lundi 13 février 2012

Rachid Boudjema : «L’Algérie n’a pas réussi son apprentissage de la croissance»


Rachid Boudjema est docteur d'Etat es science économique. Il a une longue expérience dans l’enseignement universitaire et supérieur. Consultant auprès de plusieurs institutions, il est aussi auteur de bon nombre de publications dans le domaine du développement, dont le dernier livre «Economie du développement de l’Algérie 1962-2010» a été édité en 3 volumes aux éditions El Khaldounia en octobre 2011. Dans cet entretien, il dresse un constat sans appel quant à l’échec des politiques économiques suivies depuis l’indépendance à nos jours et la dépendance, 50 ans après, de l’économie algérienne des hydrocarbures.

-Quel bilan peut-on faire du développement de l’Algérie 50 ans après l’indépendance ?
-L’Algérie célébrera son cinquantième anniversaire d’indépendance le 5 juillet 2012. Aussi, dois-je vous dire que votre question est nécessaire, pour ne pas dire qu’elle coule de source, à supposer qu’un demi-siècle d’observation est un délai significatif pour porter un jugement objectif sur le processus de développement d’un pays. Mais en même temps, cette question telle que posée n’est pas facile à résoudre dans l’absolu, encore moins en quelques lignes de journal «généraliste» ou «spécialisé». Cette question a fait l’objet scientifique du livre que je viens de publier en trois volumes totalisant 900 pages, auquel les lecteurs pourraient, en cas de besoin, faire référence. Et même dans cet ouvrage, je dois vous avouer que j’ai élagué beaucoup de détails qui pourraient être, sous certains angles, utiles dans le cadre de l’élaboration d’un bilan de développement qui en repère raisonnablement l’actif et le passif, ou pour éviter ce caractère comptable de l’analyse les performances et les faiblesses.
En effet, même s’il existe depuis un demi-siècle, un chapitre de la science économique, intitulé L’économie de développement, réduit pour l’essentiel à l’économie du développement, le développement n’est pas un concept de la seule science économique, parce que le processus de développement n’est pas seulement économique, mais global, voire multidimensionnel. Autrement dit, il n’est pas seulement quantitatif, mais également qualitatif. On ne sait donc pas toujours quelle facette faudrait-il privilégier pour l’analyser : doit-on l’observer en priorité sous l’angle politique, économique, social, culturel, écologique ou éthique ou sous tous les angles à la fois. Sous la seconde hypothèse, il nous faudrait vraisemblablement une espèce de science de la transversalité dont l’objet dépasserait celui de la science économique, telle que nous la connaissons chez A.
Smith ou son chez ses successeurs du XIXe siècle. Mais je vous rassure que bien qu’elle soit réelle, surtout par les temps de la mondialisation qui courent, la difficulté de comprendre le développement n’ôte pas à la science économique sa capacité de mesurer certains aspects qui peuvent être déterminants dans la vie d’un peuple. Ces précautions posées, je vais tenter maintenant de formuler une réponse à votre question. Je pense que, malgré son aisance financière qui lui permet d’acheter vite et gros et d’être, sauf incident majeur, à l’abri de bien des maux dont souffrent la plupart des PVD, l’Algérie n’est pas encore entrée dans l’école du développement.
La raison majeure est qu’elle n’a pas réussi, en cinquante ans, son apprentissage de la croissance. Ni ses industries industrialisantes des années 1970, ni  la remise en cause du caractère polarisant des industries des années 1980, ni sa rééducation économique et financière par le FMI des années 1990, ni son expérience de consolidation libérale des années 2000 ne lui ont permis de manière solitaire ou solidaire de maîtriser, les actes d’investir, de produire et de financer, conformément aux exigences mouvantes de l’économie mondiale. Ses entreprises publiques tardent à être dans l’économique, ses entreprises privées, à être réactives et ses banques à faire dans l’intermédiation financière. Conséquence inévitable : sa richesse annuelle qu’on exprime généralement par le PIB  a toujours une forte teneur énergétique. Quant à ses exportations, elles restent toujours dominées par les hydrocarbures.
C’est dire le faible dynamisme de sa sphère de production et le bas niveau de sa diversification économique, quand bien même le pansement financier d’origine pétrolière interviendrait pour couvrir ces grandes plaies économiques et cultiver dans l’esprit citoyen, l’illusion de l’avoir et du savoir. Dans ces circonstances, il devient difficile de trouver, en Algérie, aux concepts de l’économie politique, un objet véritable, lorsqu’on sait que les forces qui le déterminent sont ailleurs que dans l’économique domestique, comme il est également difficile de trouver dans le façonnage économique et social national d’aujourd’hui quelques grands déterminants de la rationalité économique.

