lundi 12 décembre 2011

Féminismes et nudisme dans le monde arabe


Par Lyes Akram

Avec les explosions fracassantes des peuples dans le monde arabe depuis janvier dernier, l’élément féminin a pu s’imposer comme acteur social majeur. L’importance qui lui est accordée est de plus en plus manifeste. Par exemple par le nombre de femmes dans la Constituante Tunisienne.  En Egypte, on voit que même les salafistes, l’élément «archi-réactionnaire» (comme le veut la qualification de Samir Amin) des sociétés arabes, ont accepté cette affirmation féminine en tentant néanmoins de la «voiler». Et l’actuelle conjoncture, à l’évidence unique, est certes celle où se débattent les questions les plus essentielles. Avec des peuples en plein éveil, les grands thèmes peuvent être éclairés conduisant ainsi, par le dialogue fécond, à l’adhésion populaire aux projets qui visent sincèrement à libérer tant l’individu que les peuples, si et seulement si les enjeux sont bien identifiés et la raison demeure maitresse.
Ainsi donc, on lit ici et là sur des initiatives, parfois louables, parfois imbéciles, de femmes voulant rappeler, chacune à sa manière, la noble cause des droits de la femme à l’ordre du jour. Mais il se trouve, malheureusement, que ce sont toujours celle qui n’ont aucun intérêt qui font le plus de bruit. Comme en Occident lorsqu’on programmait des pseudo-débats sur le voile (où on voit des questions du genre : est-il un devoir ? une obligation secondaire, superfétatoire ? un rite ?, alors que l’habit est une question personnelle et le voile n’est qu’un habit).
Puisque j’ai évoqué le voile, je dois dire qu’à en juger du voile le plus répandu aujourd’hui, je ne pense pas me tromper lorsque je qualifie sans réserve les femmes le portant de «modernistes». Qasim Amin, auteur du célèbre Tahrir El Maraa (La libération de la femme, paru en 1899 !) en serait ravi, lui qui a fait de la libération des femmes Arabes une condition sine qua non  de la «renaissance». Car la seule critique objectif que peut faire des voiles est celle qu’ils constitueraient des entraves aux femmes qui veulent prendre leur place au sein de la société (et non pas l’imbécile et débile thèse qui tend à réclamer de l’éradiquer puisque il serait l’étendard de «l’Islam politique»). Il n’est point superfétatoire de dire cela aujourd’hui et maintenant parce que c’est avec inquiétude que j’observe chez certains semi-analphabètes voulant faire du dévoilement de la femme un critère de modernité ! Que d’aucuns veulent le faire accroire comme étant leur «conception» de cette modernité est une chose, mais dire qu’il s’agit là d’un quelconque élément nécessaire pour accéder à la modernité, se dire de «gauche», constitue une toute autre chose.
La libération des femmes devient une sorte de perversion avec certains gens, américanisés à l’extrême, et incapables de saisir la réalité.
Le sommet de la dégénérescence a été atteint en Egypte avec Aliaa Magda Elmahdy qui exhibe dans son blog (Blogger «l’américain» vous avertit avant d’accéder à son blog qu’il contient un matériel explicite) quelques photos d’elle totalement nue, et, sous une mine presque timide, une paire de seins et en bas une fente, en somme un charme féminin étalé comme un échantillon d’une marchandise.
Et alors ? Son corps lui appartient, et  elle seule, et elle en fait ce qu’elle veut, diraient certains. Là n’est pas le problème et je ne peux en convenir plus. C’est bien son droit de célébrer le nudisme si elle le veut (j’aurais tout de même le droit de nommer les choses par leur noms : «nudisme», il s’agit bien de cela) mais le problème est lorsque son blog porte le titre de mudhakiratou tha’ira (mémoires d’une révolutionnaire !), ce qui indique une profonde confusion chez la belle femme. Personnellement, si je me permis de donner mon opinion – laissant mon goût esthétique à coté –, je n’arrive pas à voir le coté «révolutionnaire» dans le fait qu’une jeune femme expose ses seins et son pubis dans une photo …
