jeudi 15 mars 2012

Hommage à ces millions d’Algériens qui refusent le changement…

Par Lyes Akram
Il n’est point de peuple glorieux. Tous les peuples se valent. Et nul n’est monolithique. Beaucoup d’Algériens, dont l’auteur de ces lignes, ont cru qu’il suffit de vivre en Algérie sans souffrir d’une quelconque déficience mentale afin de percevoir la dangerosité sur l’existence de la nation que constitue le statuquo présent. Pour autant, il est indéniable que des millions d’Algériennes et d’Algériens veulent et aspirent à la perpétuation de l’actuel régime. Ainsi, dans cet espace démocratique d’Informations et de Réflexions, il serait anti-démocratique et hypocrite de ne pas en parler. C’est même un réflexe totalitaire, une pulsion morbide «éradicatrice» que d’ignorer ces concitoyennes et concitoyens. Car on ne peut se présenter démocrate, acceptant la différence et la divergence d’opinions et, en même temps, nier l’existence de millions de femmes et d’hommes, de vieux et de jeunes, de même nationalité et vivant dans le même pays que nous. Ces quelques modestes lignes leurs sont dédiées humblement…
Les partis politiques du régime comptent assurément des centaines de milliers d’adhérents, sinon des millions. Ces Algériens à part entière ont opté, choisi librement d’appartenir à ces structures aussi illégitimes que le régime. Ils ne sont pas, ces chers compatriotes, pour le changement, sinon qu’ils n’auraient jamais adhérer à de tels partis…
Aussi sont contre le changement tous les tyranneaux des partis dits opposants qui ne savent pas qu’est ce que la démocratie, n’ont aucun programme, et reproduisent les pratiques du régime au sein de leurs structures, eux et ceux qui les ont déifiés…
Toute personne ayant participé dans une manifestation pour le départ du régime, peut conclure que la police refuse cette revendication. Ce qui est loin d’être le cas, les jeunes policiers ne font que leur travail. Mais les policiers ripoux, sans âmes et sans cœur, eux, refusent le changement qui, inéluctablement les mettra derrière les barres…
Et ils ne sont pas les seuls.
Les docteurs par le plagiat dont parlent Ahmed Rouadjia refusent aussi le changement. Eux, et leurs étudiantes et étudiants qui ont préféré, fait le choix de copier des mémoires et thèses d’autrui, en posant leur nom à la première page… Pourquoi accepteraient-ils – ou, pis, militeraient-ils – pour un changement qui les sanctionnera ? On ne peut, donc, pas s’étonner de la vassalisation des élites…
Du primaire et au lycée, ces enseignants qui trouvent, en classe, le temps de faire quelques mots fléchés mais pas celui pour résoudre des exercices programmés et préfèrent, choisissent librement de «proposer» aux écoliers, collégiens et lycéens de «découvrir» les solutions, le soir, hors de l’établissement scolaire, en échanges de quelques centaines de dinars – ces enseignants-là, qui, tel des maffieux (parfois, ils coordonnent entre eux), parviennent à ériger des villas somptueuses et rouler en voitures faramineuses, alors que parmi leurs collègues assez de braves et de compétents résistent au paupérisme sereinement, dignement et sans se compromettre, pourquoi voudrait-ils d’un changement qui signifiera qu’ils rendront des compte sur leur passé et cesseront de déformer au lieu de former ?
Les femmes sous-diplômés ou sans diplômes qui occupent des postes que l’on refuse aux hommes et autres femmes dignes assez diplômés, car les première ont pour CV un corps voluptueux qu’elles ont accepté, choisi, le plus librement du monde, de vendre pour occuper des postes dépassant leur compétences ; ces femmes-là et leurs recruteurs, refusent catégoriquement l’idée du changement…
Certes, «l’homme qu’il faut à la place qu’il faut» n’arrange pas tout le monde !
