lundi 12 mars 2012

Pourquoi le peuple algérien doit boycotter les élections

«Le pouvoir a refusé au peuple algérien d’exister»
Karim Tabbou, ancien SG du FFS
Par Lyes Akram
Cette fois, c’est l’union du Mal qui appelle les Algériens à la participation dans les élections législatives du 10 mai prochain. Bouteflika, quelques djihadistes et les plumitifs de la police politique prient ainsi les Algériens d’y participer. Toutefois, tout indique que le boycott pulvérisera les précédents records. En effet, on a déjà brulé les cartes du vote en Kabylie, et, à l’échelle nationale, plusieurs syndicats, des comités de citoyens, de chômeurs, des partis politiques et des personnalités éminentes de la société civile appellent les Algériens au boycott, seul position qui ne déshonore pas. D’après un sondage de KalimaDZ (près de 1200 participants), 82% des Algériens vont boycotter. Et les manipulations coutumières, les fausses promesses et autres menées du régime ne serviront à rien, le peuple ayant fait son choix depuis belle lurette.

Instrumentalisation et perversion de la religion
Parmi les manipulations classiques du régime, il y a celle, grave et dangereuse, qui touche à la religion qu’il a si pervertie. L’année passée, on s’en souvient, des policiers aux cœur glacés ont violenté sauvagement des citoyens lors des évènements des Bois des Pins (Hydra). Impunément. Sur ces entrefaites, et pour calmer les populations, le régime a mobilisé une catégorie de ses hommes liges : les imams. Un de ceux-ci, à la mosquée de Bir Mourad Raïs, avait prêché, toute honte bue : «Quand un policier ou un gendarme vous frappe, entre de force dans votre maison, tabasse votre femme ou votre mère, il ne faut rien faire». Ces propos se passent de tout commentaire…
Deux mois avant le scrutin, le régime remobilise ses imams à travers le ministère des affaires religieuses. Dans ce département, on ne s’en cache pas. «(…) l’appel au vote fait partie des missions de l’imam. Quand ce dernier donne des leçons relatives à la vie civile, il doit en parallèle appeler les citoyens à adopter un comportement civilisationnel (sic) dans l’intérêt national. L’Algérien est prié de voter, même s’il envisage de glisser un bulletin blanc. L’essentiel, c’est la participation», déclare le chargé de communication du ministère des affaires religieuses à El Watan (12 mars 2012).
Ainsi, «même un bulletin blanc» ! Le régime cherche donc une légitimation à ses errements destructeurs, à travers la participation, dans le contexte régional actuel et ne donne guère d’importance aux choix du peuple qu’il méprise et auquel il «a refusé d’exister»…