-Pourquoi, selon vous, les gouvernements successifs ne sont-ils pas parvenus à extraire l’Algérie de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures ?
-Dans le schéma classique de développement que l’on retrouve, aussi bien dans les pays industrialisés (Etats-Unis, Europe, Japon, ex-URSS), que dans les pays émergents ou en développement, le «take-off» économique a requis de l’agriculture des sacrifices inouïs. L’histoire du développement industriel international a certes, à son actif, la hausse de la productivité et du niveau de vie des populations. Mais il a, à son passif, d’innombrables massacres, de la violence et des famines dans le monde paysan. L’Algérie a la chance d’avoir des ressources naturelles exportables et de pouvoir contourner ainsi les exigences classiques humainement douloureuses de l’industrialisation. Forte de ses hydrocarbures pour lesquels il existe une demande internationale, elle pouvait aller vite dans la mise en œuvre d’une dynamique économique autoreproductible.
Dans l’attente, elle puise des marchés extérieurs, les ingrédients de sa consommation et son équipement : biens alimentaires, intrants agricoles, usines clés en main et produits en main, formation à l’étranger, recours à l’assistance technique étrangère, etc. En plus des marchés internationaux de biens de production, de consommation et de services auxquels elle accède par la grande porte, l’Algérie tire aussi sur l’épargne du reste du monde, convaincue de sa capacité de remboursement liée à sa rente escomptée. Dans ces circonstances, l’acte de développer algérien est réduit pour l’essentiel à une sommation de contrats internationaux assortis d’une surveillance de la variation du prix international des hydrocarbures. Cette façon de construire l’économie et de métamorphoser la société en troquant simplement ce qui est un don de Dieu (le pétrole) contre des richesses étrangères issues de l’effort productif des hommes ne devait être qu’une courte passerelle sur le chemin de la production d’un surplus.
Mais force est de constater qu’elle est toujours de mise, après une transformation économique et sociale d’un demi-siècle. Simple à mettre en œuvre, elle repose sur deux hypothèses erronées, à savoir que le développement est confondu avec la modernisation et que l’industrialisation est assimilée à l’achat d’unités de production industrielles. Aussi, dans ces pratiques et philosophie d’un développement achetable, l’Algérie a-t-elle fait plus confiance à l’argent qu’à ses enfants, comme si, en tant que mère poule, elle voulait leur épargner la douleur physique et psychique d’un développement authentique promu. Mais plus grave est le fait que cette financiarisation du développement n’est pas facilement réversible. Il y a à cela deux raisons : d’une part, la transformation économique et sociale dictée par la rente n’a ni la même configuration, ni la même intensité, ni la même discipline qu’une transformation similaire qui serait fondée sur la production et l’absorption productive d’un surplus.
En d’autres termes, on ne passe pas d’un «développement» par la rente organisée par l’Etat à un développement par le surplus organisé par les acteurs autonomes de l’accumulation en mettant en œuvre simplement de menues mesures techniques ; par ailleurs, les gouvernants se sachant peu rivés à leur fonction politique n’aspirent généralement qu’à terminer leur mandat en beauté. Lorsqu’ils ne visent pas, tour à tour, à tirer de leurs fonctions, honneur, richesse, privilèges et relations, ils se refusent généralement, même lorsque, hypothèse souvent farfelue, ils ont la capacité de changer l’ordre des choses, à coltiner la responsabilité des actions dérangeantes des fondements du consensus social mou établi. Aussi, développent-ils régulièrement une propension à œuvrer dans le même sens, à ne pas être les bourreaux du bien-être social, en particulier, lorsque les recettes de l’Etat permettent de prolonger durablement la modernisation sans sacrifices. Voilà en substance pourquoi, l’Algérie reste toujours dépendante des hydrocarbures.

