mardi 9 août 2011

Le régime actuel est inamendable



L’argent qui coule à flot dans le pays parvient à acheter pas mal de consciences, pas seulement celles des "parlementaires", d’ailleurs prêts à jouer leur rôle de faussaires avant même leur "élection" laquelle, comme chacun le sait relève du théâtre d’ombres…
M. Mebtoul continue, décidément, à tourner en rond, en poursuivant, presque quotidiennement, à comparer des choses incomparables. Adresser des messages économiques, enrobés dans un emballage outrageusement statistique, en vue d’attirer l’attention des décideurs pour qu’ils changent leur vision sur l’avenir, autrement dit la gouvernance, c’est tout bonnement demander à un individu sourd et aveugle de nous indiquer notre chemin dans un espace que l’on ne connaît point. Pour pouvoir parler de crise économique mondiale ou même de crise tout court, faut-il posséder soi-même une économie. Or, où est-elle cette économie, sinon à travers des écrits et autres documents qui, à l’analyse, se révèlent relever du charabia et du galimatias se voulant pompeusement "éclairant", alors qu’il est sous tendu par une volonté infantile de manipulation. Lorsqu’on désire construire une maison, par quoi doit-on commencer ?
A lire M. Mebtoul et d’autres économistes amoureux des chiffres et des comparaisons totalement inadéquates, c’est tout bonnement perdre son temps et s’adonner à un exercice de style nécessairement stérile. Le problème de l’Algérie ne réside pas dans le dépôt de ses pétrodollars dans les banques de tel ou tel pays, mais dans l’usage qui est fait de cette manne des hydrocarbures. Et quand bien même les 160 milliards $ déposés dans les banques étatsuniennes et européennes venaient de perdre, à cause des perturbations financières qu’on observe dans les structures bancaires et les bourses, 1,6 $ ou même davantage, quel impact aurait une telle perte dans le processus de "développement" du pays ? J’ai écrit le mot développement avec des guillemets, parce que précisément il n’existe pas et ce en dépit de l’érection de certaines infrastructures et autres équipements. Ce qui se réalise dans le domaine considéré, on le voit partout dans le monde, en particulier dans les pays pétroliers qu’ils soient arabes ou pas. Sauf que dans lesdits pays la réalisation de tels projets, certes fort coûteux, se fait non seulement nettement à moindre coût, mais encore selon des techniques de pointe, outre dans des délais raisonnables. L’on ne peut malheureusement nier qu’en Algérie, tous les projets en question battent de l’aile à tous les niveaux, y compris celui de l’achèvement et donc la mise en service.

Les dérives pharaoniques des anciens dirigeants de Sonatrach
Point n’est besoin d’entrer dans les détails des prélèvements et autres gaspillages tout au long du déroulement de chaque projet lancé, d’ailleurs toujours ou presque en usant de la formule du "gré à gré" et sans études préalables contradictoires. Point n’est besoin d’être grand clerc dans telle ou telle autre spécialité pour le savoir. La presse, surtout depuis quelques années n’avait pas manqué d’avoir le courage de livrer à l’opinion publique, une cascade de scandales, que le « modèle » de développement, prévalant en Algérie, singulièrement depuis 1999, avait connus et les sommes astronomiques détournées et/ou gaspillées. Cela va de l’affaire du pseudo golden-boy Moumen Khalifa, qui se prélasse, à l’instar d’un maharadja en Grande-Bretagne, son pays natal à celle de l’autoroute est-ouest, en passant par les dérives pharaoniques des dirigeants de la Sonatrach, en particulier Chekib Khélil. Rappelons qu’aucun aigrefin en chef n’avait été inquiété face à la justice et ce quel que soit le dossier traité dans ces très graves affaires de prévarications et de détournements des fonds publics, donc de l’argent du peuple algérien. Et pourtant, il existe en Algérie un Etat, chapeautant apparemment, les mêmes institutions que dans n’importe quel pays considéré comme fiable, voire moderne…

Des "parlementaires" aux ordres
Seulement, lorsqu’on analyse méthodiquement et pragmatiquement de telles institutions, l’on découvre avec effroi que tout est bidon, par rapport à ce qui se passe ailleurs. Et ce qui interpelle le plus l’observateur, c’est singulièrement la césure de plus en plus béante qui éloigne le gouvernant du gouverné. Cette fracture est d’autant plus réfractaire au colmatage que la société civile, bien qu’elle existe, est totalement et radicalement ignorée dans les faits. Parmi les quelque 80.000 associations locales et nationales agréées en Algérie, seules 1500 environ parviennent à activer non sans posséder quelques moyens de travail : siège, secrétariat, etc… Par quel miracle arrivent-elles à fonctionner ? Les éléments les composant seraient-ils des supermen ? Que nenni ! S’ils réussissent à activer, c’est parce qu’ils sont structurés dans quelque officine sous la coupe de pouvoir. L’on est même autorisé à dire que des universitaires, de plus en plus nombreux, se transforment subrepticement en "chiens de garde" comme dirait Paul Nizan. Décidément, l’argent qui coule à flot dans le pays parvient à acheter pas mal de consciences, pas seulement celles des "parlementaires", d’ailleurs prêts à jouer leur rôle de faussaires avant même leur "élection" laquelle, comme chacun le sait relève du théâtre d’ombres…
Au demeurant, l’Algérie ne sera en mesure de construire une économie viable et fiable qu’à la condition expresse de régler le pesant problème de la légitimité quelle tire derrière elle, comme un boulet que le temps rend de plus en plus lourd. L’on me dira que des réformes sont envisagées depuis quelques semaines et que des consultations ont eu lieu dont les résultats seront incessamment exploités en vue de rédiger de nouveaux textes susceptibles de conduire le pays à la délivrance.

A vrai dire, il n’en est rien, tout simplement, le régime dont il est question est congénitalement inamendable. Ce n’est point exclusivement une question d’hommes, mais aussi et surtout de système. En d’autres termes, il s’agit de créer une nouvelle Algérie et partant une première République authentiquement sociale et plurielle. Et c’est sa pluralité même qui lui permettra de puiser aussi bien sa force que la puissance de sa justice, de son économie et de son système éducatif lequel sera le creuset de l’unité nationale non seulement à travers la diversité, mais grâceà celle-ci parce que partout constituant le ciment des grandes nations. Enfin, l’économie fiduciaire est quelque chose d’insignifiant par rapport à l’économie réelle reflétant la nature même de l’Etat et donc celle de la société civile. L’Algérie est parfaitement capable d’édifier un tel futur dans la mesure où ses soubassements historiques y sont propices. Mais cela suppose l’intervention d’hommes nouveaux œuvrant non pas isolément, mais avec l’aide de certains de leurs aînés ayant prouvé indéniablement leur patriotisme et leur sens viscéral de la justice. Cessons de pérorer sur ce qui est secondaire au détriment de l’essentiel !

Anis Sabri, Le Matin

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