jeudi 30 juin 2011

Crimes et presse en Algérie

« Ce régime a peur de la clarté, comme les oiseaux de nuit qui ne peuvent voler que dans l’obscurité ». Mohamed Boudiaf.


Souiller ses mains en lisant un journal, cela n’est pas extraordinaire. Cependant, lire un journal « algérien » ne souillera pas les mains, mais l’esprit. Les lèches-cul pullulent dans le milieu des médias algériens. Ces Salima Tlemçani, Sofiane Ait Iflis et autres… Et ils n’ont de respect pour personne : ils n’éprouvent ni gêne ni honte à profaner jusqu’à la mémoire des morts qui se sont sacrifiés, pourtant, pour que eux, puissent aujourd’hui écrire.

Aujourd’hui, nous sommes le 30 juin 2011.
Absent ces dernier jours, j’essaye de rattraper l’actualité via les archives des journaux. Et me voilà étranglé, tailladé, déchiré par une nausée. En effet, les historiens ayant délaissé leur métier (en connaissez vous un digne qui a levé sa plume pour écrire, par exemple, sur Bouteflika ?), les « journalistes » occupent cette place. Malheureusement, ils le font maladroitement. Et, comme chaque fin du mois de juin, deux évènements tragiques d’envergure méritent commémoration. Et indignation. Et voilà les journalistes en train de nous refaire l’Histoire – autrement, bien entendu – que, toutefois, nous connaissons si bien.

Crimes et non-châtiment
Le premier, l’assassinat d’un chanteur unique comte tenu du caractère de sa production artistique (contestataire) et surtout de sa place parmi la population : une idole de la jeunesse kabyle. Matoub Lounès est assassiné le 25 juin 1998, par le pouvoir algérien, et pour cause, parait-il, mieux diviser, émietter, atomiser le peuple, et isoler la Kabylie plus que ce qu’elle ne l’est déjà, elle qui est depuis le départ du colonisateur quadrillée par les sbires de la police politique. Aux Algériens, il est vrai, manquent tout, hormis d’autres motifs de division, car le pays en est comblé, débordé. Mais venez faire comprendre cela à ces généraux, quasi-analphabètes, qui ne savent que compter les milliards de pétrodollars dont sont bourrés leurs comptes en Suisse, alors que la majorité du peuple végètent.
Le second évènement est hautement plus important : l’assassinat par le régime d’un président ! En fait, le régime algérien militaro-civile a exécuté le chef historique de la guerre de libération nationale, Mohamed Boudiaf, un fatidique 29 juin 1992, en directe sur la télévision. L’assassinat, nul n’en doute, est l’œuvre des généraux pyromanes (dont les principaux : Belkheir, Nezzar, Tewfik, Lamari, Smain, Tartag…). Colonel Samraoui, ancien responsable du DRS affirme dans son livre (chronique des années de sang) que le général Smain a rassuré ses hommes, en leur disant de ne pas paniquer, cela (l’assassinat d’un président) est arrivé même aux Américains !
Ainsi avons-nous rejoint le concert des nations !
Par humanité, il faut se rappeler qu’après l’assassinat de Boudiaf, 200 000 Algériens étaient tués dans une guerre qu’ils n’ont pas provoquée et à laquelle ils n’ont pas adhérée.