-Quelle est, en Algérie, la place du politique dans les choix économiques ?
-Le développement de l’Algérie est à forte teneur politique pour deux raisons inter-reliées : d’abord, il est conçu et mis en œuvre par l’Etat en tant qu’agent quasi exclusif défini par une omniprésence sociétale ; ensuite, il est insensible aux conditions de la croissance, c’est-à-dire, aux modalités historiquement variables de production et d’absorption productive d’un surplus. Ce développement n’est pas le fruit du hasard, encore moins un bricolage du moment. Ses racines sont profondes. Elles remontent au Programme de Tripoli de juin 1962 qui  a défini les grandes orientations et que d’autres textes fondamentaux post-indépendance de la nation algérienne affineront plus tard.
Ce développement est vu comme le prolongement du mouvement national. Il est confondu tantôt avec le socialisme, tantôt avec l’indépendance économique, tantôt avec l’édification nationale, tantôt avec l’industrialisation.  Il n’a pas donc pas de points de repère précis et mesurables au nom desquels il serait possible de le qualifier ou de le disqualifier. En d’autres termes, on ne peut pour l’instant l’interroger par la science économique, d’autant que la rigueur économique qui devait et devrait en être attendue y est inobservée. La raison en est qu’il est mis en œuvre au nom des considérations politiques qui tiennent le pouvoir comme le mobile, l’économie rentière, l’instrument et la société, le résidu. Les relations d’interdépendance devant exister entre ces trois pôles sont réduites à des relations de subordination des seconds au premier, de dilution des seconds dans le premier ou de fusion des seconds au premier. Il s’ensuit que toutes les concepts et catégories économiques (prix, salaires, pouvoir d’achat, emploi, productivité, efficacité, compétitivité, rentabilité, etc.) habituellement utilisés pour apprécier, sous d’autres cieux, le développement ne sont ni déterminés par les conditions classiques de la croissance ni déterminantes de ces mêmes conditions.
Un tel développement n’aurait jamais été possible, si l’Etat ne jouissait pas d’une rente qui en assure l’autonomie financière vis-à-vis des acteurs de l’accumulation et n’aurait jamais eu une telle longévité sans l’aisance financière de l’Etat. Mais ce développement reste fragile, parce que, non seulement il repose sur la rente qui peut soumettre l’Etat à des problèmes de soutenabilité de sa dépense, mais aussi, parce que cette rente sur laquelle il est bâti représente pour le système économique une greffe à faible probabilité productive. L’histoire économique de l’Algérie est donc, pour l’instant, une simple histoire politique de la dépendance de l’Etat à l’égard de la rente énergétique. Elle deviendra une histoire économique du développement lorsque la production d’un surplus interviendra pour minorer irréversiblement le rôle des hydrocarbures dans la transformation économique et sociale nationale.