L’administratif qui préfère, selon les cas, méditer sur le saint Coran ou sur le corps de sa sybarite collègue au lieu de faire son travail, lui, ne veut guère du changement, tout comme son collègue qui vous dit : «il n’y pas d’imprimés» et, devant vos yeux, hébété, sert ces mêmes imprimés à la blonde à la poitrine assez gonflée…
Aussi ne veulent surtout pas du changement tous les corrompus et corrupteurs d’Algérie. Et ce sont des millions, si l’on admet le classement de l’Algérie par Transparency international, car, tout compte fait, ce ne sont pas des extraterrestres qui pratiquent la corruption en terre algérienne mais bel et bien des Algériens…
La maffia financière, hideuse sécrétion de nos décideurs militaro-civils, désire-t-elle en découdre avec la dictature ? Absolument pas ! Car ça serait un suicide. Comme ses valets et serviteurs zélés partout, dans tous les secteurs, tous ceux qui ont tété du biberon de la corruption et de l’argent sale…
Ces Algériennes et Algériens qui occupent plusieurs logements sans que leurs noms ne soit jamais rayés des listes des demandeurs, ainsi de ceux qui ont «oublié» d’effacer leur noms… ceux parmi les jeunes qui ont bénéficié de quelconque dispositif d’aide pour, par exemple, acheter une moissonneuse pour travailler et, une fois l’argent entre leurs mains, ont découvert qu’il valait mieux quitter le pays sans rien rembourser, sont indéniablement contre toute idée de rupture, laquelle est, par définition, œuvrer contre eux…
Les faux moudjahidine, leur exécrable progéniture infrahumaine, et ceux qu’appelle Mostefa Lacheraf les «embusqués» du nationalisme algérien aussi en veulent pas du changement, car celui-ci fera qu’ils soient appelés par leur nom et occupent leur place…
Les journaleux des services, ceux qui, alors qu’une partie de leurs collègues ont résisté à tous les dangers, lesquels ne furent pas peu, eux, ont préféré offrir leurs services (il se dit que la police politique ait refusé un nombre de «demandeurs d’emploi»), de désinformer, d’intoxiquer, désirent-ils une autre Algérie, celle avec des services de renseignements «ordinaires», sans police politique qui leur faxent les articles et leur tracent les lignes rouges ?
Et les romanciers qui, seulement une fois «honorés» par le régime, découvrent que «les Algériens doivent être fiers de leur Bouteflika», à l’image d’Ahlam Mostaghanemi, seraient-ils pour la rupture, pour le changement radical ? Que non ! Comme ceux avec lesquels nous partageons la nationalité en dépit de notre volonté, et qui ont déclaré «génie littéraire» feu Kadhafi…
Tout comme un djihadiste rétrograde proclame un concitoyen impie et son sang licite, Yasmina Khadra, qui «écrit» des bestsellers sans pouvoir pourtant baragouiner correctement en langue française, n’a pas-t-il proclamé le vaillant peuple bahreïni comme «ingrat» lorsqu’il a décidé de briser le joug du totalitarisme de sa monarchie sectaire ? Une telle créature serait-elle pour le changement et la rupture, elle qui considère sa «littérature» comme la seule «issue» qui reste aux Algériens ?
Et ceux qui… Et ceux qui… Et ceux qui…
Et leurs familles, pères, mères, époux (ses), enfants, amis, etc., ces millions de concitoyennes et concitoyens, ces baltaguis éternels et auto-mobilisés, pro-régime et qui sont inconditionnellement contre le changement, même partielle. Là où les autres ont résisté à la tentation, eux, ils ne l’ont pas fait. Ils pèseront de tout leur poids pour que le régime, même s’il désire se réformer (ce qui un rêve),  demeure tel qu’il est.
Avec ces millions de concitoyens, le chemin du changement n’est pas une voie, mais un sentier ronceux. C’est, au demeurant, le cas de tous les pays arabes. Les Tunisiens et Egyptiens ont traversé ce sentier jonché d’épines. Pas les Algériens. Pourquoi ?
L. A.

Vidéo :
Yahia Abderrezzak, exemple d'un "étudiant" pro-régime. 
A consommer sans modération...

 

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