mardi 16 août 2011

Israël utilisera la demande de reconnaissance d’un Etat Palestinien pour restaurer le statu quo

Honnêtement, quelle est la différence entre la potentielle déclaration onusienne en Septembre 2011 et la déclaration d’indépendance palestinienne faite à Tunis, il y a 22 ans ?


Par Akiva Eldar

Même le membre du Knesset (pour l’Union nationale), Aryeh Eldad, le professeur de l’extrême droite, n’est pas particulièrement bouleversé parce que l’ONU peut reconnaitre un Etat Palestinien. Il ne voit pas de différence entre la décision que l’on attend à l’ONU le mois prochain et celle prise là-bas – à une énorme majorité 102 contre 2 – suite à la déclaration d’indépendance palestinienne à Tunis, il y a 22 ans.
Et, pour être honnête, quelle est la différence ?
Cette fois aussi, Israël accusera les Arabes de prise de décisions unilatérales, boudera l’ONU, élargira les colonies de peuplement en Cisjordanie, et implantera plusieurs quartiers pour les Juifs à Jérusalem-Est.
Quel est donc l’objectif de cette compagne de peur avant le vote de l’assemblée général de l’ONU ? Quel est la base de la déclaration du Premier ministre Benjamin Netanyahu que cette décision d’aller à l’ONU indique que le président Palestinien Mahmoud Abbas ne veut pas d’un règlement négocié ? Pourquoi le ministre des affaires étrangère prend la peine de dire au public que le président Palestinien planifie pour le lendemain du vote « violences et carnages d’une ampleur jamais vue auparavant » ?
Afin de comprendre les deux, il est utile de retourner 11 années en arrière, à Juillet-Septembre 2000. Comme c’est le cas d’aujourd’hui, alors le Premier ministre Ehud Barak avait blâmé Yasser Arafat sur l’échec du processus diplomatique. Comme aujourd’hui, alors le président Américain Bill Clinton avait abandonné l’Autorité palestinienne. Comme aujourd’hui, ils nous avaient dit que le président Palestinien n’était pas réellement intéressé par la solution des deux Etats. Comme aujourd’hui, ils nous avaient dit qu’il avait planifié d’avance la recrudescence de la violence. Comme alors, ils nous disent aujourd’hui que nous n’avons de partenaire dans la paix. Ils croient que la « nation » va avaler ce mensonge – tout comme elle l’a fait alors.
Dans un article d’un nouveau journal publié par le Tami Steinmetz Center for Peace Research, Dr Ephraim Lavie soutient que dire que Yasser Arafat était allé à la guerre en 2000 dans un plan de tromperie stratégique, n’a aucune base. Lavie, qui était dans cette période à la tête du Bureau Palestinien dans le Département de la Recherche du Renseignement Militaire (Research Department of Military Intelligence) affirme que cette proposition n’a absolument aucun fondement dans le renseignement. Il dit que cette vision a arrangé l’image des décideurs, et constitué une base de la politique du gouvernement et de l’armée pendant plusieurs années.
Le Premier ministre suivant, Ariel Sharon, qui a hérité de cette vision de Ehud Barak, l’avait véhiculé tout au long du chemin du désengagement de Gaza. Son successeur, Ehud Olmert, a échoué dans la réparation des dégâts de Barak, mais il a légué à Netanyahu des photos de Abbas entrant et sortant de la résidence du Premier ministre avec en fond le drapeau palestinien.
Netanyahu était obligé de travailler avec un président Palestinien qui porte veste et cravate, et un Premier ministre Palestinien qui a montré son rejet absolu de la violence.
Le discours du Caire du président Américain Barack Obama, dans le début de son mandat à la Maison-Blanche, a aggravé la difficulté pour Netanyahu avec sa formule de la solution des deux Etats et la pression internationale pour le gel de l’implantation de colonies.
La décision palestinienne de solliciter l’ONU, tout comme les protestations qui sont attendues au lendemain de la reconnaissance d’un Etat Palestinien dans les frontières de 1967, constituent une grande occasion pour le gouvernement de droite de restaurer l’ancien et existant statu quo. Alors que le vote s'approche, ils font savoir que même si Netanyahu eût accepté les négociations sur la base des frontières de 1967, les palestiniens auraient quand même pris des « décisions unilatérales » d’aller vers l’ONU – ainsi, la preuve qu’il n’y a pas de partenaire.
En réponse à la question de Haaretz sur si Netanyahu avait ou pas adopté la nouvelle formule de Obama de mai 2011, qui inclue un échange de territoires, accepté par les deux cotés, le bureau du premier ministre a affirmé clairement qu’« il n’y a eu aucun changement dans la politique du gouvernement. » Aussi loin qu’on connait, le gouvernement n’a jamais discuté la nouvelle formule.
La prédiction du ministre des affaires étrangère Avigdor Lieberman que le vote sera suivi par des violences et carnages sans précédent, prépare l’opinion publique à la répression dure de la part des forces de sécurité israéliennes aux protestations dans les territoires. Le vice-premier ministre Moshe Ya'alon (ancien chef d’état-major du Tsahal, l’Armée de défense d’Israël, NDT), sera heureux en aidant Netanyahu à « donner aux Palestiniens une leçon qu’ils n’oublieront pas » – à savoir, ils doivent oublier l’idée d’un Etat.
Une fois, alors qu’il était encore en uniforme, il avait envoyé Tsahal pour détruire l’Autorité palestinienne, éradiquer la menace de paix et réintroduire la droite au pouvoir. Etant tous occupés par la justice sociale, qui remarquera une autre fissure nationale ?

