Par Chawki Amari
C’est comme un barrage hydrique dont on ouvre les vannes à un moment. Retenues depuis les émeutes de janvier pour éviter les débordements, les distributions de logements ont été lancées et les émeutes de juin ont commencé. Pourquoi ces distributions donnent-elles toujours lieu à des manifestations de colère ? Parce qu’il n’y en a pas pour tout le monde, parce que, souvent, les logements ne sont pas donnés à ceux qui en ont besoin et que, surtout, très peu peuvent s’en offrir un tout seul, le prix moyen d’un appartement coûtant environ 400 salaires mininum. Pour en louer un, c’est le même problème, la location coûte deux salaires minimum, à payer un an d’avance.
Les trois millions de logements promis n’ont donc pas influé sur le prix des logements. Un économiste, même logé, vous dira que si l’offre augmente, le prix baisse. Sauf qu’on est en Algérie et pas en économie. D’où la nécessité de pallier le coût exorbitant des logements et les constructions fictives de l’Etat par des lâchers de F3 sur les populations en demande, et tout le monde sait comment se déroule l’opération. Sur un quota initial de 100 logements, par exemple, le wali en prend 10 pour lui, son chauffeur 3 et la maîtresse du premier 2. Le chef de daïra en veut 5 pour son cousin et un ami qui a des problèmes avec sa femme. Arrive la Présidence qui en veut 10 pour raison d’Etat, puis le DRS qui en réquisitionne 20, les neveux de moudjahidine 10.
Le général de région, même s’il a déjà 3 appartements et a fait consruire sa villa gratuitement par les djounoud, en veut aussi pour lui et ses amis. Disons 5. Ensuite les mafieux, bien installés dans l’Etat, en récupèrent 25 pour les revendre aussitôt au prix du marché. Au final, il reste 10 logements, sur les 100 à l’origine, pour des milliers de demandeurs. Maintenant, battez-vous. La boucle est bouclée. L’Etat génère de la violence et y répond avec violence.
In El Watan, 28 juin 2011.
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