Et l’affaire n’est pas à son terme (son blog est un franc succès : près de cinq millions de visiteurs uniques en un mois et demi !) puisque Aliaa Magda Elmahdy l’Egyptienne a fait des émules. Une actrice tunisienne (je ne pense pas qu’elle sera gêné si je la qualifie d’«inexplorée»), Nadia Boussetta, s’est posée pour un magazine presque nue. Puisque c’est l’effet qui compte, les journaux arabes ont comparé les deux femmes, assimilés toutes deux à des porte-paroles du féminisme par certains ou à des prostituées (’ahirate) par d’autres. Toutefois, avec l’actrice, la question est différente et ne relève pas de la confusion d’idées (le cas précédent) mais de l’aliénation culturelle. La demoiselle nous dit que son entreprise est «naturelle» (tabi’i) et ce n’est qu’une «publicité» pour son prochain film. Il devient ainsi évident que les deux cas sont différents et n’ont presque rien en commun, à part que c’est «l’audace» de la première qui a inspirée la seconde.
On voit donc que la confusion décelée chez la nudiste égyptienne est répandu parmi les médias et le public en général, car ils présentent ces deux femmes comme féministes en avant-garde du combat pour les droits des femmes.
Fort heureusement, beaucoup de femmes courageuses, certainement non moins belles que la nudiste, et totalement dévouées au combat pour la libération de la femme et contre l’archaïsme, la misogynie, le machisme, l’obscurantisme, l’arriération, etc., ne sont pas victimes de cette fausse perception de la réalité, de l’auto-illusion (je n’en doute pas un instant : Aliaa Magda Elmahdy est sincère et se croit héroïne). Je cite ici le cas très intéressant de la journaliste Rowaida Mroue, Libanaise (ses articles sur le Sahara Occidental laisse pantois, est-elle pro-Makhzen ?), et si cela vous tient elle est non-voilée, que je qualifie de rationaliste pour sa position de la manière de militer pour arracher les droits de la femme.
A en juger de son article d’hier sur El-Quds Al-Arabi (page 12), elle semble partager mon avis. Mais elle, puisque femme directement concernée, est plus ferme : «Je n’accepte pas comme beaucoup de militantes dans le monde arabe que vous réduisez notre militantisme des années durant afin d’améliorer le statu de la femme dans la société et dans les médias à cet outrageant ‘‘corps nue de femmes’’. ‘‘Nous’’, femmes Arabes, avons milité pour faire tomber des régimes et emmener des visages nouveaux dans les gouvernements et les parlements, pour changer des politiques économiques désastreuses, pour garantir la scolarité à tous et à toutes, pour une médecine de qualité pour nos sociétés… Donc, je vous prie de ne pas réduire nos combats dans la libération de la chaire et ce langage charnel, nous le refusons catégoriquement», affirme-t-elle. Quelques lignes après avoir soutenu qu’«il n’y a rien de plus sacré dans l’univers que les droits de la femme», Rowaida Mroue s’interroge : «Est-ce vraiment les hommes qui ont vu les paires de seins nues de ces femmes changeront leur vision archaïque de la femme Arabe, profondément stéréotypée ?… Est-ce que les appels au nudisme et à faire le sexe en public vont changer la réalité des jeunes filles Arabes, victimes d’harcèlements sexuels à cause de l’absence de valeurs morales dans l’esprit des hommes Arabes ? Changeront-ils la position des législateurs pour criminaliser la violence familiale, l’harcèlement sexuel, le viol des mineurs et autres aspects de la violence dont sont victimes les femmes ?…».
En conclusion, elle dénonce les médias qui se concentrent sur des futilités et ou sous-estiment ou surestiment les évènements dans le monde arabe sans aucun critère puis elle dit que : «la révolution avant de pulvériser des régimes politiques doit contenir toute femme au buste nu voulant se faire le modèle de la femme arabe en délivrant leur message à l’opinion publique, et afin que les déclarations des nudistes ne deviennent pas l’unique message (féminin) à la jeunesse arabe…».
L’article argumenté de Rowaida Mroue, et son militantisme, sont dignes d’intérêt.
Les lecteurs arabes ayant lu l’article (disponible dans mon blog) le savent, mais combien sont-ils ? Car le corps sybarite et la paire de seins nus de Aliaa Magda Elmahdy ont déjà trouvé près de cinq millions de contemplateurs.
Il est vrai que l’effet de l’image est plus puissant que celui des mots !

L. A.

1 commentaire :

  1. on ne peut pas laisser faire n'importe quoi ace genre de femmes "modernes" et comme tu le dis cela s'emplifient ,donc moi aussi je condamne le sexisme et la provocation de ces courtisanes

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