n’avait pas existé chez nous. En effet, des
femmes Algériennes, poussées par la misère et la paupérisation (systématique),
quittent leur région – pudiquement ! – et s’en vont, groupe derrière groupe,
vendre leur charme en d’autres régions de cet immense pays que ruinent
Bouteflika, sa famille, ses amis et les hommes de l’ombre. Il n’y a qu’à
consulter la presse pour s’en rendre compte.
Tout
cela dans une Algérie dont les exportations en hydrocarbures lui permettent d’encaisser
en moyenne plus de 55 milliards dollars annuellement !
Triste
sort des Algériens, celui d’être réduits à végéter – des tubes digestifs – dans
leur propre terre, celle que leurs parents ont libéré dans une guerre des plus
impitoyables du siècle passé, avec ces néo-colonisateurs
indigènes qui nous gouvernent !
Mais
si seulement l’injustice sociale est notre unique problème avec ce régime…
Il
reste impossible d’énumérer les anomalies et vices du système algérien, ainsi
que les maladies sociales qu'il engendre sciemment, mais certains sont
tellement patents que même l’aveugle peut les percevoir !
Aujourd’hui,
des tensions dangereuses, qui sont encore dans un stade latent – jusqu’à quand
? –, pourraient entraver une future réelle réconciliation, l’actuelle étant un
leurre. De plus. Qu’attend-on d’un système qui ne sait que leurrer et détruire
?
Avec
plus de 200 000 morts (chiffre donné par Bouteflika lui-même) et plus de 20 000
disparus (chiffre de la LADDH,
l’Etat en reconnu en effet un peu plus de 8000) durant la décennie de sang, la
politique de Bouteflika pour y remédier est périlleuse. Avec sa version
perverse de la réconciliation, la cohésion même de la société est menacée. Mais
quand est-ce que Bouteflika, ceux qui le servent et ceux qui l’ont placé se
sont souciés de cette société qu’ils n’ont que trop meurtri ?
L’autoamnistie : une impunité aux criminels
En
1992, l’Algérie, avec l’annulation illégale d’un processus électoral où le FIS
a eu 23% des électeurs inscrits (élection, il faut le dire, organisée et dont
le mode fut choisi par le général Larbi Belkheir : un grand criminel), entre
par les deux pieds dans une décade infernale durant laquelle elle a perdu plus
de 200 000 de ces enfants.
Massacre
suit l’autre ! Les Algériens ne comprennent plus rien. Sinistres jours,
cauchemardesque nuits. Egorgement de vielles et de bébés ! Le caractère bestial
de l’homme domine la scène algérienne. Éventration de femmes enceintes ! Les
Algériens découvrent que la barbarie n’a pas de limite. Destruction qui n’a pas
épargné même les bêtes !… Telle était l’atmosphère mortifère dans laquelle
évoluait le peuple.
Placé
par les généraux dans les conditions que l’on connait à la tête de l’Etat,
Bouteflika était tout-à-fait en mesure d’apporter quelque chose à ce pays,
puisque il était dans l’abîme, le pire n’existant donc pas. Un pays qui compte
des centaines de milliers de compétences, dans tous les domaines…
Mais,
12 longues années plus tard, force est de constater que son règne a consacré la
corruption comme mode de gestion, et l’impunité aux responsables, tous, de la
sale guerre.
Si,
au début, beaucoup de gens, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays,
n’acceptaient pas l’idée même de l’implication des généraux et de leurs
escadrons de la mort dans la perpétration de massacres odieux contre des
populations civiles désarmées, de la liquidation d’intellectuels par les tristement
fameux «services» du régime, le temps a suffit pour guérir les aveugles. La
vérité a fini par éclabousser. Car, on peut tromper tout le monde pendant un
moment, ou quelques uns tout le temps, mais nul ne peut tromper tout le monde
tout le temps, dit la sagesse. Et les généraux d’Alger ne sont pas exception.