Assassinat de Boudiaf
Pourquoi Boudiaf a-t-il été liquidé ? En dehors des spéculations, les causes en sont multiples et, aujourd’hui, elles paraissent limpides. L’homme n’avait certainement pas l’intention d’être une marionnette d’une pègre auto-décorée, d’un gang sauvage. Ni d’ailleurs de cautionner, à l’hiver de sa vie, une corruption monstrueuse qui a démoli l’économie nationale, lui qui s’est tenu à l’écart dans un exil dur ; cela en dépit de la disposition du régime à lui remplir les poches, s’il était rentré (avec pour condition de ne pas se mêler de « politique »).
Cet homme-là, Tayeb El Watani, l’emblème du nationalisme algérien, n’avait assurément pas comme rêve de finir ses jours sur terre au service de ceux qui ruinaient ce pays pour la libération duquel, il a œuvré si durement. Mais Boudiaf, à son retour, s’est trouvé seul. Isolé. Dépourvu de soutien, et maintenu dans l’ignorance de certaines réalités sur les clans du régime. Et, c’est pour cela qu’il a été liquidé. C’était il y a 19 ans, à Annaba. Ses derniers mots résonnent toujours. Chaque année, en ce jour funeste, des Algériennes et des Algériens s’en rappellent, pensifs et émus. Boudiaf disait que l’Occident nous « dépasse » parce qu’il a pris le chemin de la science et du savoir. Il allait dire que l’Islam, notre Islam, n’empêche pas de suivre cette voie. Pas seulement : l’Islam, notre Islam, la cautionne, cette voie de la sagesse et du progrès. Mais il ne la pas dit. Il n’a pu poursuivre ses propos. Il était parti avant. Il avait dit : « Et l’Islam… », puis, surprit, il s’était retourné. Un bruit. Une grenade. Et un minus militaire tira dans le dos du président. Il l’a assassiné. Boudiaf n’était plus, il n’est plus. Le tueur s’appelle Lambarek Boumaarafi, jeune officier du GIS (Groupe d’Intervention Spécial). Intégré à la dernière minute, il est plus que clair que ce troufion était chargé d’une mission : liquider le président des Algériens. Il était devenu gênant, encombrant pour cette pègre au sommet de l’Etat. Un rêve était en pleine construction. Tel un château de carte, l’édifice qui allait délivrer les Algériens, amoureux de leur patrie, s’est effondré. Simplement. Et, surtout, Impunément. Qui a bénéficié le plus de cet assassinat ? Le doute n’est point permis : les généraux. N’ont-ils pas gouverné le pays à leur guise, durant près d’une décade après cet assassinat. Boudiaf, n’a-t-il pas entrepris des enquêtes sur leurs comptes ?
Puis, avec Bouteflika, leur choix, y’a-t-il plus grave pour cette Algérie, si l'on veut parler d'aujourd'hui et des conséquences de cet assassinat ?...

Presse de…
Le 29 juin, Sofiane Ait Iflis, dans un article au Soir d’Algérie intitulé « Boudiaf, 19 ans déjà », évite carrément d’évoquer les commanditaires du meurtre. Le journaliste ne pose même pas la question, comme le fait non sans une remarquable audace Chawki Amari. Mais, parait-il, il n’y a qu’un seul Chawki Amari. Ainsi donc, S. Ait Iflis, lui, n’est pas de la trempe du chroniqueur du Point Zéro. Son article se réduit à un simple constat sur l’actualité et la décade infernale (l’islamisme). Avec ces journalistes, on apprend toujours. Ecrire un article en hommage à un assassiné sans évoquer, ni par des questions, ni par allusion, les circonstances et ce qui entoure l’assassinat !
Le 25 juin déjà, la fameuse et hideuse plumitive du DRS alias Salima Tlemçani, de son vrai nom Zineb Oubouchou, dont les articles enlaidissent les pages d’El Watan qui ne contiennent pas – Les pages – que du mauvais, sans étonner personne, nous a livré, noir sur blanc, « un scoop ». Selon cette dame-là, c’est décidément Hassan Hattab qui est derrière l’assassinat de Kasdi Merbah (l’ancien patron de la sinistre SM, la police politique, était liquidé en vérité par ses anciens sbires, devenu généraux et lui « civil ») et de Matoub Lounès. La femme informe son lectorat : « L’assassinat du chanteur Matoub Lounès est l’oeuvre de Hassan Hattab. C’est lui qui l’a organisé et participé à son exécution, et ce, en application de la fetwa émise par Abou Mossaâb Dichou. Celle-ci condamnait à mort Matoub pour les propos qu’il tenait au sujet des terroristes. Il a revendiqué l’attentat, mais la réaction de la population lui a fait peur au point d’être allé voir la mère de Matoub, pour lui dire que le GSPC n’avait rien à voir avec le crime. C’est ce qui l’a poussé à rendre public un autre communiqué, qui a suscité la colère au sein de son organisation. Hassan Hattab a pris également part à l’embuscade ayant visé Kasdi Merbah, en août 1993, le tuant sur le coup, avec son fils Hakim âgé de 25 ans, son chauffeur, Hachemi Aït Mekidèche, son frère, Abdelaziz Khalef, et son garde du corps, Abdelaziz Nasri. » Telle est la méthode de notre brave journaliste investigatrice, elle fournit moult détails. Rien ne lui échappe. Sauf une carrière à la Nasa, peut-être, compte tenu de cette spectaculaire intelligence.
Pourquoi alors la justice algérienne n’a pas agit en conséquence de cela, les mains du terroriste étant tacheté de sang ? Pour la même raison que Boumaarafi reste encore à ce jour vivant alors que la « justice » algérienne l’a reconnu coupable et l’a condamné à mort. L’opacité entoure tout ce qui est politique, comme ces assassinats. En définitive, « ce régime a peur de la clarté, comme les oiseaux de nuit qui ne volent que dans l’obscurité ».