-Quel modèle de développement pour l’Algérie ?
-Je crois sincèrement que le temps des modèles est révolu. On n’en est plus à l’heure des trente glorieuses (1946-76) où l’économie internationale était lisible, en raison de sa stabilité et de son dynamisme et où l’on pouvait mettre dans quelques moules abstraits, quelques principes de comportement politico-économique des nations. Depuis la chute du mur de Berlin, le développement a lieu dans une économie dite mondialisée. Et la mondialisation n’est pas un vain mot. Au-delà des moyens puissants qui la sous-tendent (échanges de biens, services, informations, capitaux, TIC, développement des moyens de transport, etc.) lesquels donnent aux notions de temps et d’espace de nouveaux contenus qui fondent le village planétaire, elle  n’est dirigée par aucun gouvernement mondial, bien que le FMI, le G7, le G8 et aujourd’hui,  le G20 tentent de s’y positionner en tant qu’instances de la gouvernance mondiale. Cela veut dire que beaucoup de problèmes mondiaux  naîtront et ces derniers exigeront, dans le cadre de leur résolution, des solutions mondiales. Comme celles-ci n’existent pas toujours, les pays qui en seront victimes tenteront d’y opposer des solutions nationales qui seront souvent très inefficaces.
La mondialisation est alors porteuse notamment pour les pays en développement de nouvelles difficultés liées à sa complexité : multiplication des acteurs, des marchés, des technologies et des produits avec des mises à rude épreuve permanentes des valeurs économiques, des agendas des acteurs et des trajectoires de croissance. Et comme la turbulence n’est plus une situation de fonctionnement exceptionnelle de l’économie mondiale, mais son mode d’être normal caractérisé désormais par la multiplication des situations d’urgence, les paradigmes du développement connaissent de profonds changements. L’ordre économique mondial a la particularité de se définir par des éléments du désordre. En d’autres termes, l’humanité entre dans l’ère des incertitudes où les modèles de croissance ne sont pas facilement lisibles, où les trajectoires de la croissance ne sont facilement visibles et où les taux de croissance ne sont pas facilement prévisibles. On peut citer à titre de preuve, la révision régulière des taux de croissance par les gouvernements nationaux et le FMI, mais aussi, le défi lancé par la récente crise financière internationale (crise des subprimes) à tous les organes du dispositif de surveillance économique internationale : gouvernements, FMI, agence de notation, conseil d’administration, normes comptables et financières, règles prudentielles, etc.
L’Algérie doit opérer dans ce nouveau contexte. Et je dois dire que pour des raisons à la fois objectives et subjectives, elle ne le connaît pas parfaitement. La longue main visible de l’Etat a soustrait les acteurs économiques à l’obligation de s’initier aux règles de la rigueur économique marchande. Mais le vieil objectif de l’Algérie reste de mise : il s’agit toujours pour elle de réduire sa dépendance à l’égard de ses ressources naturelles non renouvelables. Un tel objectif passe par un autre qui devient, dans ce cas, le moyen : la diversification économique. L’Algérie gagnerait à tracer le trajet de son futur développement et à le réviser régulièrement selon les exigences de l’économie mondiale. 
Au-delà de la nécessité de définir de façon à la fois pertinente et transparente sa nature, ses acteurs, ses marchés, ses ressources, ses moyens, son dispositif institutionnel, législatif et réglementaire, une stratégie économique nationale réactive a au moins besoin d’un observatoire de l’économie mondiale apte à orienter les acteurs économiques nationaux, selon les impératifs économiques, sociaux et écologiques du monde. Mais elle a également besoin de nombreuses valeurs morales (croyance, abnégation, modestie, écoute, responsabilité, redevabilité, etc.) que l’économisme de l’Etat conjugué à son aisance financière a longtemps ignorées au point d’en faire des éléments absorbants de l’effort de transformation économique et sociale nationale d’un demi-siècle. C’est le non-investissement ou le désinvestissement dans l’immatériel qui cause souvent la plupart des problèmes que rencontre l’investissement matériel. Il ne sert à rien d’acheter un beau violon à celui qu’on n’a pas soigné de sa surdité musicale.

-Quelle est la place de la finance dans la gouvernance mondiale aujourd’hui ? Peut-on la séparer de l’économie réelle. Quel impact a la crise d’aujourd’hui sur l’Algérie ?
-Il y a dans cette dernière question, beaucoup de questions à la fois intéressantes et difficiles ; reprenons-les dans l’ordre. La finance a, ces dernières années, un pouvoir démesuré. La preuve en est qu’elle a déstabilisé l’économie mondiale et même provoqué dans certains pays la chute des gouvernements. Elle occupe de ce fait une grande place dans le mode de fonctionnement du monde. Et à ce titre, il y a régression de la gouvernance mondiale, parce que précisément un élément donné de l’ensemble (et dans notre cas la finance) est capable de détruire l’ensemble lui-même. La gouvernance doit être exactement aux antipodes de cette situation.  Dans l’esprit des lois, Montesquieu disait : «Pour qu’on puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. Une Constitution peut être telle que personne ne sera contraint de faire les choses auxquelles la loi ne l’oblige pas et à ne point faire celle que la loi lui permet».

