mardi 11 décembre 2012

Corruption : affaire Saipem-Sonatrach

Affaire SAIPEM :
Un salaire de 140 000 DA pour le fils du PDG de Sonatrach 
Si au début de l’affaire, le représentant de Saipem était inculpé et son passeport confisqué, depuis quelques mois, c’est uniquement la société en tant que personne morale qui reste poursuivie et ses comptes (sauf un) sont bloqués. Dans le dossier actuellement en instruction, Saipem Contracting Algérie est poursuivie en tant que personne morale pour «corruption et blanchiment d’argent à travers d’indus avantages» donnés à Réda Meziane, fils de Mohamed Meziane, l’ancien PDG de Sonatrach. Vers le mois d’août 2007,  Réda Meziane avait signé un contrat de consulting pour un salaire de 140 000 DA, pour une durée d’une année renouvelable. Selon le dossier judiciaire, il a également reçu la somme de 4 millions de dinars de la part du patron de Saipem Algérie, pour acheter une voiture à son épouse.
Lors de l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction, Réda Meziane avait parlé de ses relations étroites avec le patron de la société italienne, qu’il a eu à connaître grâce à une certaine Amel Zerhouni, épouse du fils de l’ancien ministre de l’Education, Mohamed El Mili, celui-là même qui avait été poursuivi dans le cadre du scandale du détournement de plus de 30 millions de dollars, du Fonds algéro-koweïtien d’investissement (FAKI). Les relations entre Réda Meziane et le patron de Saipem vont se renforcer au point où ce dernier assistera à son mariage, organisé avec faste, dans un grand hôtel en Tunisie, et auquel ont assisté de nombreuses personnalités algériennes et étrangères.
C’est durant cette période, entre 2007 et 2009, que Saipem décrochera le contrat de réalisation du lot 3 du gazoduc GK3, pour un montant de 580 millions d’euros. Pour bon nombre de connaisseurs, l’entreprise italienne a obtenu ce marché grâce aux bons offices de Chakib Khelil, ex-ministre de l’Energie, à travers des instructions écrites. Si au début de l’affaire, le représentant de Saipem était inculpé et son passeport confisqué, depuis quelques mois, c’est uniquement la société en tant que personne morale qui reste poursuivie et ses comptes (sauf un) sont bloqués.
Pour l’instant, rien n’indique que la chambre d’accusation près la cour d’Alger, qui devra statuer incessamment sur le dossier, suive le juge dans le non-lieu qu’il a accordé au patron de Saipem Algérie. D’autant que s’il y a corruption, tel que retenu contre Réda Meziane, il y a inévitablement un corrupteur. Pour ce qui est de Mohamed Meziane, c’est le trafic d’influence et le délit d’initié qui lui sont reprochés dans le dossier, étant donné qu’il savait que son fils était conseiller à Saipem, cette même société qui avait soumissionné pour l’obtention de marchés. L’ancien PDG s’est défendu en affirmant avoir informé son ministre, Chakib Khelil, et ce dernier n’a rien dit.
Salima Tlemçani
ElWatan, 10 déc. 12

