jeudi 21 juin 2012

Déclaration de trois anciens secrétaires nationaux de FFS

Le FFS est confronté depuis quelques temps à une grave crise politique. Les risques d’implosion sont bien réels et interpellent non seulement les militants et sympathisants, mais l’ensemble des citoyens. Qui a intérêt à vouloir se débarrasser d’un parti qui représente l’espoir du changement démocratique et pacifique dans notre pays ? Les tentatives de normalisation et de domestication du FFS, menées de l’intérieur et de l’extérieur, visent à neutraliser toute forme d’opposition radicale et pacifique et parachever la restructuration autoritaire du pouvoir.

C’est dans ce contexte que nous, anciens premiers secrétaires nationaux du FFS, chacun à sa manière et dans le cadre qu’il a estimé adéquat pour s’exprimer, avons alerté les instances dirigeantes du parti sur les risques qui pèseraient sur la cohésion et la pérennité du parti en participant au scrutin du 10 mai dans les conditions et les circonstances imposées par le pouvoir. Nous avons, entre autres, mis en garde contre le piège grossier qui consiste à emballer ces élections dans un projet de sanctification de la nation algérienne et d’édification de remparts contre l’OTAN et autres ennemis de l’étranger. Nos appels, associés à de nombreuses autres voix, n’ont pas trouvé d’écho auprès des détenteurs du pouvoir réel au sein du parti. Ces mêmes personnes qui assurent la tutelle sur les organes de l’appareil du parti. Nous avons également mis en garde contre toute forme de velléités de compromission. Et le coup de force politique du 10 mai est venu rappeler que les décideurs ont choisi la pérennité du système au détriment de l’Algérie et de la stabilité politique. Le «deal» soupçonné avec une partie du pouvoir constitue une grave dérive politique et une atteinte à l’éthique démocratique.
Ces élections ont mis à nu un appareil autiste, coupé de sa base militante, embourbé dans de flagrantes insuffisances et incohérences organisationnelles et marqué par une communication d’une indigence insondable et d’une confusion indicible.
Ce scrutin, sans choix, a révélé des dirigeants du plus vieux parti de l’opposition, curieusement très accommodants avec les maîtres du jeu électoral, et bien reconnaissants envers un généreux conseil constitutionnel habituellement actionné uniquement pour valider les équilibres claniques et les violations récurrentes de la souveraineté populaire. La direction nationale n’est sortie de sa léthargie et n’a retrouvé sa véhémence que pour imputer ses piètres résultats – faible mobilisation d’électeurs, faible recueil de voix et de sièges gagnés – «au travail de sape des saboteurs de l’intérieur».
En éludant les questionnements des militants et de l’opinion publique sur les motivations réelles ou inavouées de la participation, la direction s’est exposée aux soupçons de révision des fondements et de remise en cause des repères du parti. Il est de la responsabilité de la direction actuelle de répondre à l’interpellation de cadres, de militants et de sympathisants qui refusent le sabordage politique du FFS et les entreprises aventurières visant à l’affaiblir davantage.
Conscients des implications désastreuses pour la démocratie et l’Algérie d’un abandon par l’actuelle direction, des valeurs et idéaux du FFS, nous soutenons toute initiative allant dans le sens du rassemblement et appelons tous les cadres, militants et sympathisants qui ont porté (et continuent à le faire) les principes du FFS à dépasser tous les clivages et les différences d’appréciation que le parti a connu depuis sa création. Ce rassemblement des énergies militantes du FFS est une absolue nécessité pour mettre en échec les velléités d’inscrire le parti dans des stratégies claniques dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.
Ce rassemblement sera l’occasion pour débattre librement de la stratégie du FFS et de son organisation.
Les seules lignes de démarcation qui ne sauraient faire l’objet de concessions sont :
- porter profondément les valeurs et idéaux du FFS ;
- respecter le demi-siècle de combat pour la démocratie et les libertés et honorer les quelques 400 martyrs et les «anciens de 1963» ;
- être autonome dans sa décision et sa liberté de penser et rejeter toute forme d’autoritarisme.
Le FFS se doit de rester un instrument de cohésion et de rassemblement.

Alger, le 20 juin 2012
Mustapha Bouhadef, ancien premier secrétaire national du FFS
Ali Kerboua, ancien premier secrétaire national du FFS ;
Djoudi Mammeri, ancien premier secrétaire national du FFS

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