Les
exemples foisonnent. Au début de la tragédie, l’intellectuel français Pierre
Bourdieu (1930-2002) avait affermé son soutien aux intellectuels Algériens,
ciblés «seulement», parut-il, par des terroristes islamistes. Après près d’une
décade, le sociologue Français s’est trouvé désillusionné et, par la suite, a
commencé ainsi à sensibiliser l’opinion internationale sur ce qui se passait en
Algérie. Une guerre sale menée à huit clos contre un peuple désarmé dans
laquelle les sanguinaires généraux ne sont pas innocents.
Des
rescapés ont parlés (voir, par exemple, le livre de Nasroulah Yous, Qui a tué à
Bentalha, paru en 2000). Des journalistes et des intellectuels aussi. En 1999,
un ouvrage de haute importance est publié pour sensibiliser l’opinion
internationale. «An inquiry into the algerian massacres», préfacé par l’éminent
intellectuel Noam Chomsky, où la collaboration de 30 intellectuels et
universitaires de tendances différentes, a donné naissance à 1500 pages de
démonstration du terrorisme d’Etat qui a sévi en Algérie à travers des
massacres spectaculaires, tout en niant pas l’existence de terroristes
islamistes. Et ce n’est pas tout. Plusieurs officiers, parfois des hauts
gradés, ont témoigné de leur part sur l’implication de certains services dans
lesquels ils étaient eux-mêmes membres, dans des exactions contre des civils.
C’est notamment le cas du colonel Mohammed Samraoui (ancien du DRS) qui donne
moult détails dans son livre «Chronique des années de sang. Algérie : comment
les services secrets ont manipulé les groupes islamistes». Tout est dit dans le
sous-titre. Mais, avant la publication de ce livre, l’ancien capitaine Hichem
Aboud avait publié le sien. Intitulé «La mafia des généraux», avec ce livre,
Aboud menaçait Bouteflika ouvertement dans une conférence de presse qu’il
serait considéré comme responsable pour non-assistance à un peuple en danger,
s’il ne donne pas ces généraux à la justice internationale...
Rien
ne fut fait. Ni justice internationale, ni justice nationale.
Pour
ne rien arranger, même Aboud s’est tu…
L’impunité
des généraux est garantie même par une loi dite charte de la paix ! Loi qui
généralise l’impunité à tous les responsables de la tragédie, qu’ils soient
généraux, aventuriers politiques (on en connait assez) ou terroristes
islamistes. «Une autoamnistie par et pour les généraux», d’aucuns commentent.
En
tout état de cause, un non-châtiment pour tous les criminels, et une amnésie
pour le peuple. Voilà le résumé de la politique de Bouteflika qui, faut-il le
rappeler, n’a pas vécu en Algérie, avec le peuple, durant la décennie de sang.
Car, s’il y a une chose qui ne pèse rien aux yeux du Chef de l’Etat, c’est bel
et bien le peuple et ses sentiments.
Le
mépris du peuple est, en définitive, un principe chez cet homme.
Le mépris du peuple
Lorsque,
en janvier dernier, des émeutes d’ampleur embrasaient le pays, et que la police
du régime ait recouru à tirer par balles réelles sur des émeutiers (qui étaient
visiblement manipulés), et que Bouteflika n’ait point réagi, cela n’aurait du
étonner personne. Quand est-ce que cet individu eût manifesté par le passé, son
long passé, la moindre inquiétude pour les Algériens ? Avait-il montré un
jour une sincère inquiétude pour ce
peuple ? Que non !
«
Bouteflika boude tout le temps, il a toujours boudé. C’est un monstre d’égoïsme,
un enfant gâté »(2), affirme son ancien ami, feu Chérif Belkacem.