200 millions de Dollars de pots-de-vin :
Comment Saipem a arrosé Sonatrach

Nouvelles révélations d’une grande ampleur sur le scandale de corruption qui éclabousse Sonatrach. Des responsables du géant pétrolier algérien auraient touché des pots-de-vin provenant de la société italienne Saipem. Les dirigeants de cette dernière auraient versé, en 2007, à ceux de Sonatrach et autres intermédiaires la  bagatelle de 200 millions de dollars en échange de l’obtention de trois marchés.
 Le premier, un contrat de 580 millions de dollars, porte sur la réalisation du gazoduc GK3, le second est un contrat avec le groupe allemand Contel Funkwerk Plettac de 142 millions de dollars, tandis que le troisième d’un montant de 100 millions de dollars avec la société américaine CCCI concerne la restauration du bureau de la direction générale de la société algérienne. Désarçonnant.
Des pots-de-vin qui donnent le tournis et qui révèlent toute l’ampleur de la corruption qui caractérise les conditions dans lesquelles Sonatrach octroie de gros marchés à des sociétés étrangères. C’est ce qu’ont révélé les enquêteurs du parquet de Milan (Italie) suite à l’ouverture d’une enquête lancée l’année dernière sur les activités de Saipem, filiale d’ingénierie et de construction d’ENI, après l’examen des comptes de la société ainsi que ces procédures dans l’obtention des marchés, rapporté par la presse italienne.
Les conclusions des deux procureurs du parquet de Milan, Fabio De Pasquale et Sergio Spadaro, ont fait l’effet d’une bombe. Le top management de Saipem est décapité suite à l’enquête.
La société s’est séparée, mercredi dernier, de son président-directeur général, Pietro Franco Tali, remplacé au pied levé par Umberto Vergine. Bien que son nom n’apparaît pas dans l’enquête. Le désormais ex-PDG, un diplômé en sciences économiques et politiques, était à la tête de Saipem depuis l’année 2000. 
Le groupe a également suspendu de ses fonctions Pietro Varone, chef de l’exploitation de l’ingénierie et de la construction – principale division du groupe – dont le nom est cité dans le cadre de l’enquête. Le scandale a également obligé la société mère, ENI, à se séparer de son directeur financier, Alessendro Bernini, car à l’époque des faits, il occupait le même poste au sein de Saipem. Ces deux derniers responsables comparaîtront devant la justice. Le 4 février 2011, les enquêteurs avaient envoyé une requête au groupe ENI «réclamant les documents des deux contrats signés en juin 2009 entre Saipem et Sonatrach, ainsi que celui de juillet de la même année entre Saipem et Technip, portant sur le projet Galsi dans lequel la compagnie algérienne est associée» comme l’a rapporté DNA. Suite à l’éclatement de ce scandale, Saipem aurait diligenté un audit interne avec l’aide de consultants extérieurs sur les procédures d’obtention des marchés. Une enquête interne visant «à vérifier la bonne application des procédures dans le domaine de la lutte contre la corruption et la prévention des activités illégales adoptées par l’entreprise», a rapporté la presse milanaise.

DES MARCHÉS À 20 MILLIARDS DE DOLLARS
Saipem, dont le nom est associé à la scabreuse affaire qui éclabousse Sonatrach, avait obtenu, en juin 2009, un contrat de 580 millions de dollars pour la réalisation du gazoduc GK3 sur une longueur de 350 km. Le projet dans son ensemble permettra à Sonatrach d’augmenter sa capacité de transport de gaz pour atteindre 9 milliards de mètres cubes par année et d’assurer l’approvisionnement du gazoduc Galsi qui reliera l’Algérie à l’Italie via la Sardaigne.
A cette période, Chakib Khelil trônait encore sur le secteur de l’Energie. Il avait même assisté à la cérémonie de la signature du contrat entre Saipem et Sonatrach qui s’est déroulée au siège de cette dernière. La filiale de ENI, représentée par Saipem Contracting Algérie (SCA), créée en 2005, aurait accumulé de 2006 à 2009 des marchés qui s’élèvent à 20 milliards de dollars. Les présumés pots-de-vin (200 millions de dollars) avec lesquels Saipem aurait arrosé les vrais patrons de Sonatrach étaient donc «une mise de départ».
Présente en Algérie depuis 1981, ENI occupe une place stratégique dans le secteur énergétique. Un solide «partenaire» de Sonatrach. ENI participe à 24 licences déjà en production dont huit en phase de développement et une phase d’exploration.
Toujours selon la presse transalpine, ENI et Sonatrach ont signé un accord de coopération pour «le développement des hydrocarbures non conventionnels, avec un intérêt particulier dans le gaz de schiste qui renforcera la coopération étroite entre les deux sociétés». Celles-ci ont développé conjointement des activités visant à «évaluer la faisabilité technique et commerciale, l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste».
En somme, ce qui est «dissimulé» à Alger éclate au grand jour à Milan. L’affaire de corruption impliquant des dirigeants de Sonatrach jugée à la cour d’Alger devrait logiquement prendre une nouvelle tournure avec ce qu’apporte comme éléments nouveaux les enquêteurs italiens.
Hacen Ouali

ElWatan, 10 déc. 12

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