Les bonnes intentions du régime
Les manipulations routinières ne suffisant pas, le régime proposent des «garanties». Tentative vaine de leurrer le peuple. Il a confié le contrôle des prochaines élections aux magistrats algériens. Des magistrats algériens ! Cela inspire tout sauf de la confiance, dans la mesure où l’obséquiosité et la mort de l’âme sont des critères pour faire carrière dans ce secteur. Pas seulement, rappelant l’affaire des «magistrats faussaires». Nous apprenons de l’édition du 12 mars 2012 d’El Watan que Benyoucef Mellouk, qui les avait courageusement exposés, est de nouveau menacé. Un magistrat est allé le visiter chez lui pour lui dire : «(…) on peut te faire mal. Tu as des enfants et tu dois donc faire très attention sinon tu n’auras qu’à t’en prendre à toi-même.» Ce n’est pas un film américain où des gangsters s’affrontent, cela s’est passé à Blida, dans l’Algérie du DRS et de Bouteflika…
Citons aussi un cas rapporté par Mustapha Bouchachi, président de la LADDH : «(…) le plus grave, raconte-t-il, est [qu’un] juge qui est tenu par la Constitution, laquelle souligne qu’il n’est soumis qu’à la loi et à sa conscience, n’a pas osé demander [un] document !» Puis il s’interroge : «Ce juge algérien pourra-t-il convoquer un général alors qu’il n’a même pas osé demander un document ?» On peut, quant à nous, poser une autre question : avec un tel degré de couardise, ce juge et ses semblables, auront-ils le courage d’exposer, éventuellement, la fraude quelle que soit la partie qui la tenterait ? Non, non, non.
Aux manipulations habituelles et fausses garanties, s’ajoutent les multiples tentatives de briser les voix libres de la société par des intimidations. Si l’on met de coté les crimes massifs du régime (gestion du terrorisme, pogrom anti-kabyle de 2001, viol collectif par des gendarmes à Tkout, Batna, en 2004, etc.) et on se concentre sur l’après «printemps arabe», on ne peut qu’être frappé par l’ampleur de la violation des droits humains.
Annan Abed est un militant associatif à Tiaret. En septembre 2011, nous avons appris avec tristesse qu’il a été agressé par des gardes communaux. Son tort ? Avoir dénoncé la corruption. Quelques jours plus tard, Nourredine Belmouhoub, militant des droits de l’homme, est agressé à son tour. Il sera kidnappé quelques semaines plus tard, puis libéré après une mobilisation des défenseurs des droits de l’homme. Amel Baba, enseignante et militante démocrate, sera, quant à elle, «arrêtée, déshabillée et moralement torturée» en janvier 2012, pour avoir osé penser de participer dans un rassemblement à Alger qui n’a finalement pas eu lieu. Quant à Cherif Ouchen, citoyen algérien et père de cinq enfants, pour avoir critiqué Abdelaziz Bouteflika dans une lettre où il réclame un logement, il sera interné, dans un hôpital psychiatrique à Blida, sur ordre du DRS, selon sa famille. Enfin, les cas de Belharchaoui, Baba Nedjar, entre autre, sont assez célèbres pour ne pas les détailler ici.
Il en ressort clairement que la violation des droits de la personne humaine est dans la nature même du régime. Si, donc, des citoyens croient celui-ci lorsqu’il parle de changement (ou, le comble, de rupture), ils n’ont qu’a blâmé leur ingénuité (ou imbécilité).

Promesses de Bouteflika
Comment oser inviter les Algériens à participer ? Après avoir reconnu que les précédentes élections étaient marquées par la fraude – ce qui fait de lui un président illégitime – Abdelaziz Bouteflika promet d’organiser des élections «pas comme les précédentes», des élections, dit-il, «tout aussi importantes que Novembre 1954». Une hérésie. Mais passant… Ici, on doit se poser une question décisive : faut-il donner du crédit à la promesse de Bouteflika d’organiser un scrutin honnête ? Non, non, non. C’est ce que dicte le bon sens. Par exemple, le même Bouteflika avait promis, dans son pathétique discours du 15 avril 2011,  l’ouverture de l’audiovisuel, ce qu’avaient cru quelques profanes en politique, avant de constater que c’est un autre mensonge.
Pourquoi le croire donc lorsqu’il s’agit de sa volonté d’organiser un  scrutin transparent ? Celui qui commet deux fois la même erreur…
En outre, le régime est tellement éhonté que ses partis (FLN, RND) proposent à la députation des incompétents notoires et des criminels connus.

