vendredi 16 septembre 2011

Enquête : Qui sont les «Baltajia» du DRS ?


Par Yahia Bounouar
Ce terme « baltaji, » s’est vulgarisé pendant la révolution égyptienne. Il désignait, en langage populaire égyptien, les bandes de voyous, payés par le régime de Moubarak pour agresser les militants qui occupaient la place Tahrir au Caire. Tout le monde se souvient de l’attaque contre les militants à l’aide de chameaux et de chevaux qui a fait de nombreux morts. Le procès de cette attaque, filmé en direct, notamment par Al Jazeera, se tient actuellement avec comme principaux accusés, outre le président déchu et ses deux fils, l’ancien ministre de l’intérieur et des richissimes hommes d’affaires qui avaient financé l’attaque. En Syrie, la population appelle ces milices « chabiha », littéralement, les fantômes. Ce sont des civils qui naviguent entre le parti au pouvoir le Baâth et les services de renseignements militaires. Ils ont été armés et servent de supplétifs à l’armée syrienne notamment dans les zones urbaines. Selon les militants des droits de l’homme, plusieurs groupes de ces « chabiha » participent directement à la répression et aux meurtres de civils.  
Le DRS recrute des civils 
Depuis les émeutes de janvier 2011, des groupes similaires sont apparus en Algérie. Ils ont été utilisés publiquement, lors des rassemblements interdits de la Coordination Nationale pour le Changement Démocratique. Ils ont affronté, à plusieurs reprises, les manifestants sous l’œil impassible des policiers. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Les services de renseignements algériens, regroupés au sein du DRS, enfant de la Sécurité militaire, dépendent des institutions militaires et du ministère de la défense. Ils ont toujours recruté leurs hommes au sein de l’armée et notamment dans les forces spéciales. Jusqu’à un passé récent, il n’y avait au DRS que des officiers et des sous-officiers. Chargés de collecter des renseignements, ils n’ont pas besoin de troupes. A la fin des années 90, l’actuel patron du DRS, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, a introduit un véritable chamboulement en recrutant directement des civils. Des milliers de jeunes, issus des quartiers populaires, avec des niveaux scolaires souvent rudimentaires, ont été recrutés pour faire le travail que les sous-officiers ne pouvaient pas ou ne voulaient plus faire. 

La température sociale en temps réel 
Une école de formation a été mise en place entre Larba et Meftah dans la Mitidja, pour leur apprendre les techniques de récoltes de renseignements mais aussi et surtout la manipulation des masses. Vite formés, sans grand niveau intellectuel, ils sont promus aux grades de Caporal et Caporal-chef (ces grades qui n’existaient pas auparavant dans les services de renseignements). Le grade le plus bas était sergent et correspondait à un niveau d’étude équivalent à la terminale et certains évoluaient et pouvaient même terminer comme officier de police judiciaire ( OPJ). Après leur formation, ces nouvelles recrues, en fait des hommes de troupes (HDT), sont réintégrées dans la société, essentiellement dans les centres urbains. Ils fréquentent, les mosquées, les voyous, les maisons de jeunes et les universités. Ils repèrent rapidement les militants actifs qui organisent la contestation sur le terrain. Comme ils ne travaillent pas et qu’ils sont disponibles, il n’est pas rare, que ceux, qui ont un niveau d’instruction relativement élevé, intègrent les collectifs de militants locaux soit pour obtenir directement l’information, soit pour tenter d’infléchir les positions vers moins de radicalité. Pour être à la source du renseignement, ils interviennent dans la vie quotidienne des citoyens. Ces jeunes que rien ne différencie des autres, pratiquent eux mêmes la vente à la sauvette sur les trottoirs (activité favorite des jeunes algériens sans emploi), et font souvent office de gardiens de parkings et de vendeurs de cigarettes. Ils prennent en temps réel la température de la société et leurs informations permettent aux généraux d’anticiper les explosions sociales.  

Dérapages contrôlés et contre-révolution 
Mais leur mission ne s’arrête pas à la collecte de l’information. Leur formation leur permet également de peser sur les évènements et de manipuler les foules lorsque la direction le leur demande. Ils s’infiltrent dans toutes les manifestations de protestations. A eux seuls, ils peuvent transformer une action pacifique en affrontement. Il suffit généralement de quelques uns qui provoquent les policiers, enflamment pneus et voitures et qui cassent quelques vitrines de magasins pour transformer une marche tranquille en émeute violente. Poussée à l’extrême, cette pratique, permet de déclencher des émeutes anticipées « un dérapage contrôlé » pour crever l’abcès et vider la colère emmagasinée par la population avant qu’elle n’explose par elle-même. Avec le déclenchement des révolutions au sud de la méditerranée, et l’utilisation des « miliciens par les régimes despotiques en Tunisie, en Égypte, en Libye et surtout en Syrie, cette « milice officielle du DRS » a une mission supplémentaire : intimider et agresser physiquement les militants les plus en vue et organiser un contre-feu dans la rue pour montrer que le régime dispose d’une base populaire. En d’autres termes, ils sont là pour préparer et, le moment venu, mener la contre révolution. 

Y.B

1 commentaire :

  1. c logic mon ami ,mieux que de s'integrer à un groupe de malfaiteurs et delinquants qu'on voix et croises chaque jour a bab el oued,et salembier et el harrach et partout dans l'algerie,les mélisses exsisitaient depuis les temps mon ami

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