Supposés être ses électeurs fidèles qui l’ont plébiscité il y a de cela un peu
plus de deux ans, pour ce véritable mandat de trop, les Algériennes et les
Algériens semblent être le dernier des soucis de Bouteflika, si soucis il y a
chez cet homme. Et cela n’est pas nouveau. « Je crois que le grand problème de
Bouteflika, affirme le général Rachid Benyellès, est qu’il n’aime que lui. Il
n’aime pas ce pays. Il ne l’a jamais connu. Quand on aime l’Algérie on a un
minimum de compassion pour les Algériens. On l’a vu tourner le dos à la Kabylie à feu et à sang
pour assister à une réunion sur le sida en Afrique. On l’a vu mépriser Bab El
Oued inondé et ne se déplacer qu’après trois jours parce qu’il se plaisait en
Suisse. Et ces familles massacrées par les terroristes et auxquelles il n’a
jamais rendu visite… Aussi ses échecs ne s’expliquent-ils, à mon avis, que par
le total désintérêt qu’il a pour la chose intérieure. Sa seule ambition est de
se faire reconnaître par les grands de ce monde. Il ne connaît rien à
l’Algérie, non pas parce qu’il est né à Oujda, mais parce qu’il n’a jamais
voulu avoir des relations avec l’Algérie pendant son adolescence et sa
jeunesse. Même pas avec la communauté algérienne, très importante, qui vit à
Oujda et au Maroc (…). A l’indépendance, Bouteflika pouvait rattraper tout ça
s’il avait hérité d’un poste aux prises avec la réalité du pays. Mais pour son
malheur, et le nôtre, il a été désigné aux Affaires étrangères. Alors, il ne connaît
toujours pas l’Algérie »(3). Douloureuse est la vérité !
C’est
une citoyenne Algérienne, Siham Larbaoui, qui, avec l’odieux attentat de
Marrakech, et en regardant une vidéo du roi du Maroc visitant les lieux du
crime, s’est rappelée que cet «enfant gâté» qu’est Bouteflika n’a jamais rendu
hommage aux victimes d’un attentat terroriste en Algérie !(4)
Et,
chez nous, ô combien nombreux sont ces attentats. Mais pour le prince Abdelaziz
Bouteflika, qu’importe ! Pour lui, le peuple ne serait ici que pour louer sa
grandeur et la grandeur de sa sagesse. Une «sagesse» avec laquelle Bouteflika a
su bellement, il faut quand même le reconnaitre, trouver une politique, la
seule, qui lui a permit de demeurer à la tête de l’Etat tant d’années avec un
bilan désastreux et honteux. Celle, si dangereuse, de «diviser pour régner», l’ancienne
devise coloniale. Ce n’est même plus de la division, ce que fait cet homme,
mais de l’émiettement !
L’émiettement de la société
L’homme
à la tête de l’Etat, l'ancien «danseur de rumba», semble doué d’un talent
exceptionnel, outre la danse évidemment. Celui d’un grand diviseur. Cet
individu scinde, parfois pulvérise, tout ce qui l’approche. Et les exemples ne
manquent pas. Des partis politiques de diverses tendances ont eu le malheur de
vérifier à leur dépends cette caractéristique hors du commun chez Abdelaziz
Bouteflika. Malgré certains doutes qui débordent largement le cadre de cet
article et qui pèsent sur le RCD, ce parti laïc était considéré par certains
Algériens comme le parti citoyen par excellence. Malheureusement pour lui et
pour ses sympathisants, il a fait l’erreur qui s’est révélée fatale de
collaborer avec Bouteflika dans le début de son premier mandat (tout comme il a
soutenu et cautionné exagérément la politique des généraux, l'éradication, dans
les années 1990). Et cela n’avait pas duré. Quelques mois plus tard, avec le
printemps kabyle et l’assassinat impuni de plus de 120 personnes humaines par
les forces de l’ordre du régime, le RCD s’est retiré du gouvernement, mais pas
tel qu’il l’avait intégré. Il était visiblement trop tard pour bien faire. Car,
hélas !, on ne sort pas indemne d’une telle mésaventure !
En
effet, le parti du Dr Saïd Sadi en est sorti divisé. Et en trois ! Le RCD tel
que nous le connaissons aujourd’hui, faible et sans envergure ; Khalida Messaoudi-Toumi
qui s’est découverte une capacité inouïe en matière de lèche-botte alors
qu’elle fut la vice-présidente du RCD et présidente de son groupe parlementaire
(et une suite de démissions d’autres membres) ; et les revendicateurs de
l’autonomie de la Kabylie,
ennuyés par les manœuvres du régime, qui, curieusement, les tolère aujourd’hui
tel qu’un ministre du GPK flâne en Algérie le plus normalement du monde.
