lundi 5 septembre 2011

Ghozali désapprouve la méthode Bouteflika



In El Watan
«Le directeur général des Douanes, qui a récemment rencontré Ghozali, lui a révélé que 70% des cadres supérieurs des Douanes ont été corrompus». C’est ce qui ressort d’un câble de l’ambassade américaine à Alger, publié par WikiLeaks. Lors d’une discussion entre l’ancien Premier ministre, Sid Ahmed Ghozali, et l’ex-ambassadeur Richard W. Erdman, divers sujets ont été abordés par les deux hommes.
On apprend que Ghozali était, ou l’est toujours, contre le projet de réconciliation nationale prôné par Abdelaziz Bouteflika. «Il ne pourrait y avoir de pardon sans un effort sincère pour établir la vérité, et sans pardon il ne pourrait y avoir de réconciliation», révèle la note du diplomate américain. «Ghozali a déclaré qu’il voterait contre le référendum sur la réconciliation nationale prévue le 29 septembre 2005… Il a affirmé que la concorde civile de 1999 a été présentée au peuple comme l’étape nécessaire pour en finir avec le terrorisme et afin de créer l’unité nationale», est-il transcrit par l’ancien chef de mission américaine à Alger. Ghozali justifie sa position en expliquant au diplomate américain que «contrairement à l’Afrique du Sud, l’Algérie n’a pas affronté les faits et n’a pas cherché la vérité de ce qui s’est passé pendant les années sombres du terrorisme». Par ailleurs, Sid Ahmed Ghozali juge que «la campagne anti-corruption du gouvernement algérien est un théâtre». Concernant la corruption au sein de la compagnie Sonatrach, il la qualifie de «spectacle pour la presse». Sur le même point, Ghozali a déclaré à l’ambassadeur que «la corruption est endémique en Algérie». Il reproche au gouvernement de ne pas «s’attaquer à la racine du problème, à savoir les bas salaires des fonctionnaires». Quant au volet économique, l’ancien Premier ministre pense que si «le gouvernement avait un véritable plan de réformes économiques, il aurait dépensé les réserves financières de l’Algérie pour la préparation de l’avenir. Le rythme des réformes est lent et moins décisif, contrairement aux désirs des réformateurs». Il estime que «le gouvernement algérien manque de vision». «Les pouvoirs publics ont fait des efforts pour privatiser les entreprises. Mais, malheureusement, le monopole privé a remplacé le monopole public dans des domaines importants, tels que les produits pharmaceutiques et le sucre», a-t-il observé. Toutefois, l’ambassadeur Erdman voit en l’analyse de Ghozali comme une «critique simpliste». Il a ajouté dans sa note que «malgré son intelligence et sa candeur, Ghozali ne s’est pas distingué durant sa brève période en tant que Premier ministre, entre 1991 et 1992». Le câble décrit également la personnalité de Ghozali. «Il est généralement considéré comme le technocrate parfait. Avec son nœud papillon et son style débonnaire, il souffre du complexe de l’Algérien occidentalisé.» Le câble met en relief l’admiration de Ghozali pour «la Constitution des Etats-Unis, même s’il n’est pas d’accord avec de nombreuses politiques américaines». Enfin, Erdman croit que «les Algériens pourraient être plus réceptifs aux idées de Ghozali si le gouvernement algérien, qui contrôle la télévision et les radios, lui permettait d’apparaître devant la caméra ou derrière un micro». 

Mehdi Bsikri 

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