Vérité ?
Le 27 juin, le neveu de Kasdi Mebah réagit à notre docte journaliste : « (…) le citoyen algérien lambda, aguerri par tant d'années de feu et de sang, est devenu définitivement réfractaire à ce genre de désinformation et de manipulation. Qui pourrait encore ignorer que Kasdi Merbah a été ‘‘liquidé’’ par un clan du pouvoir, hostile à sa démarche de réconciliation nationale initiée dès le 12 juillet 1993, à travers son fameux appel lancé à l'ensemble des forces vives de la nation ? » (1) Cette explication se tient, contrairement au venin préparé par le DRS et distribué sous l’étiquette S.T. Et cette hypothèse est d’autant plus vraisemblable que l’Histoire sauvegardera la décade infernale comme une période d’éradication (le contraire de la réconciliation). Un autre témoignage encore, le MAOL (2), dans un long et explicatif article intitulé « Opération virus » le Mouvement Algérien des Officiers Libres affirme qu’il y eut un refus de la part de Merbah d’abdiquer, de se retirer du champ politique en refusant un poste à l’étranger, quelques mois après l’assassinat par les généraux du président Boudiaf. L’offre s’est faite à travers Smain Lamari, de la part de Larbi Belkheir. Par conséquent, après une réunion des généraux et après une suite d’assassinats d’amis et proches de Merbah, ce fut son tour.
Si le(s) récit(s) du MAOL ne sont pas parfaits, ils méritent un intérêt.
Le MAOL a publié pour chacun des assassinats qu’on commémore chaque juin, un article rempli de détails. Et vous pouvez deviner qui est mis en cause.
Malgré toute la compagne médiatique diabolique que mène sa presse lorsque le DRS prend position, voile une vérité, l’altère, dénigre une personnalité banni dans une guerre de clans, isole des militants, ou défend un choix pervers, il n’en demeure pas moins que, le plus souvent, les Algériens, par intuition, savent qui a ruiné ce pays.
Ce sont « eux »…
Un Algérien pourrait par malheur penser que les temps ont changé, et l’Algérie aussi. Il n’a qu’à attendre les suites de l’affaire Mustapha Dial, assassiné par des militaires avec préméditation et par plusieurs balles, au début blessé, poursuivi, puis achevé, dans une expédition punitive digne des espaces de non-Etat, il y a quelques jours seulement. L’impunité est de facto…

Par Lyes Akram

Notes :
2)- Site du Mouvement Algérien des Officiers Libres : 
http://anp.org/

1 commentaire :

  1. mohamed boudiaf rahimah Allah. une erreur fatale qu´il a commis a la fin de sa vie et d´avoir cru a ces léopards (DAF)qui lui ont fait croire qu´il était le général de Gaulle sauveur de l´algerie et accepte leur offre qu´il a pourtant refusé en 1962, et qui pu instaurer une démocratie qu´il tant désiré. qadar alih Allah. boudiaf était de hors de lui lorsqu´il appris l´assassinat de son plus prôche collaborateur et homme de confiance par les DAF le colonel mourad, il finit par comprendre a qui l´avait affaire, ce qui décida a laisser tomber ce poste maudit et a rentrer chez lui au maroc sans dire a personne, ce fut la premiére fois qu´un président algerien abandonne son poste au milieu de la nuit. rahimah Allah wa Allah yarham chouhada. abdelkader.

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