Ce
n’est pas seulement le RCD qui a gouté au venin du sieur Bouteflika. Faut-il
rappeler la crise qu’a provoquée ce même Bouteflika en imposant sa volonté de
briguer un deuxième mandat en dépit de toute une nation, y compris ceux qui
l'ont ramené, au sein du FLN, parti qui avait alors la majorité parlementaire ?
Puis un coup d’Etat – chose qui est tout sauf étrange dans le parcours de
Bouteflika – dans ce parti, étrangement semblable à celui de 1965 (voir le
livre «Bouteflika : Une Imposture Algérienne»(2)).
Et,
finalement, pour que sa capacité de division touche ainsi à toutes les
tendances politiques présentes dans le pays, le parti islamiste MSP. C’est
ainsi que des dissidents de ce parti ont décidé récemment de créer un autre
parti islamiste, autre que celui présidé par Bouguerra Soltani, tout en restant
flatteurs envers l’égo surdimensionné de Bouteflika.
Et,
encore une fois, si seulement l’émiettement est lot des seuls partis politiques…
Avec
Bouteflika, c’est le pays entier qui est divisé, morcelé. Dans toute
l’Histoire de l’Algérie, jamais le régionalisme (devenu tribalisme) n’a atteint
l’ampleur d’aujourd’hui, celle d'une dangereuse maladie sociale. L’exemple le
plus frappant est dans le gouvernement même de Bouteflika, dominé largement par
des ministres pourris, au demeurant serviles et incompétents, issus de son
village d’origine (12 ministres des 30 de son gouvernement sont issus d’une
seule wilaya, Tlemcen, alors que l’Algérie compte 48 wilayas).
Ainsi,
chaque responsable dans la république de Bouteflika prend soin de s’entourer
par des gens issus de sa ville ou village. La compétence n’a plus valeur de
critère chez nous, dans la république de Bouteflika.
Reste
que les plus périlleux pour l’Algérie est lorsque Bouteflika a tenté en 2001 de
diaboliser outre mesure les Kabyles qu'il méprise plus particulièrement que le
reste du peuple, et cela depuis toujours, eux les victimes de mensonges et
crimes d’Etat depuis 1962, pour retourner les populations des autres régions
contre eux, alors que les revendications étaient, pour ceux qui ont lu la
plateforme d'El Kseur en dehors de la désinformation sophistiquée du régime,
non seulement acceptables, mais, en outre, indispensables. Jamais les Kabyles
n’oublieront ce geste réellement pervers.
Une perversion irréversible
Il
importe peu qui a imaginé le scénario. Est-ce Bouteflika, ses amis, ses frères,
sa défunte mère, ses ministres-esclaves, ou la police politique. Ou un des
innombrables sbires, enivré par son statu de servile d'un régime criminel.
L’essentiel demeure que c’était la perversion même. Et c’était Bouteflika
l’acteur principal de cet épisode d’une longue série qui s’est révélée
désastreuse.
C’était
au tout début du premier mandat, alors que les dupes étaient encore dupés, ad
nauseam, par l’aura factice d’un pourri supposé avoir traversé le désert, alors
qu’il était en réalité sorti «facilement» malgré les preuves de la cour des
comptes sur ses rapines débridées.
A
cette époque, 1999, un autre siècle, un autre Bouteflika. Celui-ci pouvait
s’écrier sur les vielles qui n’acceptaient pas sa politique, car elles
voulaient tout de même avant de mourir, avant de quitter ce misérable monde
qu’ont pourri exagérément les semblables de Bouteflika et de ces parrains
génocidaires, revoir leurs enfants, kidnappés (hors du cadre de la loi
évidemment), par les services du régime (DRS). Ou sa police. Ou sa gendarmerie.