Par Akiva Eldar, 
écrivain et éditorialiste Israélien, Haaretz.
Traduit de l'anglais par Lyes Akram.


L'article original : 

Israel will use Palestinian UN bid to restore status quo

To be honest, what's the difference between the potential UN declaration in September 2011 and the Palestinian declaration of independence in Tunis 22 years ago?

By Akiva Eldar

Even MK Aryeh Eldad (National Union ), the professor of the extreme right, is not particularly upset by the fact that the United Nations General Assembly may recognize a Palestinian state. He sees no legal difference between the decision that is expected next month and the decision that was made there - with a huge majority of 104 to 2 - following the Palestinian declaration of independence in Tunis 22 years ago.
And to be honest, what is the difference?
This time, too, Israel will accuse the Arabs of unilateral steps, ignore the United Nations, expand settlements in the West Bank, and build more neighborhoods for Jews in East Jerusalem.
So what then is the purpose of this scare campaign ahead of the vote at the General Assembly? What is the basis for Prime Minister Benjamin Netanyahu's declaration that the move at the UN clearly indicates that Palestinian President Mahmoud Abbas is not interested in a negotiated settlement? Why does the foreign minister go to the trouble of telling the public that Abbas, on the day after the UN vote, is planning "violence and bloodletting of the sort not yet seen before?"
In order to comprehend the two, it helps to go back 11 years, to July-September 2000. As is the case today, then Prime Minister Ehud Barak lay all the blame for the failure of the diplomatic process on Yasser Arafat. Like today, then U.S. President Bill Clinton abandoned the Palestinian leadership. Like today, they told us that the Palestinian president was not really interested in a two-state solution. Like today, they told us that he had planned in advance the outbreak of violence. Like then, they are telling us now that we have no partner for peace. They believe that the "nation" will buy that fib - just as it did then.
In an article from a new journal published by the Tami Steinmetz Center for Peace Research, Dr. Ephraim Lavie argues that there is no basis to the claim that Arafat went to war in 2000 as part of a plan of strategic deception. Lavie, who headed the Palestinian Desk at the Research Department of Military Intelligence at the time, says that this assessment, which was made public by the military echelon, had no intelligence foundation. He says that this view suited the leadership's outlook and constituted a basis for the policy of the government and the Israel Defense Forces for a number of years.
The next Prime Minister, Ariel Sharon, who inherited this narrative from Barak, rode it all the way to the disengagement from Gaza. His successor, Ehud Olmert, failed to correct Barak's damage, but left behind for Netanyahu the photographs of Abbas entering and leaving the Prime Minister's Residence on Balfour Street, with the Palestinian flag flying in the background.
Netanyahu was forced to deal with a Palestinian president wearing a coat and tie, and with a Palestinian prime minister who showed absolutely no tolerance for violence.
U.S. President Barack Obama's speech in Cairo, at the beginning of his White House tenure, made things more difficult for Netanyahu with its two-state solution formula and with international pressure to freeze settlements.
The Palestinian move at the United Nations, along with the demonstrations that are expected the day after the recognition of Palestinian statehood in the 1967 borders, are a great opportunity for the right-wing government to restore the old and effective status quo. As the vote approaches, they let it be known that even though Netanyahu had agreed to renew the negotiations on the basis of the 1967 borders, the Palestinians were intent on moving forward with a "unilateral step" at the United Nations - hence, proof that there is no partner.
In response to a Haaretz question on whether Netanyahu did indeed adopt the new Obama formula of May 2011, which includes mutually agreed land swaps, the Prime Minister's Bureau made it clear that "there has been no change in the government's policy." As far as is known, the government has never discussed the new formula.
The prediction of Foreign Minister Avigdor Lieberman that the vote will be followed by unprecedented violence and bloodletting prepares public opinion for a harsh response on the part of Israeli security forces to popular protests in the territories. Vice-Premier Moshe Ya'alon will be glad to help Netanyahu "teach the Palestinians a lesson they will not forget" - namely, that they should forget about a state.
Once, when he was still in uniform, he sent the IDF to destroy the Palestinian Authority, remove the threat of peace and restore the right wing to power. With everyone busy with social justice, who will notice yet another national fissure?

Source : Haaretz

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...