Me Ali-Yahya Abdenour, qui dit que « les droits de l’Homme sont inscrits génétiquement et politiquement chez moi. Ils sont présents dans mon esprit et dans mon cœur, et représentent ma seule démarche », s’est expliqué dans plusieurs titres de presse parus aujourd'hui sur la demande qu’il a faite à l’armée d’appliquer l’article 88 de la constitution, à savoir destituer Bouteflika pour maladie (1).
A ceux qui l’ont critiqué et ont assimilé sa proposition à une demande de "Putsch" (un mot qu'il n'a pas utilisé), il dit : « Il ne faut pas que la pensée de ceux qui s’interrogent sur ma demande soit la pensée vide du vide. Il ne faut ni déformer le langage ni le sens des mots ». Me Ali-Yahya rappelle, dans cet article, que les intellectuels algériens et leur comportement sont une partie du problème que vit notre patrie.
« L’élite intellectuelle du pays n’a aucun intérêt au changement et veut maintenir le statu quo. Chacun lit entre les lignes, et n’y lit que ce qui lui convient », écrit-il. « La conduite rationnelle, éclairée, pondérée, modérée d’une action politique ne peut qu’entrer en conflit avec cette agitation fantastique et bouillonne. Agitation qui a pour cause, je le rappelle, la perte de contact délibérée d’une partie de nos élites avec les plus élémentaires principes de la réalité », ajoute Maître Ali-Yahya.
Pour rappel, Ali-Yahya Abdenour avait demandé l’application de l’article 88 de la constitution, à savoir destitution de Abdelaziz Bouteflika pour raison de son état santé qui constituerait un empêchement. Critiqué dans la presse et par des juristes, dont Maître Mokrane Aït-Larbi qui s’est interrogé sur le timing, il explique : « Trois institutions ont le droit d’agir dans l’application de l’article 88 : le ministère de la Santé peut désigner 5 à 7 professeurs de médecine pour faire un rapport sur l’état de santé du président. Peut-on penser que dans l’état de dictature que traverse le pays, la réponse peut être autre que «état de santé satisfaisant». Le Conseil constitutionnel qui a validé toutes les élections entachées de fraudes électorales massives peut-il proposer au Parlement de déclarer l’état d’empêchement ? L’immobilisme politique permettra au président de rester au pouvoir jusqu’à 2014 (…) Le rôle de l’armée dans les pays de dictature évolue. En Tunisie, le général Rachid Ameur, conseillé par l’ambassadeur des Etats-Unis, a refusé d’obéir à l’ordre qui lui a été donné par le président Ben Ali de tirer sur les manifestants. Il en est de même en Egypte. L’armée algérienne suscite des interrogations auxquelles elle doit répondre. Elle est le haut lieu de la concertation, de la vue politique où s’affrontent les enjeux idéologiques et les conflits d’intérêts entre les clans du pouvoir. (…) De nouveaux cadres supérieurs, politisés, reflet des divers courants d’opinion qui traversent la société, d’un niveau intellectuel et militaire élevé, légalistes, sans arrière-pensée de putsch, lors des privilèges qui accentuent les injustices et éloignent le peuple de l’armée, veulent l’émergence d’un pouvoir qui se manifeste de bas en haut de manière démocratique, et désirent servir l’Algérie entière, nation, peuple et Etat. Les officiers des nouvelles promotions souhaitent que l’armée se prépare à se retirer de la vie politique, à se moderniser pour mener à bien ses fonctions de défense de la patrie. L’armée ne portera jamais l'infâme responsabilité de tirer sur la foule. (…) La responsabilité de l’armée dans le problème sérieux et grave de l’application de l’article 88 de la Constitution est qu’elle est la seule force de contrebalancer celle du président de la République, capable de libérer la commission des médecins, le Conseil constitutionnel et le Parlement qui délibéreront alors en toute liberté pour la destitution de Bouteflika. »
Lyes A.
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