Celle-ci même dont des éléments pervers et invertis n’ont pas hésité, en 2004,
dans la république de l’impunité, celle de Abdelaziz Bouteflika, à …sodomiser
des enfants à Batna(5), wilaya dont le hasard a voulu qu’elle soit
située aux antipodes de Tlemcen.
Bouteflika
pouvait même, on s’en souvient, menacer de partir, de rentrer «chez lui» (il va
sans dire qu’en Algérie il n’est pas chez lui) s’il arriva qu’un Algérien ose
insister et veuille ainsi garder sa mémoire et tente de résister à l’amnésie
que, lui et ses parrains, veulent coûte que coûte imposer au peuple meurtri par
une longue guerre...
Dans
le sillage de la compagne de «vente» de la politique bouteflikienne dite
concorde civile, on a fait venir une femme et on l’a présentée comme une veuve
dont l’époux serait tué par un terroriste. Que Dieu ait son âme alors ! Et
dans la république des miracles, Bouteflika, l’homme de la paix et de la
réconciliation, le prophète chéri des Algériens, parvient à dénicher le
terroriste responsable de cet assassinat. Et, miracle des miracles, il l’invite
même à se présenter aux Algériens (il n’y avait pas Facebook à l’époque).
Mais
ce n’est pas la fin.
Les
Algériens coupaient leur souffle…
Et
la veuve de donner une fleure au terroriste dit «repentit» !
La corruption normalisée
Tout
en généralisant l’impunité à tous les criminels de la sale guerre, Bouteflika a
pu aussi normaliser chez les petites gens, après son entourage vorace bien sûr,
une infirmité hautement dangereuse. Il ne peut se passer en Algérie une semaine,
voire une journée, sans qu’on lise dans la presse les rebondissements des
affaires de corruption qui touche absolument tous les secteurs.
Nul
n’est besoin de rappeler l’affaire Khalifa, sinon cet article deviendrait du
coup un livre. Pareille pour Sonatrach qui n’est malheureusement pas sortie
indemne du règne de Bouteflika qui veut léguer la république qu’il ruine à un
frère encore plus pourri que lui, selon toutes les informations crédibles.
L’autoroute est-ouest, les banques – presque toutes ! –, les centres
hospitaliers : aucun secteur n’est épargné.
Mais
le malheur suprême est en la banalisation de cette pathologie.
Le
peuple est contaminé dans une malheureuse majorité.
La
jeunesse, qui grandit dans cette atmosphère morbide, meurtrie par le régime et
les pratiques et mœurs qu’il a engendrés, n’aspire qu’à quitter ce pays.
Vers un terrorisme perpétuel ?
Les
nouvelles angoissantes lues dans la presse nationale la semaine dernière, ne
laisse plus de doute. Le terrorisme, bel et bien, n'est pas vaincu. Et il n'est
surtout pas résiduel. Les terroristes existent. Et ils s’exhibent. En
s’exhibant, ce sont des vies d’Algériens qu’ils emportent avec eux. En fait,
dans la seule wilaya de Jijel, après Tizi-Ouzou, plus d’une vingtaine de
militaires ont perdu leur vie en une seule semaine de cette année 2011.
Décidément,
l’axe central de la politique bouteflikienne, la sécurité, dont le régime s’est
tant vanté, vainement, est un mirage. Un autre mirage…
Ainsi
donc, on n'aurait pas tort, en guise de conclusion de cet article, d'affermer que
cet homme a échoué dans tout ce qu’il dit avoir réussi. Les Algériens, si,
encore aujourd’hui, acceptent d’être leurrés encore une fois par des manœuvres
basses du régime ; de vivre dans cette servitude honteuse alors que le
reste du monde arabe se libère, alors que la liberté, pour l’avoir, il suffit
de la réclamer ; de ne pas réclamer les droits fondamentaux ; de
végéter dans la terre de leurs ancêtres alors qu’elle est si riche ; de
laisser pourrir le pays et laisser des gangs hypothéquer dangereusement l'avenir
des futures générations ; si les Algériens abdiquent et se taisent, c’est
bien qu’ils méritent toutes les conséquences inéluctables du règne de la tyrannie
qui finiront par anéantir la vie décente dans cette terre.