-Le pouvoir de la finance semble aujourd’hui supérieur au pouvoir des peuples et des Etats. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
-La crise de 2007-2008 est la plus grave crise de la mondialisation libérale. Elle intervint vingt ans après la chute du mur de Berlin, dans l’économie de marché la plus puissante du monde, les Etats-Unis, et eut, en un temps très court, un fort degré de contagion internationale. Les thèses les plus farfelues sur la crise soutenues évidemment par ceux qui n’avaient pas intérêt à disqualifier le capitalisme consistent à y voir le résultat des écarts de conduite immoraux de certains spéculateurs sans vergogne. Mais ce réductionnisme ne résiste pas un seul instant à l’analyse scientifique. Le capitalisme est trop fort pour qu’un comportement économique si immoral soit-il, d’un groupe d’hommes, si cupides soient-ils, puisse le prendre en otage.
Par contre, ce qui est vrai, c’est que la loi fondamentale du capitalisme, à savoir la loi du profit, est souvent mise à mal dans le cours de son évolution. Et les manifestations différenciées de son malaise ne changent rien à l’essence de ce diagnostic. D’autres auteurs se sont, par contre, empressés face à la crise des subprimes de signer enfin l’acte de décès du capitalisme par référence quelque peu abusive à Marx et à sa loi de la baisse tendancielle du taux de profit.  Ceux-là également se trompent, à mon avis, parce que le capitalisme a, contrairement à son ex-rival, le socialisme, une forte capacité acrobatique qui lui permet de survivre, même en reniant, pendant le temps qu’il faut, ses principes y compris ceux qui en fondent l’essence.   N’ayant aucun dogme, il peut,  lorsqu’il est mis à mal, accepter toute forme de compromis et de compromission.
L’intervention de l’Etat et la nationalisation en sont des plus  fortes. Mais tel un valeureux guerrier, il se relève toujours en n’oubliant jamais de redéfinir aux Etats leurs limites. Bien sûr que pendant la crise, le capitalisme présente un bulletin de santé morose : la faible croissance du PIB et de l’emploi, le déficit budgétaire et l’endettement sont le lot de la plupart des pays développés. Mais le capitalisme a ses protecteurs qui l’avertissent des dangers qu’il court. Certains des pays de la zone euro qui sollicitent les marchés financiers (comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne) n’ont même pas de marge de manœuvre pour accroître leur compétitivité. La dévaluation de la monnaie retenue généralement à cette fin en l’absence d’autres solutions est impossible à pratiquer pour une monnaie commune.
En même temps, la Banque centrale européenne est, contrairement aux banques centrales nationales, pratiquement interdite de relations financières avec les Etats. Il ne leur reste alors que les banques commerciales pour leur consentir des crédits à des taux nettement supérieurs à ceux qu’elles paient à la Banque centrale européenne dans le cadre de leur refinancement. Le capitalisme reprend alors toujours d’une main ce qu’il verse aux Etats de l’autre main et ses agences de notation sont là  pour l’aider à se reconstruire. Elles dégradent les notes de certains Etats qu’elles soupçonnent de pouvoir, par leur laxisme financier et budgétaire,  aggraver sa crise et poussent vers la porte des gouvernements qui ne veulent pas ou ne peuvent pas s’inscrire dans la nouvelle thérapeutique qu’il prescrit : l’austérité internationale.
L’Algérie n’est évidemment pas concernée par le volet financier de la crise. En effet, elle n’est pas financièrement intégrée à l’économie mondiale. Ses réserves sont placées pour 98% aux Etats-Unis et en Europe, en valeurs d’Etat dont l’inconvénient de comporter une faible rémunération (3%) est largement compensé par l’avantage de leur grande sécurisation. Mais l’Algérie a un mode d’insertion commerciale dans l’économie mondiale. Deux causes peuvent alors affecter la demande internationale de ses hydrocarbures : un ralentissement à la fois sévère et durable de l’activité économique de ses clients et une modification substantielle, sous la  pression des organisations écologistes du bouquet énergétique des pays développés et émergents, en faveur des énergies renouvelables.
Pour l’heure, l’Algérie a des réserves de change de plus de  trois ans d’importations de biens et services et représente le pays le moins endetté de la région MENA. Sa dette représente  2% du PIB en 2011 et devra se situer à 1,7% en 2012, contre une moyenne pour les pays exportateurs de pétrole de la région MENA de 25,5% du PIB, avec cependant des disparités entre pays : le Bahreïn 148% et le Koweït : 70%. Mais cela ne doit pas nous soustraire au devoir de la prudence.                  

Mahmoud Mamart
In El Watan, 13 février 2012

4 commentaires :

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    1. Salam alikoum

      Le docteur Boudjema est l'un de mes professeurs , c'est une personne qui m'a vraiment beaucoup appris et il a même changer ma vision vis-à-vis l'économie de notre pays et aussi à l'économie de monde . Il m'a marqué à tout jamais avec ses discours et ce que j'aime de plus en lui c'est son patriotisme. Longue vie à cette honorable personne

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  2. copain de promo lycée El-Idrissi 1973, il s'agit d'une ""grosse pointure"" doublée de beaucoup d'humilité...

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  3. Un grand homme à honorer pour sa persévérance de travail qui le procure pour son payé,

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