Profils des futurs députés
Ainsi, le mépris du peuple est infini. Parmi ceux qui veulent et vont siéger dans la prochaine APN, il y a Rachid Harraoubia. Le plus médiocre et incompétent ministre de l’enseignement supérieur dans l’histoire de l’Algérie. Pour illustrer sa gestion du «temple du savoir» algérien, il faut rappeler le classement des universités dans le monde, où ne figurent aucune des nôtres. En outre, plusieurs universités sont paralysées actuellement par des grèves. Par exemple, à l’université de Blida, les travailleurs grévistes réclament, depuis des semaines, «le départ du recteur de l’université et de son gang» (textuellement). Le ministre fait la sourde oreille. Comment attendre de cet homme, qui affiche aux travailleurs de son secteur un tel mépris, de servir demain le peuple comme député ? C’est de l’illogisme. Mais c’est un cas et le moins grave…
Lorsque Saïd Sadi affirme que la prochaine assemblée sera «composée pour l’essentiel de petits délinquants pris la main dans le sac», on risque de croire qu’il tourne en raillerie les «collaborateurs du régime». Or ce que nous apprennent les «militants» du RND d’Ouyahia eux-mêmes est infiniment plus grave. Il ne s’agit pas de petits délinquants, non, malheureusement, mais de grands criminels ! Ces membres du RND disent que parmi leurs propres candidats, certains «sont connus comme étant de gros bonnets de l’argent sale, des trafiquants en tout genre». «Aujourd’hui, avec l’argent qu’ils ont, ils sont en train d’acheter des places sur les listes des candidats à la députation». «La mafia financière» aspire à «l’immunité politique à travers la députation» (El Watan 10 mars 2012)…
Il va sans dire qu’Ouyahia, interpellé par des militants de son parti on ne peut plus naïfs «pour prendre des mesures urgentes», ne bougera pas le petit doigt. Le RND, à l’image du régime qu’il l’a sécrété, est institutionnellement et politiquement inamendable.

Le FFS déçoit
Aussi, devons-nous rappeler que tant qu’une police politique est au cœur du pouvoir, tout est joué d’avance. La collaboration avec un régime pourri est une trahison du peuple. Quelle que soit l’obédience des partis qui vont boycotter les prochaines élections, nous les félicitons.
Quant à la participation décevante du FFS dans une mascarade que le peuple va boycotter tranquillement, elle laisse pantois. Que dire ? Paraphrasons Pierre Bloch : «J’ai dit trop de bien d’Ait-Ahmed pour dire du mal aujourd’hui, j’en pense trop de mal pour en dire du bien.» Hocine Ait-Ahmed, bientôt nonagénaire, doit rendre son ultime service au peuple : la publication de ses mémoires dont la première partie est parue il y a plus de trente ans, afin que leur contenu soit débattu de son vivant.

Pour le boycott des législatives
Enfin, il y a cette question de l’intervention étrangère. Dans un monde impondérable, le danger est certes réel, car la politique des Occidentaux est dictée non par des principes mais par des intérêts (malgré sa folie, ou plutôt à cause d'elle, El Gueddafi n’arrangeait pas toujours les intérêts des «étrangers», notamment dans les premières années de son règne). Toujours est-il que l’actuel régime, comme le redémontre une fois encore la gestion du différend entre Sonatrach et Anadarko, sert mieux les intérêts des étrangers que ceux du peuple. Toutefois, d’aucuns, en oubliant tout cela, regardent la situation autrement. Par son illégitimité, le régime algérien offre un précieux prétexte à cette intervention. Ainsi, on nous propose de légitimer ce régime, pour barrer la route à l’intervention étrangère. On dirait que parce qu’un prétexte existe, les Occidentaux détruiraient un régime qui les sert ! Un non-sens.
Il est clair donc que tenter de voiler cette illégitimité n’a rien de constructif. En revanche, isoler le régime et affirmer une fois de plus son déficit en légitimité populaire et démocratique, par le boycott, participe à la rupture et à l’obliger de partir pacifiquement. 
Dans un pays où tous les ingrédients de l'explosion sociale sont présents, collaborer avec le régime est une mauvaise fin, car le peuple ne pardonnera jamais à ceux qui le trahiront, quel que soit leur passé.

L. A.

1 commentaire :

  1. well, for me i boycott the legislatives elections, because i d'ont feel that those people gonna change the situation, we're living in hell, ther's many people who suffer unemployement, racisme even still exist in some dpartement, adding to this, there's many departement leave under pauverty line, any way, i prefer to say : allah yahdihoum (may allah 'll guide them to the right way), and we really need change in this country, but not by using guns & arms,no , no violence, but by dialogue, by changing the old faces (dolls and dummmies),

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