Par
Lyes Akram
Notes de renvoi :
(1)
Message de Hocine Aït-Ahmed aux Algériennes et aux Algériens : «Pour une
alternative démocratique et pacifique » :
(2)
Mohamed Benchicou, Bouteflika : Une Imposture Algérienne. Le Matin,
2004.
(3)
Ibid.
(4)
«Le Roi Mohamed VI vient de faire ce que Bouteflika n’a jamais fait : rendre
hommage aux victimes d’un attentat terroriste » :
(5)
C’était au Tkout, Batna. Pour plus d’informations sur ce qu’un éditorialiste du
Matin avait surnommé «l’Aboughreib d’Algérie», veuillez visiter ce site :
PS.
L’intitulé de l’article est emprunté, cela n’aurait pas échappé au lecteur, au
fameux livre du philosophe français Alain Badiou : «De Quoi Sarkozy est-il le
nom ?»
Excellente et éclairante contribution !Merci !!!
RépondreSupprimerTrop concentré sur le Bouteflika, simple "capote", (c toi qui l'as dit ailleurs), tu ne le pense pas ?
RépondreSupprimercomme d'habitude lyes très très brillant , bientôt , tu fera du todd
RépondreSupprimerqatar avec son emir et l'algerie avec bouteflika s'entendent sur l'avenir de la libye. le premier ministre du qatar pense que bouteflika possede
RépondreSupprimer" la hikma" quelle est cette hikma que beaucoup de presidents et dirigeants viennent chercher chez bouteflika? il ne possede aucun brin de hikma. si ce n'est le silence les faux fuyants et les dribbles(comme en footbal)d'ailleurs l'emir actuel du qatar qui a deposé son pere et prendre sa place a eté aider par qui? le qatar n'est qu'un petit emirat a la solde d'un grand pays d'afrique. eljazeera ressemble a algesiras alors devinez?
hamza habous 03/05/2011 12:14:17
RépondreSupprimerje trouve cet article de l'illuminée siham labaoui choquée hypocritement vraiment très ridicule et de même sens que l'article du ridicule grand écrivain med sifaoui doit voici ce que j'ai répondu: le sujet lui même de ce livre déchet avant sa parution ne va intéressé
que son auteur .a savoir le grand ridicule délateur mohamed sifaoui et
tous ces internautes marocains usurpant l'identité
algérienne se positionnant comme algériens de fendants mais en enfonçant
encore plus la haine
dans les cœurs des maghrébins.
je me demande qu'est ce que cet article va apporter de positif pour la
vie social du peuple maghrébin.....................chers internautes
marocains , vouliez-vous nous insinuer
que Mr BOUTEFLIKA et son équipe sont des marocains........et quoi encore....................vous voulez détruire tous ce qui est bon en Algérie.................et oui les milliards de dollars du
pétrole dont nous a fait don mon bon dieu font perdre le nord à tous ces
esprits illuminés faussement d'intelligence raciste et haineuse épicée de
jalousie...............................................
je dirai a med sifaoui que Mr SARKOZY est engrois d'ethnie juif et
actuellement est président de la FRANCE...........OU EST LE PROBLEME
..........................................................
POUR TERMINER JE CONCLU QUE L4ARTICLE EST NUL ET SERA CONSIDER2 COMME UNE PROVOCATION AU PEUPLE ALGERIEN ET CES INTERNAUTES TRAVESTIS EN ALGERIENS DONT LEURS REACTIONS COMPLETENT DANS LE SENS CHERCHE PAR LE OU LES AUTEURS...................QUI SEME LE VENT RECOLTERA UN JOUR SA
TEMPETE.......DAHMANE EL-HARRACHI................
je crois que tu ferais mieux d'ouvrir les yeux...
Supprimerau lieu de critiquer l'algerie ouvrez les yeux vers ces pays de golf que vous aimez tant, et que les americains considerent comme leur reservoire de tout genre.
RépondreSupprimer